Confrontation des 4 nations: une coupe du monde de hockey en 2028
Jonathan Bernier
La participation des joueurs de la LNH à des compétitions internationales a souvent été en péril depuis une dizaine d’années. Or, il appert qu’on entre dans une époque de certitude.
Mercredi, au Centre Bell, Gary Bettman et Marty Walsh, le directeur de l’Association des joueurs de la LNH, ont profité du lancement de la Confrontation des 4 nations pour annoncer le retour de la Coupe du monde.
La compétition se tiendra en 2028, deux ans après le retour des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques. La ligue acceptera dès maintenant les candidatures de différentes villes qui souhaitent devenir les hôtesses pour l’événement. Le tournoi pourrait même se tenir en Europe.
«La compétition internationale réunissant les meilleurs hockeyeurs est très importante pour nos joueurs – représenter leur pays sur la glace est ancré dans leur ADN – et les partisans adorent ça, a déclaré Bettman. Reprendre la participation aux Jeux olympiques la saison prochaine et organiser une Coupe du monde de hockey en 2028 offriront à davantage de joueurs l’opportunité de représenter plus de nations dans une compétition de haut niveau.»
La compétition, qui sera tenue en février, impliquera au minimum huit nations. Il n’y aura pas d’équipes mélangées ou inventées comme ce fut le cas en 2016 avec l’Équipe Europe ou l’équipe des 23 ans et moins de l’Amérique du Nord.
La question russe
Si l’on veut présenter un niveau de compétition le plus élevé possible, la réadmission de la Russie est souhaitable. Cependant, comme l’a fait remarquer Walsh, à juste titre, la question russe, qui a envahi l’Ukraine il y a trois ans, va bien au-delà du sport.
«Les joueurs russes souhaitent représenter leur pays. Ils veulent participer aux Jeux olympiques. Ils voudront assurément prendre part à la Coupe du monde, a indiqué le directeur général de l’Association des joueurs. Ce sont d’excellents joueurs, mais le problème en est un politique. C’est un problème mondial qui est plus grand que le hockey.»
«Ce n’est pas de notre ressort, a ajouté le commissaire de la LNH sur le même sujet. Ça revient à la Fédération internationale de hockey sur glace et elle vient tout juste de voter pour garder effective l’exclusion des Russes des compétitions internationales. Tout comme l’ont fait plusieurs autres fédérations sportives.»
Les Olympiques, ça tient toujours
Parlant de la Fédération internationale de hockey sur glace, on entend à travers les branches que le fait d’aller de l’avant avec ce projet de Coupe du monde pourrait mettre en péril la présence des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques de Milan, prévus pour l’an prochain.
La Fédération verrait d’un mauvais œil que la LNH organise un tournoi qui viendrait quelque peu court-circuiter le Championnat mondial de hockey tenu chaque année de la mi-avril à la mi-mai.
«On va aux Olympiques, a martelé Walsh. Il y a une entente entre la LNH, l’Association des joueurs, la Fédération internationale et le Comité international olympique. Je ne sais pas d’où vient cette inquiétude, mais nous serons en Italie.»
«Je ne vois pas pourquoi la Fédération internationale de hockey sur glace voudrait se priver des meilleurs joueurs au monde, que ce soit lors des Olympiques ou de n’importe quelle compétition internationale», a poursuivi Bettman, qui semble s’entendre beaucoup mieux avec Walsh qu’avec Donald Fehr, son prédécesseur.
Brad Marchand: «C’est super pour le hockey»
Privés des Olympiques depuis leurs présences aux Jeux de Sotchi, en 2014, les joueurs de la LNH voient cette annonce d’un bon œil. Ils auront désormais l’occasion de représenter leur pays dans une compétition regroupant les meilleurs joueurs de la planète tous les deux ans.
«C’est incroyable. C’est quelque chose qu’on apprécie beaucoup, a déclaré Brad Marchand après l’entraînement matinal de l’équipe canadienne. Représenter son pays, c’est l’accomplissement le plus élevé pour un joueur de hockey. C’est un niveau encore plus élevé que de faire la LNH.»
«Il y en a qui passent leur vie à travailler pour atteindre ce niveau, a poursuivi l’attaquant des Bruins. Avoir les Olympiques, une autre Coupe du monde et la possibilité que ça se poursuive par la suite, c’est super pour le hockey.»
Comme au soccer
Arrivé dans le circuit Bettman en 2005, Sidney Crosby a eu l’occasion de porter la feuille d’érable rouge lors de deux éditions des Jeux olympiques, de deux championnats du monde et de la Coupe du monde de 2016. Puisque la LNH a fait l’impasse sur les deux dernières olympiades, les plus jeunes n’ont pas eu cette chance.
«Enfin, on aura quelque chose de coulé dans le béton. Pour différentes raisons, il est arrivé souvent dans le passé que ce ne soit pas le cas, a lancé Crosby, nommé le joueur le plus utile de la Coupe du monde de 2016. Pour nous, d’avoir une idée de ce qui s’en vient, pour les partisans, de savoir qu’ils pourront voir encore une fois les meilleurs affronter les meilleurs, c’est grandiose.»
Dans le camp suédois, l’enthousiasme était tout aussi palpable.
«C’est excitant, a lancé Victor Hedman. On ne peut jamais tenir ce genre de compétition pour acquise. Je suis dans cette ligue depuis longtemps et ça faisait un bout qu’il n’y avait pas eu de compétition opposant les meilleurs joueurs. Ce tournoi, les Olympiques et la Coupe du monde, c’est une grande nouvelle pour le hockey, les joueurs et les partisans.»
Et, de l’avis de Ron Hainsey, directeur adjoint de l’Association des joueurs, cette récurrente alternance entre Jeux olympiques et Coupe du monde pourrait permettre au hockey de copier une recette qui fait le succès international du soccer.