Confrontation commerciale entre les États-Unis et la Chine: quelle est la stratégie de Donald Trump?

Donald Trump a initié une guerre commerciale avec la Chine à l'issue très incertaine, mais il lui reste à formuler une stratégie plus large vis-à-vis du géant asiatique, notent des experts.

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À l'aune de son deuxième mandat, le président américain avait vanté ses liens d'amitié avec le dirigeant chinois Xi Jinping, allant jusqu'à lui lancer une invitation à sa cérémonie d'investiture en janvier.

Mais en 100 jours de retour au pouvoir, il a choisi la voie de la confrontation commerciale. Il est aussi passé à l'offensive pour tenter de contrer l'influence de Pékin, du canal de Panama au Groenland, qu'il a menacé d'annexer.

Pour le reste, il n'a guère défini de stratégie à long terme.

Adepte d'une ligne dure face à la Chine, son chef de la diplomatie Marco Rubio semble trépigner.

Parlant des efforts de paix dans la guerre en Ukraine qui n'aboutissent pas, il a estimé que son pays avait peut-être d'autres chats à fouetter: «Ce qui se passe avec la Chine est plus important à long terme pour l'avenir du monde».

Marco Rubio accuse cet adversaire stratégique d'avoir été la cause de la «désindustrialisation» des États-Unis ces dernières décennies.

Mais il ne s'est pas encore entretenu avec son homologue chinois Wang Yi.

Le secrétaire d'État n'a pas non plus effectué de déplacement en Asie, pourtant considérée comme prioritaire par l'administration Trump.

Discussions en Suisse

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant aux États Unis. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Le président américain souffle le chaud et le froid en suggérant que les droits de douane contre la Chine pourraient baisser, alors que les deux premières puissances économiques réalisent qu'une guerre commerciale n'est pas tenable à long terme.

Le ministre américain des Finances et le vice-premier ministre chinois vont d'ailleurs se rencontrer dans les prochains jours en Suisse.

Dans un entretien publié vendredi dernier par Time Magazine, Donald Trump a dit avoir parlé au téléphone avec le dirigeant chinois, mais Pékin a démenti toute conversation.

Bien malin celui qui peut prédire lequel des deux dirigeants cédera en premier dans cette «partie de poker menteur», a relevé Yun Sun, du Stimson Center, lors d'un récent débat en ligne.

Wendy Cutler, vice-présidente de l'Asia Society Policy Institute, estime que «la Maison-Blanche pensait que ses relations avec la Chine seraient différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui».

Mais «l'escalade des droits de douane a été si rapide qu'il est difficile d'apaiser les choses à présent».

Et, selon elle, «la Chine n'est pas pressée (...) et pense que le temps joue en sa faveur».

Nombre d'observateurs notent que le président Trump, ancien homme d'affaires, voit la politique étrangère comme une transaction et qu'il est convaincu de pouvoir résoudre les problèmes tant qu'il négocie de dirigeant à dirigeant.

Alliances affaiblies

Cependant, pour Ali Wyne, de l'International Crisis Group, «il n'est pas certain que Trump ait une stratégie chinoise bien réfléchie».

Il relève, en outre, qu'en affaiblissant les alliances et les partenariats des États-Unis en Europe et en Asie, Donald Trump a de facto «réduit l'influence que les États-Unis peuvent exercer sur la Chine».

La politique du président américain permet à la Chine de «se présenter comme une force géopolitique plus stabilisatrice que la première puissance mondiale», ajoute-t-il à l'AFP.

Et celle-ci se rapproche de plus en plus de la Russie, comme le démontre la prochaine visite de Xi Jinping à Moscou.

L'ancienne administration démocrate du président Joe Biden avait renoué le dialogue avec Pékin au plus haut niveau, appelant à une gestion «responsable» des relations américano-chinoises, et renforcé les alliances en Asie-Pacifique pour faire face à la Chine.

Outre le commerce, les sujets de contentieux entre les États-Unis et la Chine sont nombreux, de la lutte contre le fentanyl, cette drogue de synthèse qui fait des ravages, aux activités de Pékin en mer de Chine méridionale ou autour de Taïwan.

Pékin a lancé début avril des manœuvres militaires de grande ampleur dans le détroit de Taïwan, visant notamment à éprouver sa capacité à frapper des cibles stratégiques, mais Washington est resté relativement discret.