Congédiement de John Tortorella: Martin St-Louis dépité du sort de son ancien entraîneur

Jonathan Bernier
PHILADELPHIE | Même si on le voyait venir depuis 36 heures, le congédiement de John Tortorella a été une véritable onde de choc à quelques heures de l’affrontement entre les Flyers et le Canadien.
Au-delà du misérable dossier de son équipe (4-10-2) depuis le retour de la Confrontation des 4 nations, c’est sa déclaration, mardi soir, au terme de la cuisante défaite à Toronto qui a sonné le glas du vénérable entraîneur.
«Ça ne m’intéresse pas vraiment d’apprendre à diriger une équipe dans le cadre de ce genre de saison où nous en sommes en ce moment», a-t-il lancé.
Avec toute l’expérience qu’il possède, on peut se demander si l’homme de 66 ans, qui a amorcé sa carrière derrière un banc de la LNH en 1989, n’a pas procédé à un suicide professionnel. En tout cas, on peut avancer sans crainte de se tromper qu’il en avait plein son casque.
«Torts est un gars très honnête. Ce n’est pas un gars qui se cache», a lancé Martin St-Louis, lors d’une mêlée de presse tenue dans un hôtel du centre-ville de Philadelphie. «Je ne connais pas tous les détails. J’ai beaucoup de respect pour lui.»
«C’est une bonne personne»
Ce n’est pas la première fois qu’on en parle. Tortorella a eu une grande influence sur la carrière qu’a connue l’actuel entraîneur-chef du Canadien. C’est lui qui lui a donné sa véritable première chance dans la LNH, avec le Lightning, à l’automne 2000.
«Torts, c’est une bonne personne», a indiqué St-Louis qui a remporté la coupe Stanley en 2004 sous les ordres du bouillant pilote. «Ce n’est jamais plaisant de voir quelqu’un perdre son poste, mais ça pince un peu plus quand c’est quelqu’un que tu connais.»

Les avis sont grandement partagés lorsqu’on parle aux anciens joueurs de l’Américain. Plusieurs ont détesté jouer pour lui. Ce n’est pas tout le monde qui a le profil pour bien performer sous la pression imposée par un homme aux allures rustres et à la mèche apparemment très courte.
Il faut être prêt à se faire dire ses quatre vérités. Un art qui n’est pas toujours facile pour des athlètes dans la jeune vingtaine.
«La vérité est meilleure quand tu vieillis», a déclaré le Lavallois, sourire en coin.
Des chocs constructifs
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si St-Louis insiste pour dire combien il est important de placer les joueurs devant la «vérité». La vérité étant d’être honnête avec chacun d’eux, d’appeler un chat un chat et d’éviter d’enrober les situations.
«J’ai appris beaucoup de lui. Il m’a amené à un autre niveau», a soutenu St-Louis. «Il m’a poussé à aller chercher une bonne vérité. Il m’a dirigé vers ça parce que lui, il n’avait pas peur de la dire. À n’importe qui.»
Sauf que parfois, ça crée des étincelles. Parfois, pour le pire, dans ce cas-ci, pour le meilleur.
«On ne se lançait pas toujours des fleurs. On avait chacun notre vérité et, parfois, elles s’affrontaient. Et c’est correct. Ça nous a permis de créer une relation forte.»
Une relation qui dure encore, près de 20 ans après le congédiement de Tortorella à Tampa.