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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Coupable d’avoir fraudé des parents: une proprio de garderie se place en victime

Fatima El Boukhari veut une sentence à purger chez elle et surtout de ne rien avoir à rembourser aux victimes

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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-11-19T16:30:00Z
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Après avoir blâmé les parents qu’elle a fraudés pour des dizaines de milliers de dollars, une propriétaire de garderie sans scrupules a de nouveau joué la carte de la victime en espérant obtenir une peine à purger chez elle sans rien avoir à rembourser.

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«Je me sens exclue par la société, je suis persécutée... Je veux juste vivre en paix avec mes enfants», a sangloté Fatima El Boukhari, ce mardi, au palais de justice de Montréal.

Se plaignant tour à tour de recevoir des menaces en ligne, d’être en dépression, ou encore de devoir vivre aux crochets de l’État, la Montréalaise de 49 ans donnait presque l’impression d’être une victime qui témoignait sur les conséquences d’un crime.

Mais si elle était à la cour, c’était plutôt en tant que fraudeuse coupable d’avoir causé un enfer à des parents qui cherchaient une place de garderie pour leurs enfants.

Parents anéantis

À l’époque, El Boukhari détenait la garderie Aux coins des ami(e)s, rue Hochelaga. Son établissement était privé, mais elle faisait croire qu’il était subventionné. Par la suite, elle produisait de fausses demandes de crédit d’impôt au nom des parents, mais avec des informations bidon pour ne pas éveiller les soupçons de ceux-ci.

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«Tous les parents pensaient que les coûts de garde seraient de 8$ par jour, et que le gouvernement payerait le solde [qui revenait à 48$ quotidiennement]», avait expliqué le juge Salvatore Mascia.

De 2016 à 2022, neuf parents ont été floués pour un total d’au moins 66 000$. Ces derniers ont finalement découvert la fraude après que Revenu Québec se fut lancé à leurs trousses, en exigeant des remboursements.

«J’étais désespérée et anéantie, à cause de ça, j’ai dû renoncer à mon projet de vie de m’installer au Québec et d’offrir une meilleure vie à mon enfant de deux ans», a affirmé une victime.

Mais pour El Boukhari, le juge devrait plutôt s’attarder aux conséquences qu’elle a subies, comme son manque de sommeil et le racisme qu’elle dit subir depuis que le Bureau d’enquête de Québecor a révélé sa fraude.

Elle ne veut rien rembourser

El Boukhari, qui habite au Québec depuis 20 ans et qui a la citoyenneté, dit maintenant vivre avec 815$ mensuels en aide sociale et «environ 1600$» en allocations familiales provenant de Québec et d’Ottawa.

«Je n’ai pas assez d’argent pour avoir une auto de l’année, mais mon auto est de 2012, a-t-elle témoigné. Je cherche de l’aide, il y a des associations qui m’aident.»

Tout cela devrait être pris en compte, selon son avocate Me Amélie D’Assylvas, en exigeant que le juge impose une année de prison à domicile et 240 heures de travaux communautaires.

Et si les parents floués espèrent être un jour remboursés, l’avocate estime qu’ils devraient mettre une croix sur cette idée.

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«Elle n’a pas la capacité de rembourser, ordonner un dédommagement envers les victimes la placerait dans une situation financière précaire, qui n’est pas acceptable», a-t-elle lancé.

Me Sarah-Audrey Daigneault de la Couronne réclame de son côté de l’emprisonnement ferme de 12 à 18 mois, assorti d’une ordonnance de remboursement, afin d’envoyer le message que «le crime ne paye pas». Car même si El Boukhari a surtout parlé d’elle, il ne faut pas oublier les victimes qui ont subi des torts importants, a-t-elle rappelé.

«L’une d’elles a dû demander à son fils de contribuer financièrement, car elle ne pouvait plus faire l’épicerie, a-t-elle rappelé. Une mère monoparentale de jumeaux a vu son compte en banque être gelé [par Revenu Québec]. Des parents ont dû se battre contre l’État qui leur réclamait des montants.» 

Le juge rendra sa sentence en janvier. En plus d’avoir été déclarée coupable de fraude envers des parents, El Boukhari fait également face à de nouvelles accusations, cette fois contre le fisc et plusieurs banques, pour un montant de 1,9 M$. El Boukhari a nié toute faute, prétextant qu’elle est accusée à cause des médias et que de toute façon, les crimes allégués remontaient à 2019.

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