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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

L'abandon de milliers de conteneurs provoque une congestion au port de Montréal

Les clients y abandonnent leurs conteneurs, par manque de moyens ou d’espaces

Des conteneurs empilés dans le port de Montréal, hier. L’administration portuaire doit composer depuis peu avec une hausse rapide des délais de cueillette des conteneurs, entraînant des problèmes de congestion et le risque, à plus long terme, de l’imposition d’embargo sur l’arrivée de nouveaux navires.
Des conteneurs empilés dans le port de Montréal, hier. L’administration portuaire doit composer depuis peu avec une hausse rapide des délais de cueillette des conteneurs, entraînant des problèmes de congestion et le risque, à plus long terme, de l’imposition d’embargo sur l’arrivée de nouveaux navires. Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2022-08-10T04:00:00Z
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Le Port de Montréal connaît d’importants problèmes de congestions, provoqués par des milliers de conteneurs abandonnés par leurs clients, faute d’intérêt ou d’espaces suffisants pour en prendre possession, a appris Le Journal.

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«Si la situation était simple, nous l’aurions déjà réglée, répond Daniel Dagenais, vice-président, performances portuaires et développement durable de l’Administration portuaire de Montréal (APM). Mais comme elle ne l’est pas (simple), nous suivons la situation de très près et je vous assure que nous travaillons sans relâche pour éviter qu’elle ne s’aggrave.»

Le Port de Montréal est considéré comme le plus important de l’est du pays. Long de 26 km sur les rives du fleuve Saint-Laurent, il accueille quelque 2000 navires, 1,7 million de conteneurs et 35 millions de tonnes de marchandises par année. 

 -Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust au micro de Patrick Déry sur QUB radio : 

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La fin du juste à temps ?

Jusqu’à présent, le Port avait été relativement épargné par le chaos logistique qui a frappé la majorité des grands ports de la planète. Or, les choses ont commencé à se compliquer pour lui au cours des dernières semaines, alors que pour éviter de nouveaux retards, les entreprises ont changé leurs façons de faire.

Le just-in-time, qui depuis des décennies régissait en quelque sorte les chaînes d’approvisionnement de toute la planète, a fini par céder le pas au just-in-case, résume Mathieu Charbonneau, le PDG de Gargo M, le secrétariat de la grappe de logistique de Montréal. 

Évidemment, ce qui devait arriver arriva: tout en continuant de recevoir leurs anciennes commandes en retard, les importateurs se sont aussi mis à recevoir celles commandées bien plus en avance qu’à l’habitude, entraînant un goulot d’étranglement que nul ne semblait avoir prévu.

Trois fois plus longs

Résultat : plutôt que de cueillir leurs marchandises dans les deux jours suivant leur arrivée au port comme prévu, les entreprises tendent depuis ce printemps à repousser leurs obligations. 

Les délais de «5 à 10 jours» par conteneur ne sont plus rares, reconnaît M. Dagenais. 

Et bien qu’il y travaille, les choses ne s’améliorent guère. Le mois dernier, la moyenne de séjours des conteneurs s’établissait à 12,9 jours, soit trois fois le délai qu’il enregistrait à pareille date l’année dernière...

Ce manque de mouvement, parmi la «dizaine de milliers de conteneurs» en attente d’être pris en charge par leurs clients, entraîne une présence de conteneurs 30 % supérieure à l’habitude, évalue M. Dagenais. Cela suffit pour entraîner la congestion qu’il connaît actuellement et menace le port de l’imposition d’un embargo, advenant que les choses ne s’améliorent pas rapidement. 

Pénurie de terrains

Avant d’en arriver là, l’APM ainsi que Cargo M ne peuvent qu’encourager les clients en question à prendre leurs responsabilités en cueillant leurs marchandises. Mais à défaut d’espaces d’entreposage suffisant à leur disposition, plusieurs préfèrent encore payer les pénalités (350 $ à 600 $ par jour) qui leur sont imposées, se désole M. Charbonneau.

Ce dernier invite les entreprises à consulter l’ébauche de répertoire d’espaces d’entreposage qu’a préparé Cargo M à leur intention. Il répertorie pour l’heure 16 millions de pi2 extérieurs et 2 millions de pi2 intérieurs qui pourraient permettre de désengorger le Port. 

«Tout espace ou terrain pouvant servir d’espace de débordement serait le bienvenu», dit-il, se croisant les doigts pour qu’une solution soit trouvée rapidement. 

Un problème qui empire rapidement 

Séjour moyen des conteneurs au port de Montréal:

  • 4,9 jours en 2021
  • 8,3 jours en 2022 (de janvier à juillet)
  • 12,9 jours pour le mois de juillet 2022
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