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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

COP 15: Legault réussira-t-il le test du caribou forestier?

Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2022-12-07T10:00:00Z
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Protéger 30 % du territoire d’ici 2030, des centaines de millions à l’appui. Le gouvernement Legault a voulu donner un grand coup lors de l’ouverture de la COP15 à Montréal.

Valoriser les aires protégées, désigner de nouvelles espèces vulnérables, s’attaquer aux espèces envahissantes, réduire l’impact des acteurs économiques sur la biodiversité, toutes les cases essentielles ont été cochées.

« On doit avoir l’audace et le courage de mieux protéger les milieux naturels, » a lancé le premier ministre à l’ouverture de la conférence. 

Le problème, c’est qu’il est loin d’être clair que son gouvernement possède cette audace et ce courage.

Le canari dans la mine

Car le test ultime de cette grande ambition en faveur de la biodiversité, c’est le caribou.

Il est plus qu’un emblème sur notre pièce de 25 cents. Le caribou incarne à lui seul tous les dilemmes et tous les défis liés à la protection sérieuse de la biodiversité.

C’était une chose d’invoquer la pépinière des bélugas à proximité de Cacouna pour stopper le projet de pipeline Énergie Est. C’était une chose, aussi, d’invoquer encore ces adorables mammifères qui ressemblent à des guimauves flottantes pour tuer dans l’œuf le projet de GNL Québec.

Dans un cas comme dans l’autre, on s’oppose à l’exploitation d’une richesse naturelle à l’autre bout du pays, une énergie fossile qui ne produit que des emplois secondaires chez nous.

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Or quand on parle du caribou, on parle de la vitalité économique que nos régions, des jobs dans nos forêts, de l’économie de nos villes et villages.

Car toutes les études le confirment, impossible de s’engager sérieusement pour la survie du caribou forestier, ou même du caribou montagnard sans croiser le fer avec les industries forestières et minières.

Pourquoi ? Parce que les arbres qu’on coupe les privent de leur habitat, les chemins qu’on construit deviennent des autoroutes pour leurs prédateurs.

Vrai test

Ce n’est pas pour rien qu’en mai 2018, Philippe Couillard avait promis qu’il n’était « pas question de sacrifier des jobs à l’usine ou en forêt » pour sauvegarder le caribou forestier. 

L’affrontement est existentiel pour toute une industrie et de nombreuses régions.

Et pourtant, même la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards mise sur pied par le gouvernement Legault, et critiquée pour être trop « pro-forêts », a conclu à l’urgence d’agir.

Pire, dans son rapport d’août 2022, invoquant des « efforts demeurés timides, voire relatifs, pour la protection du caribou », elle a remis en question la bonne foi du Québec dans ce dossier en vertu de nos propres lois et conventions internationales.

Biologistes et environnementalistes ont été soulagés, l’industrie forestière s’est indignée. 

Peut-on se surprendre que François Legault n’ait pas saisi l’occasion en or de la COP15 pour avoir le courage, comme il le dit si bien, d’annoncer un début de réponse au dilemme du caribou au Québec ?

Le caribou, c’est bien davantage que notre version nationale des rennes du père Noël, c’est aussi une espèce qui en protège des dizaines d’autres, tout aussi fragiles. 

Pour « faire la paix avec la nature », comme le plaidait le Secrétaire général des Nations Unies, le Québec devra faire la paix avec le caribou.

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