Contrats avec New York et Boston: Hydro-Québec aurait dû puiser dans ses réserves l’an dernier
Les faibles précipitations ont fait baisser le niveau d’eau des réservoirs de la société d’État


Sylvain Larocque
La sécheresse est telle dans le Nord qu’Hydro-Québec aurait manqué de courant, l’an dernier, pour livrer l’électricité prévue aux contrats conclus avec New York et la Nouvelle-Angleterre.
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En 2024, Hydro a vendu un peu plus de 15 térawattheures (TWh) d’électricité à des clients hors Québec. Or, les contrats avec New York et la Nouvelle-Angleterre prévoient chacun l’exportation de 10 TWh pour un total de 20 TWh par année, fait remarquer Jean-François Blain, analyste indépendant dans le secteur de l’énergie.
«Mal chaussé»
Hydro-Québec «est un peu un cordonnier mal chaussé», fait remarquer son collègue Jean-Pierre Finet, analyste au Regroupement des organismes environnementaux en énergie.
Il faut remonter à 2006 pour trouver un volume plus bas d’exportations hors Québec.
Cette situation exceptionnelle, qui a fait plonger les profits d’Hydro et a alourdi le déficit du gouvernement, s’explique par la faible hydraulicité enregistrée au cours des deux dernières années dans les grands réservoirs de la société d’État à la Baie-James et sur la Côte-Nord.
En 2023, les apports d’eau ont été «les plus bas jamais observés», a noté en février Pierre-Olivier Pineau de HEC Montréal, en s’appuyant sur des données qui remontent à 1946. Et l’année 2024 n’a guère été meilleure.
«Il faut espérer qu’on n’ait pas une autre année sèche, sinon ça va être vraiment catastrophique», prévient M. Blain.

En plus de faire plonger les exportations, les faibles niveaux d’eau ont poussé Hydro à accroître ses importations aux États-Unis, lesquelles ont atteint l’an dernier un sommet qu’on n’avait pas vu depuis 2003.
Le contrat ferme avec la Nouvelle-Angleterre doit démarrer d’ici la fin de cette année tandis que celui avec New York doit commencer l’an prochain.
Si ces contrats avaient été en vigueur l’an dernier, Hydro-Québec aurait dû turbiner une partie de l’eau contenue dans ses réservoirs plutôt que de la préserver comme elle le fait depuis deux ans. Elle aurait aussi pu tenter de s’entendre avec ses clients pour limiter ses livraisons.
Revirement?
Même s’ils se trouvent actuellement avec des niveaux d’eau historiquement bas, les grands réservoirs d’Hydro peuvent se remplir rapidement. Jean-François Blain note que dans le Nord, le tiers des apports d’eau annuels survient en mai et en juin, après la fonte des neiges.
Le Québec a-t-il bien fait de s’engager dans des contrats à long terme alors que les électrons se font rares?
«Ce n’est pas si sûr que ça», répond M. Blain.
Malgré tout, l’expert reconnaît que les contrats ont du bon.
«Ce sont des volumes dont la vente est garantie [...] qui donnent de la flexibilité à Hydro-Québec dans l’affectation de ses volumes résiduels en fonction des meilleurs prix qui s’offrent sur le marché», affirme-t-il.
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