Connor Hellebuyck tire son équipe vers le fond: chiffres à l’appui, il est le seul responsable des malheurs des Jets


Jonathan Bernier
Pour la deuxième fois en autant de rondes éliminatoires, les Jets font face à l’élimination. Ça semble être devenu un rituel pour la formation manitobaine, qui n’a pas été en mesure de franchir le premier tour depuis le printemps 2021.
Pour expliquer ces déboires, impossible de faire abstraction de la tenue de Connor Hellebuyck. Depuis le début des présentes séries, il affiche le pire taux d’efficacité (,851) de ceux qui ont gardé les buts pour au moins deux matchs. Sa moyenne de buts alloués (3,48) se trouve également parmi les plus ronflantes.

On parle ici d’un finaliste au trophée Vézina, remis au gardien de but de l’année, et au trophée Hart, qui récompense le joueur le plus utile à son équipe.
Tentant de lui donner le bénéfice du doute, on s’est dit qu’une partie du blâme revenait peut-être à l’équipe devant lui. Se pourrait-il que l’effondrement des Jets, champions du calendrier régulier, soit généralisé? Que les coéquipiers d’Hellebuyck soient soudainement devenus des cancres en zone défensive?
On a demandé à la firme Sportlogiq, et la réponse est catégorique: ce n’est pas le cas.
Les statistiques défensives des hommes de Scott Arniel sont même meilleures que celles affichées en saison régulière. Ils passent moins de temps dans leur territoire, accordent moins de tirs au but, dont des lancers du bas de l’enclave, et moins d’occasions de marquer à haut risque.
Même dans la colonne des buts attendus contre, les Jets font mieux qu’en saison régulière. Ça veut donc dire que si Hellebuyck offrait la même tenue qu’en saison régulière, il serait pratiquement invincible.
L’antithèse d’un sauveur
Vous conviendrez que c’est loin d’être le cas. Comme ça se voit à l’œil nu, on vous épargnera une longue liste de statistiques fastidieuses. Cependant, celle des buts sauvés vaut la peine d’être soulignée. Elle est la plus révélatrice des problèmes d’Hellebuyck.
Le gardien des Jets a souvent eu l’air d’une passoire depuis le début des séries éliminatoires. Il a accordé 8,31 buts de plus que supposé. C’est de loin un sommet de médiocrité dans la LNH.
Adin Hill (7,35), des Golden Knights de Vegas, le suit au deuxième rang (ce qui doit expliquer pourquoi les Oilers sont encore en vie malgré les problèmes de Stuart Skinner). Aucun autre gardien actuellement en séries n’a fait pire de 4,06.
Problème de loin
Mardi soir, le réseau Sportsnet a publié une statistique selon laquelle l’Américain a alloué 11 buts sur des tirs provenant de plus de 30 pi. Et 30 pi, calculés avec un compas, ça nous amène un peu à l’intérieur de la courbe des deux cercles de mises au jeu.

Pour un gardien de la trempe d’Hellebuyck, c’est inacceptable.
Tout n’est pas terminé pour les Jets, qui tenteront d’éviter de subir l’élimination, jeudi, devant leurs partisans. Bonne nouvelle pour eux, Hellebuyck est meilleur à domicile... un peu.
Cela dit, si les Manitobains devaient se faire montrer la porte de sortie par les Stars, ils auront de sérieuses questions à se poser. Déjà qu’ils ont évité de justesse l’affront de se faire éliminer au premier tour pour une troisième fois de suite.
Marc Bergevin disait qu’il y a «des joueurs qui t’amènent en séries et des joueurs qui te font gagner en séries». Sauf que lorsqu’on est gardien de but, on n’a pas le choix de se trouver dans les deux catégories.
–Avec la collaboration de Sportlogiq
Et si Oettinger damait le pion à Hellebuyck?
Il n’y a pas que la série face aux Stars que Connor Hellebuyck pourrait perdre en raison de ses performances chancelantes. Celles-ci pourraient donner l’occasion à Jake Oettinger, son vis-à-vis dans cette confrontation, de lui ravir un poste important.
Coéquipiers lors de la Confrontation des 4 nations, les deux gardiens de but sont pressentis pour représenter de nouveau les États-Unis lors des Jeux olympiques, prévus en février, en Italie.
En février dernier, à Montréal et Boston, Oettinger a dû se contenter presque exclusivement du rôle de spectateur pendant qu’Hellebuyck, en grande forme, menait les Américains jusqu’à la médaille d’argent.
Sauf que depuis le début de cette série, c’est le gardien des Stars qui présente les meilleures statistiques. En quatre matchs jusqu’ici, Oettigner a accordé huit buts et maintenu un taux d’efficacité de ,929 contre 11 buts et ,887 du côté d’Hellebuyck.
Deux rêves pour Oettinger
Est-ce que cette confrontation pourrait servir de barème pour les dirigeants américains lorsque viendra le temps de déterminer qui sera leur homme de confiance pour les matchs cruciaux?
En tout cas, c’est le rêve que chérit le gardien de 26 ans.
«À part gagner la coupe Stanley, c’est mon objectif numéro un, a-t-il déclaré à Scott Oake, lors d’une entrevue diffusée à Sportsnet. Mais d’ici là, il reste encore un bon bout de chemin à parcourir et beaucoup de hockey à jouer.»
Il s’agit tout de même de sages paroles. La première moitié de la prochaine saison sera également déterminante.
Sous les couleurs américaines, Oettinger a remporté l’or (2017) et le bronze (2018) aux championnats mondiaux juniors. Il avait fait de même chez les moins de 18 ans, en 2015 (or) et 2016 (bronze).