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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Coupe du monde: le pays de Galles brise le rêve ukrainien

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2022-06-05T20:34:31Z
2022-06-06T00:29:34Z
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CARDIFF | Le rêve aura été aussi fou que la fin est cruelle pour l’Ukraine, battue (1-0) sur un but contre son camp par le pays de Galles, dimanche, en finale du barrage pour le Mondial 2022.

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Portés par tout un peuple, mais aussi par l’immense élan de sympathie international pour un pays qui souffre depuis plus de trois mois des destructions et des morts causés par l’invasion russe, les bleu et jaune ne verront pas le Qatar.

Au contraire du pays de Galles qui, une fois passé l’hymne adverse respecté et applaudi comme jamais, n’a pas perdu de vue l’enjeu sportif et son objectif de décrocher sa place au Mondial pour la première fois depuis 1958.

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Et il n’a pas déjoué contrairement à l’Écosse, battue (3-1) il y a quatre jours chez elle par l’Ukraine, en demi-finale de barrage.

«Il y avait beaucoup d’émotions dans ce match, mais on a fait face brillamment. Chaque défi qu’ils nous ont lancé, on a réussi à le relever», s’est félicité après le match le défenseur Ben Davies, au micro de Sky Sports.

Sous un temps typiquement britannique, les hommes d’Oleksandr Petrakov ont pourtant livré une prestation qui a prouvé qu’ils auraient eu leur place à la Coupe du monde.

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Galvanisés par un drapeau signé par des soldats du front accroché au mur de leur vestiaire, ils ont mis tous les ingrédients pour remporter ce match: envie, combat, technique, tactique. Tous sauf un: le réalisme. «Je pense qu’on a fait tout ce qu’on pouvait mais (...) on est désolé de ne pas avoir marqué (...), cela a été le plus gros obstacle», a admis Petrakov en conférence de presse.

Quelques décisions arbitrales, comme le but refusé à Oleksandr Zinchenko sur un coup franc tiré trop rapidement (3e) ou un pénalty refusé à Andryi Yarmolenko (40e), ont pesé lourd.

Mais les Ukrainiens regretteront surtout les occasions ratées face à un Wayne Hennessey, dernier rempart gallois qui aura indéniablement été le héros des siens, malgré des interventions pas toujours très académiques.

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«On a tout donné sur le terrain et le gardien du pays de Galles a fait un boulot incroyable. Il est définitivement l’homme du match avec ses arrêts incroyables», a d’ailleurs reconnu Zinchenko.

Sur une erreur d’alignement galloise, Roman Yaremchuk s’était ainsi présenté face au gardien, mais sa frappe a été bloquée en deux temps (12e).

Hennessey a aussi difficilement repoussé une frappe de Zinchenko (40e) avant d’avoir un réflexe du pied incroyable pour repousser une déviation de Viktor Tsygankov aux six mètres, Yaremchuk, bien placé pour reprendre, n’arrivant pas à la mettre au fond (55e).

Le miracle d’Hennessey

Quelques minutes plus tard, c’est le défenseur de Tottenham, Ben Davies, qui a été l’auteur d’un sauvetage héroïque devant Yarmolenko (59e).

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Et que dire de l’arrêt miraculeux sur sa ligne d’Hennessey sur une tête puissante d’Artem Dovbyk que tout le stade voyait au fond (84e)!

Le fait que le but encaissé l’ait été sur une déviation de la tête de Yarmolenko qui a pris Georgi Buschchan à contre-pied, à la suite d’un coup franc tiré par Gareth Bale (1-0, 34e), ne rendra que plus amère encore la défaite.

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Mais dans une seconde période très ouverte et animée, les Gallois auraient aussi pu tuer le suspense bien plus tôt.

Aaron Ramsey, seul à sept mètres du but, a ainsi trop ouvert son pied et raté le cadre (48e).

Dan James a vu sa reprise dans la surface contrée in extremis (62e), le poteau a repoussé une reprise de volée de Brennan Johnson (75e), puis Bale, idéalement servi au deuxième poteau, a trouvé les gants de Buschchan (76e).

