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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Confusion autour des contre-tarifs d’Ottawa

Photo d’archives Agence QMI
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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2025-05-20T04:00:00Z
2025-05-20T04:05:15Z
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La majorité des contre-tarifs canadiens en réponse à Donald Trump sont toujours en vigueur, rappelle Ottawa, qui rejette un rapport affirmant que la plupart des contre-tarifs imposés aux produits américains auraient été levés.

• À lire aussi: François-Philippe Champagne nie que la quasi-totalité des contre-tarifs sont suspendus

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Une étude publiée la semaine dernière par Oxford Economics et relayée par Bloomberg avance que les droits de douane appliqués par le Canada en réponse aux mesures protectionnistes de l’administration Trump seraient désormais presque tous suspendus.

Selon cette analyse, les exemptions annoncées récemment par Ottawa réduiraient les contre-tarifs à un niveau «près de zéro».

Le ministre Champagne réfute

La Gazette du Canada publiée le 7 mai dernier fait effectivement état d’une série de suspensions temporaires, notamment pour des produits essentiels utilisés dans la fabrication alimentaire, les soins de santé, la sécurité publique et le secteur automobile.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, a toutefois contesté cette interprétation. Dans une publication sur X, il a assuré que 70% des contre-tarifs, sur un total de 60 milliards $ canadiens de marchandises américaines, demeurent en vigueur. «Le Canada a riposté aux tarifs américains avec la plus grande réponse de son histoire», a-t-il rappelé.

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Ces contre-tarifs incluent notamment une taxe de 25% sur de nombreux produits, y compris certains biens de consommation et des composantes automobiles. Bien que des ajustements aient été apportés, notamment pour soutenir temporairement des secteurs jugés stratégiques, le gouvernement soutient que les mesures de représailles restent largement actives.

«Le 15 avril, pendant la campagne électorale, on a annoncé des mesures d’allégement. Ce sont des mesures temporaires, pour que les gens aient le temps de se retourner et de trouver d’autres fournisseurs au Canada ou à l’international», confirme Audrey Milette, du cabinet du ministre Champagne.

Ces allégements touchent environ 30% des 60 milliards $ de contre-tarifs canadiens. Mais ils devraient revenir en vigueur dans cinq mois, ajoute-t-elle.

Une excuse pour monter les prix?

Malgré cela, l’opacité autour de ces allégements tarifaires soulève des critiques. L’expert en agroalimentaire Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie, note un manque de clarté dans les communications officielles, ce qui alimente la confusion du public. Certaines chaînes d’épicerie ont d’ailleurs justifié des hausses de prix par la persistance des contre-tarifs, bien que plusieurs produits alimentaires aient été exemptés.

Selon Charlebois, les prix à la consommation pourraient baisser dès la mi-juin, une fois que les stocks existants, affectés par les anciens tarifs, auront été écoulés. Il insiste toutefois pour que l’industrie ne se serve plus des droits de douane comme prétexte à l’augmentation des prix.

En mars, le gouvernement a imposé de nouvelles taxes à l’importation de 25% sur environ 60 milliards $ canadiens de produits fabriqués aux États-Unis, en réponse à la première vague de tarifs douaniers imposée par l’administration Trump.

Début avril, le Canada a également riposté aux tarifs américains sur les automobiles en imposant ses propres taxes sur les véhicules américains.

Exemption

Mais le gouvernement du premier ministre Mark Carney a ensuite annoncé une exemption tarifaire de six mois pour les produits utilisés dans la fabrication, la transformation et l’emballage des aliments et des boissons au Canada, ainsi que pour les articles liés aux soins de santé, à la sécurité publique et à la sécurité nationale.

Les constructeurs automobiles ont également bénéficié d’une exemption pour importer certains véhicules au Canada sans payer de taxes.

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