Cours d’été: pourquoi limiter les chances de réussite à 180 jours par année?

Marie-Claude Harnois, Directrice générale et pédagogue chez ÉtudeSecours
L’an dernier, des milliers d’élèves du secondaire ont eu droit à un souffle de plus pour avancer. Grâce à un programme exceptionnel, mis en place tardivement mais efficacement par le gouvernement, les cours d’été sont devenus gratuits pour les élèves de 4e et 5e secondaires dans les matières visées par une épreuve ministérielle.
Pour plusieurs jeunes, cette mesure a été déterminante. Elle a permis à certains de reprendre une épreuve, à d’autres de solidifier leurs acquis ou de valider leur passage au cégep.
Dans notre école en ligne, plus de 2200 élèves ont suivi un cours à l’été 2024. Parmi les 400 élèves de 4e et 5e secondaires ayant profité de la gratuité, plus de 80% ont réussi leur épreuve ministérielle. Ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont des trajectoires scolaires qui se poursuivent. Des portes qui ne se ferment pas.
Bons résultats
Aujourd’hui, le gouvernement choisit de ne pas reconduire cette mesure. Elle est qualifiée d’exceptionnelle, comme si elle n’avait de pertinence que dans un contexte de rattrapage post-négociations des conventions collectives.
Mais l’enjeu est ailleurs. Il ne s’agit pas seulement de corriger des effets de crise. Il s’agit d’élargir notre compréhension de la réussite scolaire. Tous les élèves ne suivent pas le même rythme ni le même parcours. Certains ont besoin de plus de temps, d’une deuxième chance ou simplement d’une option compatible avec leur réalité. Et ça fonctionne: les résultats le montrent.
Investissement
Alors, pourquoi tourner le dos à une mesure qui a clairement porté ses fruits?
Sur un budget de 23,5 G$, la reconduction d’un programme à 36 M$ – soit moins de 0,2% – ne devrait pas être perçue comme un luxe, mais comme un investissement dans la réussite.
Ce n’est pas une dépense. C’est une opportunité.
Celle pour le gouvernement de démontrer qu’il sait reconnaître ce qui fonctionne, répondre aux besoins réels et faire preuve de pertinence dans un système en transformation. Une décision cohérente avec les ambitions d’un Québec qui veut faire réussir sa jeunesse – et bâtir une société à sa hauteur.
Monsieur le ministre Drainville, pourquoi revenir en arrière, quand on vient de prouver qu’on peut faire avancer le Québec?
Marie-Claude Harnois
Directrice générale et pédagogue chez ÉtudeSecours, école secondaire en ligne accréditée par le ministère de l’Éducation du Québec