Courants d'air, coûts de chauffage, moisissure: voici tout ce que vous devez savoir pour régler les problème d'une maison mal isolée
Les filles de la construction
Dès que la température descend et que les coûts de chauffage commencent à augmenter, on pense à un élément qu’on a tendance à oublier l’été: l’isolation.
L’isolation est un élément extrêmement important dans la conception et la rénovation des maisons parce que ça affecte l’efficacité énergétique de la maison et notre facture d’Hydro, mais aussi parce que ça peut avoir un impact sur la durabilité de notre maison et notre santé.
C’est donc primordial de bien comprendre comment fonctionne l’isolation, et l’architecte Paula Garza nous recommande de bien évaluer les avantages et inconvénients de chaque option avant d’entreprendre un projet d’isolation.
C’est toujours un projet coûteux et invasif, alors vous voudrez aussi considérer des techniques pour diminuer le coût du chauffage sans isoler avant de vous lancer.

Comment diminuer le coût du chauffage sans isoler
Un projet d’isolation est toujours dispendieux, très invasif et a un impact environnemental important. Parfois, isoler sa maison est nécessaire, mais il y a plusieurs choses qu’on peut faire qui ont un gros impact sur les factures d’électricité, pour une fraction du coût.
Installer une thermopompe et des thermostats programmables
La thermopompe est un système de chauffage et de climatisation très efficace qui utilise l’air extérieur pour chauffer la maison l’hiver et la rafraîchir l’été. C’est généralement plus efficace énergétiquement que des plinthes électriques et ça pourrait permettre dans certains cas de couper les factures d’électricité en deux.
Les économies d’électricité qu’on peut faire en installant des thermostats programmables sont impressionnantes aussi : en programmant une température plus basse la nuit et lorsqu’on n’est pas à la maison, on réduit considérablement notre consommation d’électricité sans sacrifier notre confort.
Améliorer l’étanchéité
Finalement, dans la plupart des maisons, une grande partie des pertes de chaleur provient de fuites dans les murs, les planchers et le toit. Régler le problème est simple et ne coûte presque rien... Mais ça prend un peu de temps.
Il faut inspecter notre maison à la recherche de zones vulnérables et appliquer du calfeutrage ou des bandes d’étanchéité pour sceller les ouvertures.
Les endroits clés à regarder? Les contours des portes et fenêtres, les bas des moulures et les prises électriques.

Tout savoir sur l’isolation
1. Pour calculer l’isolation, on additionne la valeur R de chaque élément
La première chose qu’on doit savoir pour être capable de bien considérer ses options d’isolation, c’est que pour calculer l’isolation d’un mur, on additionne la valeur R de tous les éléments du mur: les couches d’isolants, les pare-vapeur, les revêtements et même les couches d’air!
La valeur R, c’est quoi?
C’est la résistance thermique de chaque matériau. En gros, ça mesure leur capacité à résister aux changements de température. Plus la valeur R est élevée, plus la chaleur prend du temps à s’échapper à travers le matériau et plus l’isolation est haute. Et selon notre région, le code du bâtiment nous demande de dépasser une valeur R lorsqu’on construit ou qu’on rénove.

2. Du moment où l’on commence à vouloir retenir la chaleur, on peut retenir l’humidité à l’intérieur
On voit généralement l’amélioration de l’isolation comme quelque chose qui a juste du positif, mais en augmentant l’isolation, on retient souvent l’humidité, ce qui peut créer des problèmes plus graves que ceux qu’on voulait régler au départ.
L’architecte Paula Garza nous explique qu’on doit à tout prix éviter que le point de rosée se forme à l’intérieur des murs.
Le point de rosée, c’est quoi?
C’est la température à laquelle l’air devient saturé d’humidité et commence à libérer cette humidité sous forme de condensation.
Quand ça se produit à l’intérieur des murs, ça peut entraîner des problèmes de moisissure, la perte d’efficacité de l’isolant et même des dommages structurels.
Un des professionnels qui se spécialisent dans les compositions de murs est l’architecte, et lorsqu’on modifie l’isolation d’une maison existante, il est vivement recommandé de faire appel à lui pour éviter des erreurs qui pourraient avoir un impact majeur sur l’intégrité et la durabilité de votre maison.
Consulter un architecte de façon ponctuelle, c’est possible?
Maintenant, oui ! Avoir un architecte pour répondre à nos questions et nous aider à prendre des décisions stratégiques peut faire une immense différence sur la valeur d’une maison à long terme, et l’architecte Paula Garza voulait rendre l’accès à tous – pas uniquement à ceux qui ont les moyens de faire de gros projets de transformation et d’être accompagnés par un architecte à toutes les étapes. Elle a donc commencé à offrir des coachings de 30 minutes par visioconférence sur le site des Filles de la construction pour soutenir ceux qui ont besoin d’aide ponctuellement. Pendant ces coachings en ligne, elle peut : aider à chercher des solutions à des problématiques, discuter de la pertinence d’avoir un architecte dans le projet, discuter des étapes du projet et vous informer des règlements en vigueur.

