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L'article provient de TVA Nouvelles

Coupures en éducation: 4000 élèves et parents pourraient perdre l'accès aux ressources du communautaire

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Mélanie Marsolais, Directrice générale, ROCLD

2025-09-24T04:00:00Z
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Madame la nouvelle ministre de l’Éducation, Sonia Lebel, en cette rentrée scolaire sous le signe de l’incertitude pour les élèves, les parents, les équipes-écoles et les organismes communautaires, votre tâche est immense. Heureusement, les solutions sont évidentes. Il faut réinvestir en éducation pour réparer le filet scolaire.

Aujourd’hui, c’est la Journée du Refus de l’Échec scolaire. Alors que le décompte annuel des élèves approche, les organismes communautaires de lutte au décrochage dénoncent le climat d’austérité imposé au réseau de l’éducation québécois qui mine les chances de réussite des jeunes en difficulté.

Malgré la hausse du décrochage recensée depuis la pandémie (15,1% en 2023 vs 13,5% en 2020), le gouvernement de la CAQ demande des compressions budgétaires aux écoles du Québec. Des choix douloureux sont demandés aux directions d’écoles, certaines ont fait le choix crève-cœur de mettre fin à des ententes de collaboration avec des organismes communautaires, alors que d’autres ne savent toujours pas si elles pourront les poursuivre et ne donnent toujours pas de réponse, même un mois après la rentrée scolaire. Au moins 15 organismes communautaires de lutte au décrochage à travers la province sont contraints de mettre en pause des programmes de soutien scolaire et craignent de devoir licencier des intervenants. En conséquence : le filet scolaire s’effrite autour des écoles.

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Il n’y a pas de pénurie de solutions...

L’égalité des chances en éducation était l’un des principes fondateurs de l’école publique au Québec. C’est justement parce que tous les jeunes n’arrivent pas égaux à l’école que ce principe est essentiel. Pour certains jeunes, le cadre institutionnel scolaire ne peut répondre à leurs besoins spécifiques. C’est pourquoi la collaboration avec les organismes communautaires est aussi importante. Quand ça ne va plus à l’école, les jeunes et leur famille peuvent y trouver un milieu de vie et des ressources adaptées.

Malheureusement, tout comme les ressources scolaires, les ressources communautaires sont surchargées. Avec le régime minceur imposé au système scolaire depuis des années, de plus en plus de jeunes et de parents viennent cogner aux portes des organismes communautaires à la recherche de soutien et d’écoute. C’est cette collaboration école-famille-communauté, bâtie depuis des années, qui est mise à risque en ce moment.

Il n’y a pas de pénurie de solutions...

Pourtant, les écoles du Québec sont remplies de personnes compétentes et volontaires qui consacrent leur carrière au développement éducatif des élèves. Des enseignantes aux psychoéducateurs, des orthopédagogues aux secrétaires de niveau, toutes ces professions sont essentielles dans une école pour soutenir les jeunes. Dans les organismes communautaires, toute une équipe de travailleurs qualifiés et dédiés s’implique auprès des jeunes et des familles les plus en difficulté. Alors où est le problème ?

Les solutions à échelle humaine en éducation, elles existent déjà. Il faut que le gouvernement soit à l’écoute des équipes-écoles qui décrivent leurs conditions, des jeunes lorsqu’ils prennent la parole et de leurs familles, qui font de leur mieux.

Dans les organismes communautaires, on a la chance de pouvoir prendre le temps. Les groupes sont plus petits, les intervenants sont indépendants du réseau scolaire et le lien de confiance peut se construire à neuf avec les jeunes et leurs parents. Ce sont des milieux inestimables, qui sont reconnus par le ministère de l’Éducation et collaborent avec les écoles depuis des décennies.

Mais il n’y a pas de coupes sans pertes

À l’heure actuelle, près de 4000 jeunes et leurs parents perdront l’accès à des programmes de soutien scolaire en milieu communautaire cette année. Après le premier bulletin, quand les difficultés seront criantes et que des milliers de parents chercheront de l’aide, pour cette cohorte il sera trop tard pour réparer le trou de ressources laissé par les coupes de Drainville.

Madame la ministre, il faut agir maintenant.

Mélanie Marsolais

Directrice générale

Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage (ROCLD)

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