Compressions en éducation: des parents devront payer des centaines de dollars de plus pour envoyer leur enfant au privé cette année
Par exemple, le Collège Saint-Paul augmentera ses frais de scolarité de 250$

Dominique Scali
La majorité des écoles privées refileront aux parents une bonne partie de la facture des compressions du gouvernement Legault en leur demandant de payer plusieurs centaines de dollars de plus que prévu lors de la prochaine année.
«Je trouve ça un peu rapide, la vitesse à laquelle ils ont [annoncé la hausse]», s’étonne Didier Godot.
Son fils est inscrit au Collège Saint-Paul, à Varennes. Il a reçu ce matin un courriel annonçant que les frais de scolarité augmenteront de 250$ pour l’an prochain en raison des compressions considérables exigées par Québec.
Affichés à 4380$ sur le site web de l’établissement, ils monteront donc à plus de 4600$, sans compter les nombreux frais afférents.
Or, de nombreux parents pourraient recevoir une nouvelle semblable dans les prochains jours, a appris Le Journal.
«La majorité des collèges vont devoir augmenter leurs frais de scolarité dès maintenant», indique David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP).
Par exemple, beaucoup de collèges en Montérégie ont opté pour une hausse d’environ 200$, rapporte M. Bowles.
Avec ce montant, ce n’est même pas l’entièreté de la somme retranchée par le gouvernement qui est refilée aux parents, celle-ci pouvant monter à près de 500$ par élève, selon certaines estimations.
Ainsi, même en haussant les frais de scolarité, il se peut que des projets ou services doivent être coupés dans certains établissements, avoue M. Bowles.
Manque de prévisibilité
«Il y a des amis de mon fils, [leurs parents] rushent vraiment», dit M. Godot, qui s’inquiète pour ceux qui doivent faire des sacrifices pour envoyer leur enfant au privé.
Pour lui, le plus frustrant est que les frais de scolarité avaient déjà été établis pour l’année 2025-2026, ce qui contrevient à la prévisibilité dont les parents ont besoin.
«C’est un peu un bris de contrat», image-t-il.
Dans sa lettre, le Collège Saint-Paul précise que c’est la première fois que l’établissement doit revoir ses frais après les avoir annoncés officiellement.
D’ailleurs, la colère de M. Godot est surtout dirigée vers le gouvernement. «C’est inquiétant parce que jusqu’où ça [les compressions] va aller?»
«Réelle colère»
«Je sens une réelle colère [de la part des citoyens], remarque M. Bowles. Les parents sont en colère de coupures de cette ampleur-là en éducation par un gouvernement qui a toujours dit qu’il en ferait sa priorité.»
«On ne l’avait pas vu venir. [...] Les embauches étaient déjà faites, les contrats étaient déjà signés», explique Stéphane Mayer, directeur général du Collège Saint-Sacrement et vice-président de la FEEP.
Il fait partie des 18 signataires d’une lettre commune envoyée aujourd’hui aux parents des écoles privées des régions de Laval, des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais pour dénoncer les compressions exigées.
L’établissement de Terrebonne fait partie de ceux qui n’auront pas à hausser les frais réclamés aux parents cette année. Mais si les coupes se répètent année après année, le scénario risque de changer, craint-il.