Congrès national de la CAQ: les militants adoptent une résolution contre le visage masqué «en tout temps»

Patrick Bellerose
GATINEAU – Le gouvernement de la CAQ n’écarte pas la possibilité d’interdire le visage masqué en tout temps dans l’espace public, après que les militants caquistes eurent adopté une résolution en ce sens, samedi. L’idée a du mérite, croit François Legault, tant pour la sécurité publique que pour le vivre-ensemble.
À l’origine, les militants réunis au Congrès national de la CAQ, à Gatineau, devaient se prononcer sur l’idée «d’interdire les manifestations masquées» et les campements dans les lieux publics.
Mais la laïcité s’est insérée au fil des débats, si bien que la proposition a été fortement amendée.
Les caquistes ont finalement voté en faveur «d’interdire aux personnes, en tout temps, de cacher leur visage dans l’espace public».
L’amendement a toutefois été adopté au terme d’un vote très serré: avec 152 participants «pour» et 150 «contre».
Sentiment de sécurité
Le premier ministre François Legault voit la résolution d’un bon œil, sans pour autant s’engager à y donner suite.
«Je pense que c’est une proposition qu’il faut étudier, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité», a-t-il déclaré.
D’autres pays, comme la France, interdisent déjà de se couvrir le visage dans l’espace public, rappelle-t-il.
Des citoyens, fait-il valoir, peuvent se sentir «inquiets quand ils voient une personne qui [n’]est complètement pas reconnaissable sur la rue».
«Il y a la sécurité et l’impression de sécurité», avance-t-il.
Enjeux légaux
Le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, trouve aussi la proposition intéressante.
Lui-même a d’ailleurs voté en faveur de l’amendement.
Il est toutefois «beaucoup trop tôt» pour savoir si cet aspect sera couvert par le projet de loi qu’il déposera pour encadrer les prières de rue.
Le visage couvert dans l’espace public amène plusieurs préoccupations, estime Jean-François Roberge.
«Ça peut poser un enjeu de sécurité dans des manifestations, dans d’autres circonstances», illustre le ministre.
«Il y a une question de vivre-ensemble aussi», ajoute-t-il du même souffle, puisque le visage voilé, notamment chez certaines femmes musulmanes, nuit à la «communication».
Mais le ministre souligne la nécessité d’évaluer les aspects juridiques.
«Ça soulève des enjeux qui doivent être étudiés sérieusement d’un point de vue des droits et libertés, d’un point de vue légal», insiste-t-il.
Problèmes d’application
Pour sa part, le ministre de la Sécurité publique, Ian Lafrenière, se demande bien comment il ferait appliquer la nouvelle règle, le cas échéant.
L’ex-policier a voté contre l’amendement, dont la portée est trop large à son avis.
Une fois la résolution adoptée, il a toutefois promis de se mettre au travail pour trouver une solution.
«J’entends que, les gens, c’est un point qui vient les chercher», dit-il.
«Je comprends où ils veulent aller. Après ça, c’est à moi à travailler avec mes équipes et les différents ministres pour voir quel est le chemin», a-t-il expliqué.