Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Conflit Israël-Hamas: le recteur et des professeurs de l'UQAM visés par des «tracts haineux»

Des professeurs ayant un nom à consonance juive auraient reçu le tract dans leur bureau

Partager
Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2023-11-09T22:00:00Z
2023-11-09T22:38:49Z
Partager

Des «tracts haineux» ciblant le recteur et des professeurs ont été distribués à l’UQAM dans les derniers jours, un incident de plus illustrant le niveau de polarisation qu’a atteint le sujet du conflit Israël-Hamas sur les campus universitaires.

«C’est à prendre très au sérieux. Dès l’instant où on sent qu’il peut y avoir un geste antisémite, il faut intervenir», indique en entrevue téléphonique le recteur Stéphane Pallage. 

Dans un courriel envoyé jeudi aux membres du personnel de l'UQAM, M. Pallage a dénoncé le fait que des tracts le visant personnellement circulait.  

Le nouveau recteur, entré en poste au printemps dernier, serait explicitement nommé dans un tract où il est qualifié de «sioniste». Le sionisme fait référence au mouvement politique d'une partie du peuple juif visant à créer un État juif en Palestine. 

Le Journal n’a pas pu voir les tracts en question, mais une source a donné des exemples de leur contenu. «Malgré l’ambiguïté de l’imbécile qui nous sert de mascotte, le message qu’il veut faire passer est, somme toute, assez clair: le génocide des Palestinien.nes ne nous concerne pas; laissons le nettoyage ethnique suivre son cours», accuserait-on dans le tract.  

  • Écoutez l'entrevue avec Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur au micro de Mario Dumont sur QUB radio :
Publicité

Noms à consonance juive

Le caractère antisémite des tracts se trouverait dans la façon de les distribuer. Des professeurs ayant un nom à consonance juive auraient découvert que ces tracts avaient été glissés sous la porte de leur bureau, explique M. Pallage.  

«L’UQAM a le devoir comme université de promouvoir la paix et le respect», dénonce le recteur.  

Le professeur François Audet, spécialiste des crises humanitaires, serait également nommé dans un des tracts. Il ne donne pas de cours cette session-ci, mais a l’habitude d’intervenir dans les médias.  

«Clairement, les auteurs [des tracts] n’ont pas pris la peine de faire leurs recherches sur ce que je dis», s’étonne M. Audet, qui s’intéresse justement aux impacts des bombardements sur les populations civiles. 

François Audet, de l'Observatoire canadien sur les crises et l'aide humanitaire
François Audet, de l'Observatoire canadien sur les crises et l'aide humanitaire Courtoisie, Photo d'archives

«C’est un peu fâcheux. Ils ne rendent pas service aux causes actuelles», déplore-t-il. «C’est la première fois en 30 ans que je vois autant de polarisation.»

Les incidents illustrant la vivacité des tensions au sujet du conflit israélo-palestinien se multiplient sur les campus ces jours-ci. Une altercation à l’Université Concordia a dégénéré au point de faire trois blessés mercredi. Un chargé de cours de l'Université de Montréal a été filmé sur les lieux en train d'insulter des étudiants juifs. 

Publicité

Affiches «clivantes»

À l’UQAM, les auteurs des tracts demeurent inconnus, indique le recteur. On ignore également s’il s’agit de membres de la communauté uqamienne ou non.  

Une source ayant consulté un tract indique qu'on y trouve une référence à un groupe marxiste nommé La riposte socialiste.  

Simon Berger, étudiant à l’UQAM et militant au sein du groupe, a répondu à notre demande d’entrevue.  

Il indique ne pas être au courant des tracts visant personnellement des professeurs ou le recteur. «Votre courriel me l’a appris», précise-t-il.  

Tout en se dissociant des tracts, M. Berger ne les condamne pas. Il dénonce l’attitude de l’administration de l’UQAM, qu’il qualifie de «honteuse».  

L’origine de cette affaire semble être liée à des affiches intitulées «Intifada jusqu’à la victoire» posées à l’UQAM en vue d’une rencontre publique de solidarité envers le peuple palestinien, le 16 octobre dernier.

PHOTO FACEBOOK Capture d'écran Capture d'écran de l'événement Facebook du 16 octobre 2023 organisé par La riposte socialiste. Intitulé «Intifada jusqu'à la victoire», l'événement se voulant une activité de solidarité envers le peuple palestinien. Les Services à la vie étudiante de l'UQAM ont toutefois intimé le groupe de retirer les affiches. PHOTO FACEBOOK Capture d'écran
PHOTO FACEBOOK Capture d'écran Capture d'écran de l'événement Facebook du 16 octobre 2023 organisé par La riposte socialiste. Intitulé «Intifada jusqu'à la victoire», l'événement se voulant une activité de solidarité envers le peuple palestinien. Les Services à la vie étudiante de l'UQAM ont toutefois intimé le groupe de retirer les affiches. PHOTO FACEBOOK Capture d'écran Capture d'écran Facebook

Les Services à la vie étudiante auraient intimé le groupe de retirer les affiches, jugeant le sujet «trop clivant», explique M. Berger. «C’est une attaque sur la liberté d’expression.»  

Pour lui, cette histoire de tract est une «diversion». «Il y a 10 000 personnes en train de se faire assassiner par une armée d’occupation. C’est ça qui est le plus important.» 

«Pendant que se passe un génocide en Palestine, eux [l’administration] se soucient de la paix dans leur université. Pour moi, c’est de la complicité avec l’action de l’impérialisme israélien», dit M. Berger.  

Publicité
Publicité