Confrontés à une pluie d’insultes, des déneigeurs appellent à la tolérance
Des clients seraient à cran à cause de la hausse des prix liés à l’inflation


Jérémy Bernier
«Pourri», «cabochon», «innocent», la pluie d’insultes lancées à l’endroit des déneigeurs n’a pas cessé cette année, même si les tempêtes de neige se sont faites plus rares. Un phénomène qui ne serait pas étranger à l’inflation.
Avec la bordée de neige qui est tombée sur Québec vendredi, il ne fallait pas chercher bien loin pour voir des publications de clients mécontents de leur déneigement sur les réseaux sociaux. Mais sur le terrain, les plaintes se transforment souvent en injures.
«Ça a toujours existé, mais on dirait que c’est pire depuis quelques années», souligne Dany Gariépy, propriétaire de la compagnie à son nom.
En pleine pénurie de main-d’œuvre qualifiée, certaines entreprises ont même vu des employés démissionner, n’acceptant plus de se faire lancer des propos orduriers.
«On en a perdu un au début de l’hiver, c’est une réalité à laquelle on doit faire face. Si ça continue comme ça, les gens vont avoir de la misère à trouver des déneigeurs», lâche Jean-François Bédard, d’Entretien JFB.

La grogne monte
Plusieurs entrepreneurs contactés par le Journal expliquent cette hostilité renouvelée par la hausse des coûts du déneigement engendrée par l’inflation. Forcés de payer plus cher, certains agissent comme si leur tracteur leur était réservé, déplore-t-on.
«C’est la pire affaire qui pouvait nous arriver. On a été obligé d’augmenter les prix et des clients pensent qu’on s’en met dans les poches», indique Pierre-Olivier Bédard, propriétaire des entreprises P.O.J.
La hausse du prix demandé par la plupart des déneigeurs est pourtant loin de couvrir l’augmentation du coût de la machinerie, de l’essence et des salaires des employés, affirme-t-on. La marge de profit en est donc réduite.

«Une machine qui nous coûtait 275 000$ l’an dernier nous en coûte 325 000$ cette année. Pour garder le même rythme, on devrait augmenter nos prix pas mal plus, mais on ne veut pas créer trop de grogne», souligne pour sa part Dany Lamontagne, directeur des opérations aux Entreprises Martin Roy.
Tolérance zéro
Il faut souligner que l’hostilité ne provient que d’une faible minorité de la population, assurent les déneigeurs, la plupart des clients étant très courtois.
Pour éviter des débordements, plusieurs compagnies ont néanmoins décidé d’adopter une politique de tolérance zéro.
«Quand ils nous manquent de respect, on annule leur contrat et on ne les reprend pas l’année suivante, tout simplement», indique Jean-François Bédard, précisant que cette situation n’arrive que très rarement.
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