Concurrence «déloyale» de Temu et SHEIN au Québec: «Si on n'agit pas rapidement, c'est la fin du commerce de détail»

Yannick Beaudoin
La popularité des plateformes Temu et SHEIN permet aux consommateurs québécois d’avoir accès à des vêtements et autres articles à faible prix, mais menace l’existence même des commerces ayant pignon sur rue.
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Plus de la moitié des commerçants d’ici affirment avoir connu une baisse de leur vente en raison de SHEIN et de Temu, révèle un sondage du Conseil québécois du commerce de détail.
Si 67% des répondants estiment que ces plateformes ont contribué à créer une baisse des prix sur le marché, plusieurs commerçants s’inquiètent des effets à moyen et long terme de ce nouveau type de commerce.
Ce sont 58% des commerçants qui attribuent une diminution de leurs ventes à ces plateformes, et 17% qui disent assister à une baisse marquée de leur chiffre d’affaires.
Pour 13% des commerces de détail, l’effet de Temu et SHEIN sur leurs ventes a causé une réduction de leurs effectifs.

Ces plateformes profitent de la guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis pour inonder le marché, indique le PDG du Conseil québécois du commerce de détail, Damien Silès, en entrevue à LCN.
Des boutiques éphémères ont été érigées dans plusieurs villes canadiennes, notamment à Montréal, au cours des dernières semaines, ce qui a contribué à la popularité de ces plateformes, mais il s’agit d’un piège, estime M. Silès.
«À aucun moment ces entreprises ne vont venir s’installer sur Sainte-Catherine pour ouvrir des magasins», affirme-t-il.
D’autres questions soulèvent des inquiétudes chez les commerçants, notamment en raison du «plagiat à outrance» et des enjeux environnementaux.
«La majorité de ces produits sont des produits qui ne sont pas recyclables. Donc au-delà de la joie d’acheter quelque chose de très peu cher, d’une qualité qui est très basse et surtout très dangereuse, on se retrouve avec des problèmes majeurs par la suite», clame Damien Silès.

Pour ce dernier, il s’agit carrément de commerce déloyal, puisque Temu et SHEIN ne respectent pas les lois canadiennes et québécoises en matière de sécurité et d’environnement.
Le PDG du Conseil québécois du commerce de détail accuse les gouvernements provinciaux et fédéraux de traîner de la patte pour mieux encadrer ces plateformes.
«Si on n’agit pas rapidement, c’est la fin, littéralement, de nos commerces et du commerce de détail. C’est impossible de faire face à des commerces monumentaux, déloyaux, que vous ne pouvez pas attaquer parce qu’ils ne sont pas enregistrés comme entreprises [...] et qui viennent inonder le marché», déplore M. Silès.
«Les commerces essayent de faire ce qu’ils peuvent, mais [c’est] impossible de tenir», ajoute-t-il.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.