Commission Gallant sur le fiasco SAAQclic: le responsable de l’enquête, Robert Pigeon, a travaillé auprès de Guilbault et de Bonnardel à 120$ l’heure

Nicolas Lachance
Autre apparence de conflit d’intérêts à la commission d’enquête publique sur SAAQclic: un fort lien d’emploi unissait le chef des enquêtes aux ministres Geneviève Guilbault et François Bonnardel jusqu’à tout récemment. La vice-première ministre lui a octroyé un contrat de gré à gré de 50 000$.
En juillet 2022, alors qu’elle était toujours ministre de la Sécurité publique, le cabinet de Geneviève Guilbault a offert un mandat payant à Robert Pigeon, l’enquêteur principal de l’actuelle commission d’enquête publique sur le fiasco SAAQclic.
Son mandat était d’accompagner la ministre pour la mise en œuvre des recommandations du Comité consultatif sur la réalité policière. M. Pigeon était payé à un taux horaire de 120$ pour réaliser ce contrat qui prenait fin en janvier 2024.
Ainsi, l’enquêteur a travaillé sous la gouverne de Mme Guilbault jusqu’en septembre 2022, puis sous la direction du ministre François Bonnardel jusqu’à la fin de son mandat.
Le document obtenu par le Parti Québécois démontre que l’ex-chef de police de la Ville de Québec devait travailler dans les locaux «précisés et autorisés par le ministre».
Rappelons que les ministres Guilbault et Bonnardel sont des acteurs ciblés dans le scandale SAAQclic.
À titre de ministre et ex-ministre des Transports, ils devraient comparaître durant la commission Gallant afin d’expliquer leur version des faits de ce scandale qui coûtera minimalement 1,1G$ aux contribuables, soit 500M$ en extra.

Des apparences de conflit
Au moins trois des responsables nommés pour faire la lumière sur cette affaire se retrouvent en apparence de conflit d’intérêts.
En premier lieu, il y a le commissaire Denis Gallant lui-même, qui a des liens de proximité avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Le PQ, comme les autres partis d’opposition, demande le retrait du commissaire. À la lumière de ces nouvelles révélations, il réclame maintenant l’arrêt de la commission. «C’est la goutte qui fait déborder le vase», a déclaré le péquiste Pascal Paradis.
Le libéral Monsef Derraji veut la publication rapide de la déclaration d’intérêt de son enquêteur principal.
«Sur son site, on mentionne qu’il a été consultant, mais sans préciser pour qui. Or, il a travaillé pour Guilbault et Bonnardel, deux acteurs clés du fiasco», a-t-il dit.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a seulement affirmé qu’il revenait au juge Denis Gallant de choisir les employés de sa commission.
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Pigeon et la commission se défendent
La porte-parole de la commission Gallant a défendu son chef des enquêtes, qui a obtenu des contrats dans le passé.
«Ce sont deux contrats avec le ministère de la Sécurité publique», a assuré Joanne Marceau. «M. Pigeon n’a jamais vu M. Bonnardel de sa vie. Concernant Mme Guilbault, il ne l’a pas rencontrée et ne lui a pas parlé dans le cadre de son contrat. Il l’a rencontrée dans le cadre de ses fonctions de chef de police de la Ville de Québec».
La ministre Guilbault aurait côtoyé professionnellement M. Pigeon alors qu’il était directeur du Service de police de la Ville de Québec, entre 2016 et 2021, a indiqué son cabinet.
Lors de son allocution d’ouverture à la commission d’enquête publique, le juge Denis Gallant a assuré une recherche objective et impartiale de la vérité. Le commissaire a tenté «de rassurer le public», qui est «préoccupé» par les nombreux liens entre des membres de la commission et ceux du gouvernement Legault.
Il exigera que tous ceux qui ont travaillé avec des témoins de fait déclarent leurs liens afin d’éviter toute apparence de partialité.
– Avec la collaboration d’Élisabeth Laplante, TVA Nouvelles
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