Crânes d'animaux, racines et fleurs séchées: des artistes réutilisent les matières végétales et animales pour créer des pièces uniques
Natalie Sicard
À la fonte des neiges, les arbres se départissent de leurs écorces, et les bouts de bois, les branches, les plumes et les petites bêtes mortes, jusqu’ici congelées, parsèment les sous-bois.
C’est la période idéale pour certains artistes, qui peuvent alors récolter ces matières naturelles et leur redonner vie, une fois à l’atelier, dans des créations artistiques qui se révèlent un vibrant hommage à la nature.
La Fabrique Paparmane
Des crânes d’animaux sublimés de couleurs vives
Des crânes de coyotes, de cerfs, de castors, de pékans, de caribous, de dindes sauvages... C’est le genre de matières premières que l’on retrouve dans l’atelier de l’artiste Amélie Roberge derrière la Fabrique Paparmane. Elle a toujours un stock de 30 crânes prêts à être utilisés, décorés, peints selon son inspiration ou pour une commande spécialisée.

Comme elle habite en pleine campagne, à Tingwick, dans le Centre-du-Québec, elle en trouve elle-même dans les bois, mais ce sont surtout les chasseurs et les trappeurs du coin qui viennent lui en porter. Et ce qu’ils lui apportent c’est... la tête au complet!
Lors de son cours pour devenir enseignante à l’Université, un naturaliste était venu leur faire une démonstration de comment préparer un crâne d’animal pour un spécimen à montrer en classe : la dentition, la morphologie, etc. Elle a été aussitôt fascinée ! Elle a utilisé cette méthode lors de ses années d’enseignement au primaire. Elle l’applique aujourd’hui pour la réalisation de ses créations qui l’occupe à temps plein depuis 2016.

C’est l’été, à l’extérieur, qu’elle prépare ses crânes en les faisant bouillir dans une grosse marmite. «Mes enfants en parlent comme de la journée de la sorcière!» Elle les peint par la suite avec des motifs aux couleurs vives. Il en résulte de vibrantes œuvres d’art et c’est pour l’artiste «une façon de rendre hommage et d’honorer la mémoire de ces animaux majestueux, en quelque sorte immortaliser leur vie.»
Outre ses œuvres en vente via sa boutique Etsy, on peut voir 10 de ses créations exposées à la Microbrasserie Wick Station, à Warwick.
https://www.fabriquepaparmane.ca/
Sandra Veillette
De délicates sculptures

Scruter les sols, jouer avec la pyrite, les plumes et les graminées: le terrain de jeu des explorations enfantines de l’artiste Sandra Veillette résonne encore aujourd’hui dans sa démarche artistique.
Ayant vécu une enfance passée au cœur des grands espaces de l’Abitibi, la nature lui a été et est toujours une grande source d’inspiration, et représente un grand laboratoire pour ses créations et ses sculptures singulières, construites à partir de crânes ou d’ossements d’animaux, de racines ou de fleurs séchées.

Un squelette de poisson poli par l’eau et le sable deviendra le corps de l’une de ses «Dames nature», un nid de guêpes l’habillera, un balai de sorcière la coiffera. Des ailes de papillons prendront l’allure d’une danseuse. Elle se laisse guider par ce que lui inspirent les nombreux éléments du monde animal, végétal ou minéral, qu’elle cueille lors de ses promenades. Avec la minutie d’un orfèvre, elle les assemble pour dessiner dans l’espace des personnages empreints de délicatesse et de poésie.
La matière inerte se laisse ainsi observer sous un angle nouveau, révélant une beauté insoupçonnée. Si on prend le temps de la regarder, on réalise, selon l’artiste, «l’infinie richesse que la nature a à nous offrir. La nature, elle-même, est artiste. Je ne fais que la sublimer».
On peut voir les œuvres de Sandra Ouellette dans plusieurs galeries, de Magog à Québec, et elle participe à de nombreuses expositions. On se tient au courant en visitant son site internet.