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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Contrebande et cellulaires en taule: les brouilleurs d’ondes arrivent dans les établissements de détention du Québec

Le gouvernement fédéral a autorisé un projet pilote

Établissement de détention de Bordeaux, à Montréal.
Établissement de détention de Bordeaux, à Montréal. Photo d'archives, Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2025-03-07T17:07:34Z
2025-03-08T00:17:15Z
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Un projet pilote approuvé par le gouvernement fédéral permettra l’utilisation de brouilleurs d’ondes dans les établissements de détention du Québec, une mesure longtemps attendue pour empêcher les détenus de communiquer avec le monde extérieur.

«C’est un pas en avant sur les outils qu’on doit avoir pour contrer le crime organisé [et] les gangs de rue qui utilisent les téléphones cellulaires pour poursuivre leurs opérations», réagit au Journal Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec.

«Les brouilleurs d’ondes cellulaires, ça fait plus de 10 ans qu’on en parle», ajoute-t-il.

Service correctionnel Canada (SCC) et les équipes du ministère de la Sécurité publique du Québec pourront désormais autoriser en toute légalité des activités pour bloquer les communications sans fil.

Le ministre canadien de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, en a fait l’annonce dans une déclaration, vendredi, en rappelant que l’usage des drones et des téléphones derrière les barreaux constitue «une menace grave» à la population.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, lors d'une annonce concernant l'industrie aérospatiale québécoise, en septembre 2024.
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, François-Philippe Champagne, lors d'une annonce concernant l'industrie aérospatiale québécoise, en septembre 2024. Photo TOMA ICZKOVITS

Tant les établissements fédéraux que les établissements provinciaux pourront profiter de ce projet pilote.

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Cela inclut donc les 18 qui sont opérés par le gouvernement du Québec. On y trouve des personnes qui ont écopé des peines de détention de moins de deux ans ou qui sont en attente de procès.

Pas normal

Ce dénouement survient alors que de nombreux événements de violence ont été filmés et recensés dans les prisons québécoises au cours des derniers mois.

Le Journal avait, par exemple, révélé la tenue d’une séance de torture à l’endroit d’un vendeur de drogue au Centre de détention de Québec, à Orsainville, en novembre dernier.

Une serviette a été déposée sur le visage du détenu pour simuler une noyade.
Une serviette a été déposée sur le visage du détenu pour simuler une noyade. Photo fournie par une source journalistique

À cela s’ajoutent diverses interventions policières et des saisies veillant à lutter contre la contrebande de drogue et d’armes.

Par communiqué, le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a salué l’initiative du fédéral. Il affirme avoir fait de premières représentations au gouvernement pour des brouilleurs dès octobre dernier.

«Je l’ai déjà dit, mais il n’est pas normal que les criminels puissent continuer leurs activités à l’intérieur des murs des prisons», mentionne-t-il.

«Il s’agit d’une première étape qui nous permettra de mener des tests afin de déterminer si cette avenue est efficace. Ces tests guideront nos actions futures», ajoute le ministre.

Activités criminelles

D’après Mathieu Lavoie, le public a tendance à sous-estimer à quel point ces cellulaires sont des atouts importants pour les détenus, au-delà des livraisons qui se rendent jusqu’à leur cellule.

«Ça pourrait être pour préparer des évasions, des informations qui sont transmises sur le transport de personnes incarcérées», illustre le syndicaliste.

Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec–CSN.
Mathieu Lavoie, président national du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec–CSN. Photo fournie par le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec-CSN

Le trafic de substances ou d’autre matériel à l’intérieur des murs engendre également des dettes et des règlements de comptes.

Au-delà des brouilleurs, il faudra plus de mesures pour «reprendre le contrôle» des établissements, indique Mathieu Lavoie.

Il évoque davantage d’opérations de fouille et d’encadrement auprès d’une «population carcérale plus lourde, plus violente».

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