Contraste frappant à Montréal alors que des manifestations pour Gaza et le Grand Prix se côtoient
Zoé Arcand
Le centre-ville de Montréal a été le théâtre d’un contraste frappant samedi alors que les nombreux festivaliers du Grand Prix ont côtoyé des milliers de manifestants en soutien aux Palestiniens à Gaza.
«C’est ça la beauté de vivre dans un endroit aussi sécuritaire que Montréal, il y a des gens qui revendiquent le respect de droits humains à quelques rues de ceux qui célèbrent une belle fin de semaine de la F1», s’est réjouie Mélanie Jomphe, qui travaille pour Médecins sans frontières.
Alors que les amateurs du Grand Prix du Canada ont pris d’assaut le centre-ville samedi, quelques milliers de manifestants ont marché dans le même secteur pour demander au gouvernement canadien et à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour parvenir à un cessez-le-feu.
Une ligne rouge
«La seule chose qu’on a en commun avec les amateurs du Grand Prix, c’est la couleur de nos chandails», a lancé le militant Samuel de Montigny.
À l’instar des adeptes de Ferrari, c’est vêtus de rouge que les manifestants ont déambulé au centre-ville pour symboliser «la ligne rouge qu’est en train de franchir Israël en commettant un nettoyage ethnique», a expliqué Mélanie Jomphe.
Mahassine El, 34 ans, et son conjoint du même âge, Atallh El-mrini, quittaient le site du Grand Prix au moment où la manifestation passait sur le boulevard René-Lévesque, au coin de la rue Crescent.
La première a assuré qu’ils étaient tous deux «totalement neutres» par rapport à la cause défendue par les marcheurs et que ceux-ci avaient «le droit de manifester», selon M. El-mrini.
Ce dernier a toutefois pris soin de souligner qu’il aurait «aimé que l’espace dédié [aux festivités] soit plus vaste puisqu’il y avait beaucoup de monde dans un petit lieu».
Famine et opulence
Aux yeux de la manifestante Rima Khreizat, la marche «est une façon de montrer aux touristes riches les vraies couleurs de Montréal». À l’instar de l’Afrique du Sud et d’organisations comme Amnistie internationale, elle accuse l’État hébreu de commettre un «génocide».
«On est tanné de voir des gens mourir de faim», a-t-elle déploré.
Israël a récemment été accusé par la Suède de commettre un «crime de guerre» en imposant la famine à Gaza.
Alors que les militants marchaient pacifiquement sur la voie sud du boulevard René-Lévesque, des automobilistes s’entassaient du côté nord de l’artère. Bon nombre d’entre eux faisaient aller les klaxons de leur voiture de luxe.
«On les soutient», a assuré Rym, qui n’a pas voulu donner son nom de famille. Lunettes fumées Gucci sur les yeux, elle était accompagnée de ses amies Dalila et Aya.
Elles revenaient d’un événement de la Formule 1 à bord de leur VUS de marque BMW.