Coup de foudre pour les bisons: une jeune femme possède un élevage bien atypique
Guillaume Cotnoir-Lacroix
Au cœur de la campagne de Saint-Herménégilde, en Estrie, se trouve un élevage plutôt atypique, un élevage de bisons.
La propriétaire de Rustik Bison, Anouk Caron, est tombée en amour avec cet animal majestueux il y a quelques années, et elle en compte aujourd’hui une trentaine à quelques dizaines de mètres de chez elle.

À un jet de pierre de la frontière américaine, dans un petit rang de Saint-Herménégilde, une trentaine de bisons sont au pâturage chez Rustik Bison à notre arrivée.
« J’ai étudié en agronomie. Pendant mon baccalauréat, j’ai visité un élevage de bisons et pour moi, ça été vraiment un coup de foudre, explique d’emblée Anouk Caron. C’est un animal vraiment rustique, qui tolère bien notre température au Québec et c’est un animal qui ne nécessite pas beaucoup de soins », poursuit-elle.
Un élevage unique en Estrie
Elle a lancé son propre élevage il y a maintenant trois ans et a commercialisé ses premiers produits il y a deux ans.
Si d’autres éleveurs de bisons ont déjà été actifs en Estrie, Anouk est actuellement la seule. Ils seraient un peu plus d’une quinzaine pour l’ensemble du Québec.
« Je dis toujours qu’un brin de folie c’est important, surtout quand on fait quelque chose qui est assez marginal, mais ce n’est pas juste de la folie », tempère-t-elle avec le sourire.

« Je sais compter, j’ai calculé mes affaires! En général, ce sont des élevages que les gens vont faire en semi-retraite. C’est très rare que les jeunes vont décider de se lancer là-dedans, mais moi je les encourage! On a vraiment une bonne demande pour la viande. »
Agronome de formation, la propriétaire continue de travailler à temps plein en plus d’assurer la gestion de Rustik Bison.
« Je m’occupe de la ferme principalement les soirs et la fin de semaine. J’ai aussi un emploi à temps plein parce que comme jeune en agriculture, on n’a pas le choix pour être capable de s’habiller et de se loger », lance-t-elle avec un sourire mêlé d’un soupir.
Un marché atypique pour un élevage atypique
Rustik Bison dispose de sa petite boutique à Saint-Herménégilde tout près des bisons. Les clients qui commandent en ligne peuvent recevoir un code qui permet de déverrouiller la porte et d’aller chercher sa commande, sans que la propriétaire ne soit sur place. La boutique est aussi ouverte un samedi sur deux.

Jeudi matin, Martine Tremblay, une cliente, venait justement chercher une commande de bison tranché pour la fondue, avec son code fourni par Anouk.
« C’est une viande maigre, c’est une viande prisée, avec beaucoup de goût. Plus de goût encore que le bœuf », explique Mme Tremblay, qui a pris le temps de saluer Anouk, qui est arrivée un peu plus tard.
Partie de Dixville, Mme Tremblay a expliqué vouloir présenter plusieurs produits locaux à sa sœur qui était en visite en Estrie.
« On encourage beaucoup les produits locaux, on fait environ 15 à 20 minutes de route pour venir ici chercher nos produits. » - Martine Tremblay, une cliente de Rustik Bison
Le bison, un produit de luxe ?
Certaines découpes de l’entreprise peuvent aussi se retrouver sur le menu de restaurants, comme c’est le cas actuellement chez Les Mal-Aimés de Cookshire-Eaton, récemment recommandés par le Guide Michelin. Les boucheries Face de Bœuf, entre autres, tiennent aussi les produits d’Anouk.
Selon Anouk Caron, l’élevage d’un bison prend le double du temps d’un bœuf, et donc il faut s’attendre à payer « environ le double du prix », selon elle.
« C’est un produit qui est plus dispendieux, est-ce que c’est un produit de luxe? Je ne pense pas qu’on est rendu là encore », croit-elle.

Mme Caron précise aussi que le bison a de meilleures valeurs nutritives que le bœuf. « Ça peut donc coûter moins cher par portion quand même », nuance l’éleveuse.
Malgré le prix plus élevé de ses produits par rapport à d’autres protéines, l’éleveuse explique avoir dû refuser des clients, notamment un restaurant, au cours des derniers mois.
Son cheptel actuel dans lequel elle fait abattre environ une dizaine de bêtes par année n’est pas suffisamment gros pour répondre à la demande.
Elle espère pouvoir acheter ou avoir accès à une autre terre dans les prochaines années pour assurer la croissance de l’entreprise.