Coupable de violence conjugale: l’absolution conditionnelle pour ne pas perdre son emploi de militaire
L’homme avait étranglé son ex-conjointe lors de leur rupture en 2020


Camille Payant
Un militaire qui a étranglé son ex-conjointe lors de leur séparation a pu obtenir une absolution conditionnelle afin de s’assurer qu’il ne perde pas son emploi dans les Forces armées canadiennes.
«Il est vrai que l’absolution est rarement possible pour des crimes en matière de violence conjugale, mais elle n’est pas exclue», a indiqué le juge Jean Hudon au palais de justice d’Alma, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Il condamnait alors le militaire David Déry-Bédard à une absolution conditionnelle assortie d’une probation de deux ans. L’homme de 46 ans avait auparavant plaidé coupable à une accusation réduite de voies de fait par étranglement.
Déry-Bédard a pu conserver son emploi dans les Forces armées canadiennes tout au long du processus judiciaire, mais risquerait de le perdre advenant une condamnation.
Le juge Hudon a justifié son choix en indiquant que le militaire «est sans antécédent judiciaire; il a une bonne moralité. Bien qu’ayant de la difficulté avec la gestion de ses émotions, il en est conscient et a participé à diverses thérapies ou suivis en ce sens et continue les rencontres».
David Déry-Bédard a aussi pu bénéficier d’une exemption à l’interdiction de possession d’armes dans le cadre de son emploi.
«Il peut certainement effectuer un travail de bureau sans utiliser d’arme, mais la période minimale de 10 ans se veut restrictive pour trop longtemps», a indiqué le magistrat.
- Écoutez Richard Martineau en discuter lors de son segment LCN, disponible en balado ou en audiovisuel via la plateforme audio QUB radio :
Son ex-conjointe étranglée
En avril 2020, la victime, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, a informé Déry-Bédard que leur relation était terminée.
Le militaire n’a toutefois pu quitter le domicile pour la nuit en raison du couvre-feu imposé par la COVID et parce qu’il n’avait nulle part où aller.
Une altercation est alors survenue au cours de laquelle l’accusé a étranglé à une reprise son ex-conjointe, selon la preuve admise en cour.
«En l’espèce, la responsabilité pénale de l’accusé est entière. Il est l’instigateur, la victime s’est débattue», a indiqué le juge Hudon.
Il a toutefois caractérisé le crime d’«incident isolé, d’un geste irréfléchi et ponctuel et de courte durée».
- Écoutez l'entrevue avec Mylène Bigaouette, directrice par intérim de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes via QUB radio :
La victime avait auparavant affirmé au tribunal «avoir eu peur de mourir, avoir été étouffée au point de presque perdre connaissance et [avoir] été étranglée à plus d’une reprise au cours de la même agression».
Son témoignage n’a toutefois pas été admis en preuve en raison du plaidoyer de culpabilité de Déry-Bédard, avec lequel elle n’était pas en accord.
Depuis, la victime a reçu un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique, est anxieuse, fait des crises de panique et ne fait plus confiance aux gens.
Si vous êtes victime de violence conjugale, contactez SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.