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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Coupe du monde de rugby: bataille entre David et Goliath dans un stade bondé et hostile aux Canadiennes

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Photo portrait de Richard Boutin

Richard Boutin

2025-09-25T20:52:52Z
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Dans cette Coupe du monde qui sera disputée, samedi au stade Allianz à Londres, devant une salle comble de 82 000 spectateurs, la plus grande foule de l’histoire du rugby féminin, on aura droit à un duel entre David et Goliath.

D’un côté, le Canada a dû mettre sur pied une campagne de sociofinancement pour assurer une préparation optimale aux filles et, de l'autre côté, l’Angleterre mise sur un budget oscillant entre 12 et 13 millions de livres sterling dans le cadre de la campagne Impact 2025 pour mener à bien le succès en Coupe du monde et favoriser le développement du sport.

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La campagne de Rugby Canada dont l’objectif était d’amasser un million a connu un franc succès alors que plus de 95 pour cent de la somme a été amassée. «On tente de ne pas trop y penser, mais ça représente une fierté de rivaliser avec des pays qui misent sur un budget énorme comparativement au nôtre, a résumé l’entraîneur-chef Kévin Rouet. Nous avons un budget limité, mais nous avons l’habitude d’être créatifs. Je suis vraiment content que les médias canadiens s’intéressent de près au parcours de ces filles extraordinaires. J’espère qu’elles soient plus connues.»

D'énormes sacrifices

Rouet est pleinement conscient de l’engagement de ses protégées. «C’est impensable tous les sacrifices que les filles font, a-t-il louangé. Elles se donnent corps et âme. On ne voit pas ça au rugby masculin. Nos filles ont un salaire d’étudiante dans les circuits anglais et français, mais elles gardent le sourire et travaillent fort. Personne n’accepterait ce genre de conditions.»

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«60 pour cent des filles évoluent à l’étranger et elles aimeraient revenir au Canada si un circuit professionnel existait, de poursuivre le coach d’origine française qui est débarqué à Québec en 2009, mais nous avons besoin d’investisseurs. Nous avons un beau produit qui crée de beaux humains, mais on oublie le financement.»

En lice pour le titre de meilleure joueuse sur la scène internationale, Sophie de Goede estime que les Canadiennes évitent de trop penser à leur situation financière. «Le contexte financier nous sert de motivation, a-t-elle reconnu, mais on ne doit pas trop y penser et se concentrer sur nos performances. On fait beaucoup de sacrifices parce qu’on aime le rugby et nos coéquipières.»

Justine Pelletier abonde dans le même sens. «Oui, c’est David contre Goliath dans un certain sens parce que la Fédération anglaise a un budget énorme et le nôtre est vraiment petit, a mentionné la joueuse par excellence de la demi-finale face aux doubles championnes en titre néo-zélandaises. C’est une autre histoire sur le terrain.»

«Une fois sur le terrain, le financement n’a pas d’impact, de poursuivre Pelletier. La résilience, le combat et l’engagement n’ont pas de prix. C’est toutefois plus lourd à l’extérieur où les services ne sont pas les mêmes.»

La confiance règne

Les Canadiennes n’ont toutefois aucun complexe face aux Anglaises qui n’ont pas perdu un match au cours des trois dernières années. «On a confiance en nos moyens et on n’a pas l’impression qu’on doit renverser les montagnes pour espérer gagner, a imagé Rouet. Il faut se présenter sur le terrain avec envie et confiance. Dans le circuit anglais, nos filles affrontent régulièrement nos adversaires et il n’y a pas d’appréhension.»

Style de jeu différent

Il n’y a pas que les budgets qui sont différents. Le style privilégié par le Canada est unique. «C’est le style de rugby le plus le fun que je n’ai jamais joué, a expliqué de Goede. On a tellement de liberté. Ça amène des erreurs parfois, mais nous sommes capables de passer à une autre phase et de créer de la magie de ces erreurs.»

«Nous sommes une jeune nation en rugby et Kévin a créé une nouvelle identité au lieu de miser sur un cadre rigide influencé par des années, de renchérir Pelletier. Nous avons notre propre style et c’est pourquoi nous sommes difficiles à jouer. On joue vite et dans les espaces.»

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