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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Conflit de travail chez Air Canada: Ottawa ne compte pas réagir pour l’instant

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
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Photo portrait de Raphaël Pirro

Raphaël Pirro

2025-08-15T21:12:18Z
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Le gouvernement de Mark Carney ne compte pas s’ingérer dans le conflit de travail à Air Canada, du moins pas avant le début officiel de la grève des agents de bord, prévu vers 1 h du matin samedi.

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• À lire aussi: Air Canada: les agents de bord désertent leurs postes et disent non à l’arbitrage d’Ottawa

L’équipe de la ministre du Travail, Patty Hajdu, s’attend à une autre nuit blanche passée à surveiller les développements de ce conflit qui complique les vacances de dizaines de milliers de voyageurs en pleine haute saison.

La ministre disait attendre une réponse du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) jusqu’à midi vendredi. Celui-ci a finalement rejeté l’arbitrage réclamé par Air Canada.

L’entreprise s’est tournée vers Ottawa et réclame désormais d’imposer un arbitrage exécutoire, tandis que le syndicat, qui représente 10 000 agents de bord, demande «respectueusement» à la ministre de se tenir loin des discussions.

Les grands moyens

Comme il l’a fait pour les conflits au Canadien Pacifique Kansas City et au Canadien National à l’été 2024, Ottawa peut intervenir en forçant un arbitrage en vertu de l’article 107 du Code canadien du travail.

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Celui-ci permet de transmettre le dossier au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) qui, en retour, peut forcer le retour au travail et imposer un arbitrage.

Selon Marc Boudreau, avocat en droit du travail, cette avenue contrevient à l’esprit d’une décision de la Cour suprême qui remonte à 2015: pour procéder de la sorte, il faut que la grève ait des impacts prouvés sur la santé et la sécurité des Canadiens. Les arguments économiques ne suffisent pas, dit-il.

«Si le gouvernement intervient, il vient contrecarrer le processus de négociation entre les employés et l’employeur. Selon moi, la solution idéale, c’est une entente entre les parties, comme on l’a fait avec les pilotes d’Air Canada à l’automne passé», explique-t-il.

C’est aussi l’avis de la ministre Hajdu. «Les ententes conclues à la table de négociation sont les meilleures», écrivait-elle dans sa dernière déclaration au sujet de cette situation, jeudi.

La pression du public

Or, comme ce fut le cas pour les grèves de transporteurs ferroviaires ou encore pour le conflit de travail à Postes Canada à l’approche des Fêtes, l’invocation de l’article 107 reposait surtout sur des considérations économiques et une pression populaire.

Jusqu’ici, la ministre Hajdu n’a pas exclu d’y recourir.

Pendant que le syndicat accuse Air Canada d’attendre l’intervention du fédéral plutôt que de bonifier son offre, la grogne populaire pourrait aussi forcer la main de la ministre, même si les sondages montrent que les Canadiens penchent du côté des agents de bord à ce stade-ci.

«C’est sûr que la population, à un moment donné, va être en faveur de l’intervention politique, mais ça ne rend pas légal ce qui ne l’est pas, et le gouvernement ne devrait pas avoir à intervenir sauf s’il y a danger pour la santé et la sécurité», réitère Me Boudreau.

«Politiquement, il pourrait le faire malgré tout, parce que politiquement, ça passe.»

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