Confessions d’un ex-tueur à gages: panique au sein du crime organisé

Félix Séguin, Eric Thibault | Journal de Montréal
Des acteurs notoires du crime organisé québécois parmi ceux qui pourraient avoir été incriminés par l’ex-tueur à gages Frédérick Silva ont quitté le pays après avoir appris que ce dernier collaborait avec la police.
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Les autorités ont identifié des membres de la mafia montréalaise et des individus bien connus pour leur affiliation avec les motards Hells Angels au nombre de ces voyageurs partis à l’étranger cet été sans être revenus au bercail, a appris notre Bureau d’enquête.
Des sources policières nous confirment que l’un d’eux a quitté le Canada à bord d’un avion moins d’une semaine après que Frédérick Silva a été placé sous protection policière et escorté hors du pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines à bord d’un hélicoptère de la Sûreté du Québec (SQ), le 30 juin dernier.

Plusieurs Hells s’étaient ainsi exilés à l’étranger avant l’opération SharQc de 2009 quand leur ex-confrère Sylvain Boulanger a retourné sa veste pour collaborer avec la SQ.
« Il y a des bandits qui doivent freaker par crainte de se faire dénoncer aux policiers par Silva. Tous les commanditaires de ses meurtres sont sûrement inquiets. Ça se peut qu’il y en ait certains qui se poussent, même si leur cavale pourrait leur coûter une fortune », a commenté l’enquêteur à la retraite Roger Ferland.
Travail « crucial »
Hier, notre Bureau d’enquête rapportait que les confessions de Silva à la SQ et à la police de Montréal pourraient permettre d’élucider plusieurs dizaines de meurtres.
Nos sources évoquent même que l’impact des révélations du tueur de Terrebonne s’annonce « plus gros » par rapport à celles du délateur Gérald Gallant, qui a avoué 28 meurtres dont une vingtaine pour le compte des Rock Machine et du gang de l’Ouest pendant la guerre des motards.
Mais la tâche des policiers ne fait que commencer, d’après Roger Ferland, qui a enquêté pour la police de Québec sur une dizaine de meurtres perpétrés par Gallant lors des années 1990.
« Les policiers vont devoir décortiquer chaque détail des déclarations fournies par Silva et tenter de trouver des éléments de corroboration par des moyens d’enquête ou dans des dossiers de police pour en valider chaque ligne. C’est un travail crucial et difficile qui va prendre des mois », a-t-il expliqué, lui qui a fait cet exercice pour l’opération SharQc quand l’ancien Hells Angels Dayle Fredette est devenu délateur.
Vu avec des victimes
Les projets d’enquête Magot et Mastiff, menés entre 2013 et 2015, pourraient venir appuyer des déclarations de Silva.
Les policiers avaient alors constaté que l’ex-tueur à gages fréquentait plusieurs gros noms du crime organisé, dont certains ont fini par tomber sous les balles.

Ils l’ont notamment observé dans des restaurants ou des véhicules de luxe aux côtés d’au moins deux trafiquants de haut rang qui ont ensuite été tués et dont les meurtres n’ont toujours pas été résolus. Il s’agit d’Alejandro Ivan Silva Sanchez, un importateur de cocaïne lié aux cartels mexicains, et de Gaétan Sévigny, un proche des Hells qui dirigeait un réseau de vente de drogue sur la couronne nord de Montréal.
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