Conseil canadien du cannabis: le beurre et l’argent du beurre

Maria Mourani
Voilà un dossier qui me fait hérisser les cheveux chaque fois que j’en entends parler. Et avec la touffe que j’ai, imaginez la coiffure qu’il provoque. J’avais décidé d’en faire abstraction, mais quand j’entends l’industrie du cannabis pleurnicher malgré les milliards de dollars de bénéfices qu’elle engendre, je ne peux m’empêcher de penser que ses dirigeants sont vraiment culottés.
Le marché du cannabis récréatif est si prospère qu’il a contribué à une augmentation du produit intérieur brut du Canada. Malgré tout, le Conseil canadien du cannabis en veut plus. Lundi dernier, leurs représentants sont allés se plaindre au gouvernement fédéral. Leurs doléances ? Ils réclament moins de restrictions et moins de taxes d’accise.
Une rumeur circule même à Ottawa : le gouvernement Trudeau pourrait accéder à leur demande et baisser la taxe fédérale sur le cannabis !
Le crime organisé a le dos large
La majorité des produits de consommation sont accompagnés soit de taxes d’accise du fédéral, soit de taxes des provinces et des territoires. Quel est le faux argument utilisé par l’industrie du cannabis pour justifier ses demandes ? Ce serait son incapacité à rivaliser avec le marché illicite.
En fait, cette industrie ne comprend pas qu’elle ne peut tout simplement pas concurrencer le marché illicite, dont les prix seront toujours plus compétitifs.
Les trafiquants savent donner un service rapide, personnalisé, souvent à domicile. Ils ont des produits variés à des prix concurrentiels. Un toxicomane préférera habituellement ce marché pour sa consommation régulière, tandis que le consommateur occasionnel se contentera de la SQDC.
Une baisse du coût du cannabis par une diminution des taxes d’accise ne permettra donc pas de récupérer les clients du marché illicite, mais contribuera plutôt à augmenter les profits des producteurs.
En outre, il ne faut pas oublier que cette industrie a un impact non négligeable sur la santé du public, compte tenu de la toxicité de son produit. Par exemple, le taux d’empoisonnement aux produits comestibles du cannabis est sept fois plus élevé chez les enfants de moins de dix ans depuis sa légalisation.
L’industrie doit mettre l’épaule à la roue et c’est la taxation qui permet aux gouvernements de compter sur des fonds afin d’investir dans la santé et les services sociaux.
Et pourquoi pas l’essence ?
Le coût de l’essence est devenu une vraie folie. Il a même un impact sur d’autres produits, tels que la nourriture.
Bien que les taxes d’accise ne soient pas l’unique cause de son augmentation, en cette période de récession où les familles peinent à joindre les deux bouts, ne serait-il pas à propos d’envisager leur diminution et un contrôle des prix ?
Puisque le gouvernement fédéral laisse la porte ouverte à l’industrie du cannabis, ne devrait-il pas aussi penser aux usagers de la route ? Vous me parlez de l’environnement ? Les gens ne vont quand même pas se ruer sur de gros bolides parce que la taxe d’accise fédérale baisse de huit cents. C’est juste une question de bon sens.