«Conclave»: Ralph Fiennes et Isabella Rossellini dans les secrets de l’élection du pape

Isabelle Hontebeyrie
Le pape est mort, les cardinaux se regroupent donc au Vatican pour en élire un nouveau. Entre intrigues politiques et révélations fracassantes, le réalisateur Edward Berger, aidé par Ralph Fiennes et Isabella Rossellini, livre un suspense fascinant.
«J’aime les personnages complexes, qui vivent des contradictions», a indiqué Ralph Fiennes à l’Agence QMI lors d’une table ronde d’entrevues à l’occasion de la sortie du film. Car l’acteur connu dans le monde entier pour son interprétation de Voldemort dans la saga des Harry Potter joue, dans Conclave, le cardinal Lawrence. À la mort du pape, c’est lui qui organise le conclave et tente de faciliter l’élection du cardinal Bellini (Stanley Tucci), un réformateur.

Face à lui, d’autres candidats de poids, tels le cardinal Adeyemi (Lucian Msamati), le cardinal Tremblay (John Lithgow), un Québécois, ou encore l’Italien Tedesco (Sergio Castellitto).
«Lawrence doute de sa foi, se pose des questions et contemple la possibilité d’une vie monastique. Et il se retrouve brutalement à devoir gérer le Vatican, c’est quelque chose de très intéressant à jouer en tant qu’acteur.»
Comme les sœurs de sa congrégation, sœur Agnès (Isabella Rossellini) est appelée afin de préparer et servir les repas aux cardinaux durant le conclave. Mais elle se retrouve aussi mêlée à un scandale impliquant le cardinal Adeyemi.

«Je n’avais pas beaucoup de dialogues, mais sœur Agnès doit dégager de l’autorité. Cette dignité et cette autorité m’ont plu», a souligné, pour sa part, Isabella Rossellini.
Le doute central
En s’adressant aux cardinaux, Lawrence parle de l’importance du doute dans la vie, de l’absence de certitudes, un aspect de Conclave qui a résonné chez l’actrice de 72 ans, ancienne conjointe de Martin Scorsese, David Lynch et Gary Oldman.
«Ce discours sur le doute est, pour moi, la clé pour comprendre ce film qui est une ode au doute et au mystère, la base de la religion. Oui, bien sûr, Conclave traite de politique, de conservateurs et de réformistes, mais lorsqu’on sait qui va être pape, le film se conclut sur une question sans réponse, sur un mystère. Et cela m’a touchée.»

«J’ai été élevé dans la foi catholique, tout comme Isabella, mais j’ignorais tout de la procédure pour élire un pape, de même que les rituels qui ont cours au Vatican. J’ai demandé, d’ailleurs, à ce que nous puissions bénéficier des services d’un consultant en religion quotidiennement sur le plateau, a indiqué Ralph Fiennes.
On ne peut s’empêcher de voir dans Conclave de nombreuses similitudes avec la situation politique actuelle, notamment par rapport à la campagne électorale américaine.
«C’est naturel de faire un parallèle avec la société dans laquelle on vit, incluant des entreprises privées ou des partis politiques. Toute structure hiérarchique force un questionnement sur les qualités des dirigeants. On y trouve un questionnement sur le service à autrui, sur les raisons qui poussent une personne à vouloir se trouver en situation de pouvoir et c’est évidemment le cas en politique. Que cherchons-nous chez un chef d’État? Nous voulons de l’honnêteté, de l’intégrité, de la clarté, un but, une vision... Et bien sûr, nous avons tous une idée différente de ces concepts», de dire Ralph Fiennes.
Le Vatican... sur un plateau

Conclave a été tourné à Rome ainsi que dans les studios de Cinecittà de janvier à mars 2023.
«Certaines scènes ont été captées sur place, à Rome, mais aussi à Cinecittà, les studios popularisés par Visconti, Fellini et mon père [Roberto Rossellini] et dont les artisans ont pu recréer la chapelle Sixtine ou des parties du Vatican. C’était extraordinaire! Je m’y suis promenée en touriste puisque je n’avais pas de scène et j’ai été ébahie par la magnificence des lieux», s’est souvenue Isabella Rossellini.
Conclave arrive dans les salles de cinéma de la province dès le 25 octobre.