Conditions de travail: L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec préoccupé
Charel Traversy
L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) se dit inquiet par les changements à venir dans le réseau de la santé de la Mauricie et du Centre-du-Québec puisque d’ici deux semaines, le CIUSSS souhaite modifier les horaires et forcer le travail obligatoire la fin de semaine.
• À lire aussi: Un défi de recrutement titanesque: le réseau de la santé a besoin de 120 000 nouveaux travailleurs d’ici cinq ans
• À lire aussi: Échelle salariale: fini les passe-droits pour les nouvelles infirmières bachelières
«Est-ce que nos membres vont être appelés à se déplacer dans un secteur de soin qu'elles n'ont pas les connaissances et les compétences qui en découlent? Ça au niveau déontologique, il y a un enjeu», a interpellé le président de l’OIIQ, Luc Mathieu.
Il craint que la nouvelle mesure du CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec n'engendre d'autres problématiques.
«Il faut reconnaître l'expertise que les infirmières ont [...] et penser que les infirmières sont interchangeables dans un secteur de soin à l'autre, ce n'est pas vrai. En faisant cela, c'est nier l'expertise et les connaissances qu'elles ont développées avec les années», a-t-il ajouté.
L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec entend suivre de près les modifications apportées par la direction du CIUSSS au cours des prochains mois.
«Si la personne juge qu'elle n'a pas les connaissances, son obligation déontologique est d'en informer son employeur. Et son employeur doit en tenir compte. Si cela fait des années que tu travailles en pédiatrie et on veut t'envoyer en gériatrie, en soins de longues durées, ce n’est pas la même chose. Il va falloir voir les préparations qui seront données et l'exposition qu'elles vont avoir. Si c'est juste pour une journée, est-ce que cela en vaut la peine?», s’est interrogé Luc Mathieu.
Le CIUSSS défend sa nouvelle mesure qui sera d'abord imposée dans le réseau de Drummondville dans les secteurs 24/7. Dans un courriel transmis à TVA, le CIUSSS mentionne: «Nous souhaitons rencontrer notre partenaire syndical très rapidement. On peut tout à fait comprendre qu'une telle mesure puisse faire réagir et nous sommes à l'écoute des préoccupations de notre personnel. Au cours des prochains jours, la direction ira à la rencontre des employés concernés, en débutant par le personnel infirmier de Drummondville.»
Pour le CIUSSS, imposer de travailler les fins de semaine est la seule solution pour éviter de couper dans l'offre de service.
Le personnel n'a pas dit son dernier mot. Une deuxième assemblée générale extraordinaire s'organise mardi midi. Le syndicat fera connaître son plan d'action pour faire reculer la direction.
En parallèle, la pétition, qui vise à freiner la dégradation des conditions de travail des employés, cumule les appuis. Près de 5000 signataires ont déjà manifesté leur soutien.