Contrebande et cellulaires en taule: les brouilleurs d’ondes arrivent dans les établissements de détention du Québec
Le gouvernement fédéral a autorisé un projet pilote


Laurent Lavoie
Un projet pilote approuvé par le gouvernement fédéral permettra l’utilisation de brouilleurs d’ondes dans les établissements de détention du Québec, une mesure longtemps attendue pour empêcher les détenus de communiquer avec le monde extérieur.
«C’est un pas en avant sur les outils qu’on doit avoir pour contrer le crime organisé [et] les gangs de rue qui utilisent les téléphones cellulaires pour poursuivre leurs opérations», réagit au Journal Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec.
«Les brouilleurs d’ondes cellulaires, ça fait plus de 10 ans qu’on en parle», ajoute-t-il.
Service correctionnel Canada (SCC) et les équipes du ministère de la Sécurité publique du Québec pourront désormais autoriser en toute légalité des activités pour bloquer les communications sans fil.
Le ministre canadien de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en a fait l’annonce dans une déclaration, vendredi, en rappelant que l’usage des drones et des téléphones derrière les barreaux constitue «une menace grave» à la population.

Tant les établissements fédéraux que les établissements provinciaux pourront profiter de ce projet pilote.
Cela inclut donc les 18 qui sont opérés par le gouvernement du Québec. On y trouve des personnes qui ont écopé des peines de détention de moins de deux ans ou qui sont en attente de procès.
Pas normal
Ce dénouement survient alors que de nombreux événements de violence ont été filmés et recensés dans les prisons québécoises au cours des derniers mois.
Le Journal avait, par exemple, révélé la tenue d’une séance de torture à l’endroit d’un vendeur de drogue au Centre de détention de Québec, à Orsainville, en novembre dernier.

À cela s’ajoutent diverses interventions policières et des saisies veillant à lutter contre la contrebande de drogue et d’armes.
Par communiqué, le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a salué l’initiative du fédéral. Il affirme avoir fait de premières représentations au gouvernement pour des brouilleurs dès octobre dernier.
En octobre 2024, j'ai commencé à faire des représentations auprès du gouvernement fédéral pour obtenir les autorisations de tester et d'utiliser des brouilleurs d'ondes dans nos établissements de détention au Québec.
— François Bonnardel (@fbonnardelCAQ) March 7, 2025
L'utilisation des téléphones portables de contrebande qui… https://t.co/Bd0GyvC14W
«Je l’ai déjà dit, mais il n’est pas normal que les criminels puissent continuer leurs activités à l’intérieur des murs des prisons», mentionne-t-il.
«Il s’agit d’une première étape qui nous permettra de mener des tests afin de déterminer si cette avenue est efficace. Ces tests guideront nos actions futures», ajoute le ministre.
Activités criminelles
D’après Mathieu Lavoie, le public a tendance à sous-estimer à quel point ces cellulaires sont des atouts importants pour les détenus, au-delà des livraisons qui se rendent jusqu’à leur cellule.
«Ça pourrait être pour préparer des évasions, des informations qui sont transmises sur le transport de personnes incarcérées», illustre le syndicaliste.

Le trafic de substances ou d’autre matériel à l’intérieur des murs engendre également des dettes et des règlements de comptes.
Au-delà des brouilleurs, il faudra plus de mesures pour «reprendre le contrôle» des établissements, indique Mathieu Lavoie.
Il évoque davantage d’opérations de fouille et d’encadrement auprès d’une «population carcérale plus lourde, plus violente».
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