COVID et emplois: tout un écart avec nos voisins


Michel Girard
Dans le cadre de la cinquième vague de la pandémie, les Canadiens et les Américains ont opté pour deux stratégies écosanitaires différentes.
Alors que les Canadiens devaient respecter plein de mesures sanitaires pour combattre le variant Omicron, les Américains, eux, lui faisaient quasiment un pied de nez avec peu de mesures sanitaires contraignantes.
Résultat : pendant que les États-Unis créaient en janvier 467 000 emplois, le Canada, lui, en perdait quelque 200 000. Les deux provinces les plus touchées sont le Québec et l’Ontario.
Nous, au Québec, on a enregistré une perte de 63 000 emplois, dont 36 400 emplois à temps plein et 26 600 à temps partiel. En Ontario, la situation s’est détériorée davantage avec une diminution de 145 700 emplois, dont 41 700 à temps plein et 104 000 à temps partiel.
À sa face même, on se rend bien compte que le rétablissement des mesures de confinement a pesé lourd sur notre marché du travail, plus particulièrement en Ontario et au Québec.
DOMMAGES COVID-19
La grande question : la réintroduction de mesures de confinement plus sévères au Canada qu’aux États-Unis a-t-elle au moins permis aux Canadiens de mieux s’en tirer que les Américains dans la lutte à la vague d’Omicron ?
Selon le dernier relevé « COVID-19 Suivi quotidien » de la Financière Banque Nationale, lors des 28 derniers jours, les nouveaux cas quotidiens moyens par million d’habitants s’élevaient à 1881,6 aux États-Unis, à comparer à 634,2 au Canada. On parle donc ici de trois fois plus de cas aux États-Unis, selon les données tirées de l’Université John Hopkins.
Maintenant, regardons ce qui s’est passé au chapitre des décès liés à la COVID-19 pendant cette même dernière période de 28 jours. Les États-Unis ont déclaré 6,5 cas par million d’habitants alors qu’au Canada on a relevé une moyenne quotidienne de 3,6 décès.
Encore là, net avantage du Canada sur les États-Unis. Et en passant, au chapitre des décès liés à la COVID, le portrait laisse peu de place à interprétation.
À sa face même, les chiffres précédents laissent clairement entendre que la sévérité plus grande des mesures sanitaires au Canada qu’aux États-Unis a porté ses fruits. Au niveau sanitaire, s’entend.
MAIS...
Malheureusement, au chapitre des nouveaux décès quotidiens par million d’habitants, le Québec continue de « dominer » la scène canadienne avec 6,4 cas quotidiens lors des 28 derniers jours.
C’est donc autant ou presque que la moyenne aux États-Unis où les mesures de confinement ne se comparent pas avec celles mises en place par le gouvernement de François Legault.
À titre de comparaison canadienne, l’Ontario affiche seulement 1,9 cas quotidien de décès par million d’habitants, soit trois fois moins qu’au Québec.
PLUS DE MALADES
Au Canada en janvier, une proportion record d’employés se sont absentés en raison d’une maladie ou d’une incapacité.
La cause ? C’est, bien entendu, le variant Omicron de la COVID-19 qui s’est propagé dans l’ensemble du pays.
En janvier, 1 employé sur 10 (10,0 %) était absent de son emploi (pour cause de maladie ou incapacité) lors de la semaine de référence de janvier où Statistique Canada récoltait les données de l’emploi.
« Avant janvier 2022, explique Statistique Canada, le plus haut niveau d’absences en raison d’une maladie ou d’une incapacité (8,1 %) jamais atteint avait été enregistré en mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19 (données non désaisonnalisées). »
Les secteurs où le taux d’absence pour maladie ou incapacité en janvier a bondi le plus par rapport à leur niveau habituel des années précédentes sont :
- Hébergement et restauration : 10,2 %
- Commerce de détail : 11,7 %
- Soins de santé et assistance sociale : 13,3 %
À l’exception des services d’enseignement, des administrations publiques et des services publics, où les absences étaient légèrement inférieures à leurs niveaux habituels, tous les autres secteurs affichaient des absences en raison d’une maladie ou d’une incapacité plus élevée que la moyenne.
LE PRIVÉ DUREMENT TOUCHÉ
Tous les emplois perdus en janvier l’ont été dans le secteur privé, soit 206 000 dans l’ensemble du Canada.
Au Québec, alors que le secteur public grossissait ses rangs de 27 400 employés, il se perdait 87 600 emplois dans le secteur privé. À cela, il faut ajouter le recul de 2800 emplois à titre de travailleurs autonomes.
Soulignons, en terminant, que le taux de chômage au Québec, 5,4 %, reste parmi les plus bas au pays. Seuls le Manitoba et la Colombie-Britannique font mieux que le Québec avec 5,1 %.
UN MOIS DE JANVIER PÉNIBLE SUR LE MARCHÉ DE L’EMPLOI AU QUÉBEC
Principaux indicateurs (Janvier 2022)
Emploi - 63 000
Hommes - 42 000
Femmes - 21 000
15 à 24 ans - 40 800
25 à 54 ans - 36 700
55 ans et plus + 14 600
Emploi à temps plein - 36 400
Emploi à temps partiel - 26 600
Secteur privé - 87 600
Travailleurs autonomes - 2 800
Secteur public + 27 400
Chômeurs + 31 700
Taux de chômage 5,4 %
De lourdes pertes dans certains secteurs
Hébergement et restauration : - 37 000
Services aux entreprises : - 12 800
Services professionnels et techniques : - 12 000
Commerce : - 9 700
Transport et entreposage : - 4 700
Finances, assurances, immobilier : - 5 500
Information, culture, loisirs : - 4 000