«Convoi de la liberté»: de nombreux donateurs derrière Poilievre

Raphaël Piro | Agence QMI
De nombreux donateurs au «convoi de la liberté» ont financièrement contribué à la campagne de Pierre Poilievre dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC), qui l’a remporté haut la main samedi dernier.
• À lire aussi: Alain Rayes réagit aux excuses du Parti conservateur du Canada
• À lire aussi: Texto visant Alain Rayes: le Parti conservateur s’excuse
C’est ce qui ressort d’une recherche de la CBC, qui a obtenu ses résultats en croisant les noms et codes postaux de contributeurs à une levée de fond proconvoi sur la plateforme de sociofinancement GiveSendGo avec ceux des donateurs aux différentes campagnes pour la chefferie du PCC.
Plus de 3100 Canadiens ont contribué simultanément aux deux campagnes, pour un total dépassant tout juste les 460 000 $ destinés aux différents candidats conservateurs jusqu’au premier août.
Un peu plus de 70 % de ce montant est allé dans les poches de la campagne de Pierre Poilievre. Deux autres candidats critiques de l’approche du gouvernement Trudeau à la gestion de la pandémie, Leslyn Lewis et Roman Baber, se sont partagés près des 30 % restants, toujours selon la CBC.
En perspective, ces dons ne représentent que 5 % de la totalité du pactole amassé par la campagne de M. Poilievre, qui selon les derniers chiffres d’Élections Canada dépassait les 6,7 millions $. Ce dernier montant représente 55 % de l’ensemble des candidats réunis.
Il faut rappeler que Pierre Poilievre était le politicien fédéral au plus haut profil à s’afficher clairement en solidarité avec les camionneurs lors du convoi de la liberté. Alors que la classe politique dénonçait leurs agissements, M. Poilievre était allé à leur rencontre.
Le PCC en mutation
«Il y a une mutation en cours au sein du Parti conservateur», analyse Frédéric Boily, politologue à l’Université de l’Alberta et expert du conservatisme.
Selon ce dernier, la victoire éclatante de M. Poilievre, obtenue notamment avec l’aide du mouvement contre les mesures sanitaires, concrétise le virement du PCC vers le populisme.
Mais pas n’importe quel type de populisme. «C’est un populisme qui ne parle pas d’enjeux identitaires ou d’immigration, mais qui est axé contre les élites, contre le discours universitaire, contre les médias wokes», explique l’expert.
«De ce point de vue là, il y a une certaine radicalisation du discours, qui va plus loin que celui de Stephen Harper.»
Le populisme de M. Poilievre n’est rien de nouveau : cela fait partie du personnage, souligne M. Boily, qui n’a pas été surpris par sa proximité avec les manifestants.
«C’était dans la continuité pour lui d’aller voir les camionneurs. Il y avait une résonance presque naturelle entre le type de discours qu’il portait avant même la manifestation. Avec la manifestation, il se retrouvait dans son élément», ce qui explique les nombreux dons reçus par sa campagne.»
M. Boily s’attend à un PCC incarnant une droite «décomplexée» et juge que M. Poilievre ne changera pas radicalement les ingrédients de la recette qui lui a bien servi jusqu’à maintenant.