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Au coup de sifflet final, les larmes des joueurs ukrainiens, qui ont rendu hommage à leurs partisans présents dans les tribunes du Cardiff City Stadium, ont évidemment contrasté avec la joie des Gallois, qui ont mis fin à 64 ans d’attente, eux qui n’avaient dans le stock de leur mémoire qu’une seule participation en Coupe du monde, en 1958 en Suède.

«C’est le plus grand résultat de l’histoire du football gallois», s’est enthousiasmé au micro de Sky Sports Gareth Bale, qui compte deux Euros à son actif avec les Rouges (demi-finale en 2016, huitième de finale l’été dernier). «Les mots ne sauraient décrire ce que l’on ressent à l’instant actuel», a-t-il ajouté.

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Au Qatar, ils rejoindront un groupe B très anglophones avec leur voisin anglais, les États-Unis et l’Iran pour offrir à leurs leaders historiques, Bale et Ramsey, une dernière aventure dans la plus belle des compétitions internationales.

Les amateurs déçus, mais tournés vers d’autres «batailles»

Main sur le cœur, hymne national à l’unisson: les scènes habituelles de partisans revêtaient une émotion particulière dimanche soir dans un bar de Kyïv avant le match de qualification à la Coupe du monde contre le pays de Galles.

À plusieurs reprises, dans cet établissement du centre de Kyïv, les bras se sont levés avant de retomber sur des têtes désolées lorsque les joueurs ukrainiens ont gâché leurs occasions de but.

Puis la soirée s’est conclue dans un silence à peine brisé par quelques applaudissements lorsque la pays de Galles l’a emporté 1-0, se qualifiant pour le Mondial au détriment de l’Ukraine en guerre.

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Il y a «beaucoup de déception. Beaucoup de gens voulaient cette victoire, le peuple ukrainien avait vraiment besoin de cette victoire», explique Pavlo, informaticien de 32 ans, à l’AFP, quelques minutes après le coup de sifflet final. «Je pense que les gars ont tout donné. Pas de chance. Les statistiques montrent que nous avions l’avantage. Mais pas de chance. Ca arrive».

Les bleu et jaune avaient apporté mercredi un peu de fierté à leur nation en battant l’Écosse 3-1 en demi-finale de barrage lors de leur premier match depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ils étaient alors aux portes d’une deuxième participation à une Coupe du monde après celle de 2006.

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Mais dimanche soir, sur la pelouse du Cardiff City Stadium, un coup franc de Gareth Bale détourné dans ses propres filets par le capitaine Andriy Yarmolenko a éteint le rêve qatari des Ukrainiens et l’ambiance dans le bar de Kyïv.

Des dizaines de partisans avaient afflué dans le pub Kutovyi en sous-sol pour suivre la rencontre sur écran géant.

«Soutien moral»

Une victoire aurait apporté un peu de joie, si rare dans un pays ravagé par la guerre.

«Pour nous, ce serait un soutien moral», estimait Oleksiy Pavlov, vendeur de 23 ans, pendant le match. «Ce serait un soutien pour ces régions qui sont constamment sous le feu ou pour celles qui sont occupées».

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«La victoire remonterait le moral de nos militaires et de toute l’Ukraine», abondait un autre supporter, Sergiy Palamarchuk, 34 ans.

Le bar, situé près du stade Olympique, est souvent fréquenté par les partisans du Dynamo Kyïv, club représenté par quatre joueurs du onze de départ dimanche soir à Cardiff.

«Les gars ont tout donné sur le terrain de football. Bien sûr, j’aurais aimé qu’ils battent le pays de Galles comme ils l’ont fait avec l’Écosse, mais, malheureusement, ça n’est pas arrivé», soupire Igor Kobzar, 27 ans, à la fin du match.

«Une victoire aujourd’hui aurait apporté beaucoup d’énergie positive. Mais les gars se sont battus, ils ont beaucoup de tirs, d’occasions de but, donc on ne peut pas leur reprocher d’avoir mal fait», ajoute un informaticien portant un maillot jaune de l’équipe nationale.

«La vie continue. Et aujourd’hui, nous avons des batailles bien plus importantes, pas sur le terrain de soccer, mais sur le champ de bataille. Les forces armées ukrainiennes ont vraiment donné l’exemple de la manière de se battre sur son propre champ de bataille».

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