3. L’impact environnemental de l’isolation est élevé
On pense généralement que l’isolation a un impact environnemental positif en réduisant la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, mais il faut évaluer les pour et les contre.
L’architecte Paula Garza explique qu’en considérant l’extraction des matières premières, la transformation en matériaux d’isolation, le transport, les travaux de construction qu’isoler implique et la disposition en fin de vie de l’isolant, dans certains cas, le bilan environnemental est même meilleur si l’on ne fait rien du tout. Ça va dépendre de l’efficacité énergétique actuelle du bâtiment et de notre choix d’isolant.
Dans ce contexte-là, trouver la bonne solution d’isolation pour sa maison est un équilibre délicat entre l’efficacité énergétique de l’isolation et son impact environnemental global.
Les différents choix d'isolants
La laine minérale
L’isolant classique, la «laine rose» est facile à installer et est relativement abordable. C’est un bon isolant thermique qui résiste au feu et son impact environnemental est plus faible que la laine de roche, certains panneaux rigides ou l’uréthane giclé.
Son inconvénient: elle est très sensible à l’humidité et peut perdre son efficacité si elle est exposée. C’est important de bien faire son installation pour éviter les ponts thermiques.

La laine de roche
Similaire à la laine minérale, la laine de roche qu’on retrouve sous la marque Roxul au Québec --- a une meilleure résistance au feu et à l’humidité.
Certains produits, comme la Roxul «Safe n Sound», comportent du sable, ce qui leur donne des propriétés insonorisantes également.
Son inconvénient? C’est plus dispendieux que la «laine rose» et l’impact environnemental de son extraction est plus important aussi.


Les panneaux rigides
Les panneaux rigides, tels que la mousse rigide de polystyrène extrudé (XPS) ou de polyuréthane (PUR), offrent une excellente résistance thermique malgré leur petite épaisseur. Ils sont légers, faciles à manipuler et à découper et ils sont résistants à l’humidité.
Cela dit, ils sont plus coûteux que la laine minérale et leur impact environnemental est élevé.
Autre point important: ils émettent des vapeurs très toxiques et sont dangereux s’ils ne sont pas recouverts de gypse.

La cellulose giclée
La cellulose giclée – aussi appelée laine soufflée – est souvent utilisée dans les plafonds et les entretoits puisqu’elle a quatre grandes qualités: elle est abordable et rapide d’installation, son impact environnemental est beaucoup plus faible que les autres isolants traditionnels et lorsqu’elle est installée à une certaine densité, c’est le meilleur isolant pour insonoriser. (La densité est très importante pour l’insonorisation!)
Son désavantage? La cellulose giclée peut s’affaisser et ce n’est donc pas recommandé pour les murs.
L’uréthane
Très populaire dans les dernières années, l’uréthane giclé a souvent été qualifié de la «meilleure option d’isolation» puisque sa valeur R par pouce est la plus élevée, qu’il est très résistant à l’humidité et que le produit peut être appliqué de façon uniforme sans laisser des discontinuités.
Il faut toutefois très bien s’informer lorsqu’on considère mettre ce produit dans notre maison, parce qu’appliquer 2 po ou plus d’uréthane fait que le produit devient pare-vapeur en plus d’être isolant.
Ça change complètement la façon de fonctionner de la maison et peut créer des problèmes d’humidité et de moisissure.
À cause de ça, l’uréthane ne devrait jamais être utilisé sur de vieilles fondations (avant 1960) et ne devrait pas être utilisé sur du carré de bois ou dans un entretoit si ça n’a pas été expressément approuvé par un architecte.
L’uréthane est également le matériau d’isolation avec l’impact environnemental le plus néfaste, entre autres parce que tous les produits qui le touchent ne peuvent plus être recyclés. Comme les panneaux rigides, l’uréthane émet des vapeurs hautement toxiques et est dangereux s’il n’est pas recouvert de gypse.

Le chanvre
Une solution de rechange aux isolants traditionnels, les isolants à base de chanvre qui font de plus en plus d’adeptes au Québec parce qu’ils permettent aux maisons de continuer à respirer tout en les rendant moins perméables aux changements de chaleur. C’est aussi l’option d’isolation qui a la plus petite empreinte environnementale sur le marché à l’heure actuelle. Le fondateur de Gabriel Construction Chanvre et de l’entreprise de distribution de chanvre Artcan explique que les murs de chanvre agissent comme une masse thermique et contrôlent l’humidité, ce qui diminue les besoins de chauffage et de climatisation.
Quand on compare produit pour produit, le chanvre semble plus cher que les autres isolants, mais si on évalue la composante complète de chaque mur, le prix total peut s’apparenter au prix des murs faits avec des isolants traditionnels. Est-ce le futur de l’isolation au Québec? L’architecte Paula Garza est impressionnée par les performances du produit et elle ne serait pas étonnée que ce soit le futur de l’isolation au Québec. Elle mentionne toutefois que l’isolant a des particularités d’installation et que les entrepreneurs n’ont pas encore l’habitude de travailler avec le chanvre. Puisque plusieurs entreprises de chanvre sont encore jeunes, on doit aussi rester vigilants quant à leur fiabilité pour les garanties.

