Compressions en éducation: le manque à gagner s’élève à 93 M$ au Centre de services scolaire de Montréal
Cette somme représenterait l’équivalent de 900 postes, selon nos informations.


Daphnée Dion-Viens
L’effort budgétaire imposé par Québec représente 93 millions $ au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), l’équivalent de 900 postes à abolir, selon nos informations.
Cette estimation a été évoquée jeudi par la direction du CSSDM lors d’une rencontre à laquelle ont participé près de 300 directions d’école.
Le manque à gagner pourrait toutefois être revu à la baisse si l’organisation parvient à respecter la cible d’effectifs fixés par Québec.
Le CSSDM, qui est le plus gros centre de services de la province, compte 18 265 employés, dont 14 000 enseignants, professionnels et membres du personnel de soutien. Ses coûts administratifs sont de 3,3%, indique l'organisation.
«Coupes pharaoniques»
«Déjà, si on coupait 50 ou 100 postes, ce serait beaucoup trop. L’idée même de 900 postes est complètement... il n’y a pas de mot pour le décrire. Ça n’a aucun sens», laisse tomber Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire.
Dans une communication envoyée aux membres du personnel vendredi, le CSSDM a confirmé le manque à gagner de 93 millions $ pour son organisation, un chiffre qui circulait depuis déjà plusieurs jours dans le réseau scolaire.
Une «réduction des dépenses» de 52,9 millions $ est imposée, à laquelle s’ajoute «une autre réduction de 39,7 M$ si le CSSDM ne respecte pas la cible d’effectifs» fixée par le ministère de l’Éducation, peut-on lire dans cette lettre obtenue par Le Journal.
«Concrètement, cela signifie l’obligation de diminuer le personnel travaillant dans nos services administratifs et nos établissements», indique sa directrice générale, Isabelle Gélinas.
«Des choix déchirants doivent être faits. Ainsi, jusqu’à nouvel ordre, les postes demeurés vacants suite à leur affichage resteront non comblés, les absences ne seront pas remplacées et des postes projets prendront fin», ajoute Mme Gélinas, qui a refusé notre demande d’entrevue à ce sujet vendredi.
«Inadmissible»
«La situation est inadmissible. Point final», affirme pour sa part le Comité de parents des écoles de Montréal dans un communiqué publié vendredi.
«Après la pandémie, qui a littéralement mis hors course nos enfants dans leur progression vers la réussite, voilà que l’on affirme qu’il est possible de couper 93 M$ sans affecter nos enfants. Vraiment ? Qui peut croire sérieusement que les parents de Montréal vont croire cela sans broncher ?», ajoute-t-on.
Une coalition regroupant des parents, des directeurs d’école et des membres du personnel s’organise pour protester contre les coupes en éducation.
Les restrictions budgétaires imposées par Québec au réseau scolaire représentent au moins 570 millions $ pour l’année 2025-2026.
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a réitéré jeudi qu’il ne s’agissait pas de «coupure» puisque le budget en éducation continue d’augmenter en 2025-2026.
Dans le réseau scolaire, on explique que cette faible croissance n’est pas suffisante pour couvrir les coûts de système, ce qui engendrera forcément des compressions.
À l’exception des augmentations salariales accordées au personnel, aucune autre dépense n’est indexée en fonction de l’inflation.
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