Comment va l’économie américaine? Ça dépend de la personne à qui on pose la question


Pierre Martin
Selon Donald Trump, les États-Unis sont plus prospères que jamais. Ce n’est pas ce que disent les données ni ce qu’en pensent les Américains.
Le choix des Américains en 2026, pour ou contre un Congrès qui fera contrepoids à Trump, dépendra beaucoup de l’état de l’économie. D’ailleurs, qu’on le veuille ou non, notre économie reste arrimée à celle des États-Unis.
Une économie A+++++
Trump prétend avoir tiré l’économie américaine du gouffre dans lequel l’avait plongée Biden (en 2024, The Economist appelait l’économie américaine «l’envie du monde») et que son pays est aujourd’hui le plus «hot» du monde (ce qui est hautement contestable).
À «son» économie, la meilleure de l’Histoire, Trump accorde la note A+++++, rien de moins! Selon lui, les prix ont baissé spectaculairement, l’emploi et les salaires progressent rapidement et les Bourses n’ont jamais mieux performé.
Ses tarifs et les montants d’investissements aussi fictifs qu’astronomiques qu’il affirme avoir attirés aux États-Unis lui font prédire une phénoménale renaissance industrielle. Il se vante même de l’exploit (mathématiquement impossible) d’avoir réduit le prix des médicaments de plusieurs centaines de points de pourcentage.
À ceux qui pâtissent, Trump dit d’attendre l’an prochain. Si on lui demande son plan d’action, il promet que ça viendra «dans deux semaines».
Bref, sur l’économie, Trump dit n’importe quoi.
Des données inquiétantes
Il est vrai que, pour la famille de Trump, qui engrange les milliards en vendant la présidence aux plus offrants, tout baigne. Idem pour les richards qui l’adulent à Mar-a-Lago et les techno-oligarques qui le manipulent comme une marionnette.
Pour le commun des mortels, toutefois, surtout ceux qui ont voté pour Trump en pensant qu’il allait stopper l’inflation et leur garantir un avenir meilleur, l’économie trumpienne ne remplit pas ses promesses.
En septembre, l’inflation était à 3,0%. Les chiffres plus récents ne sont pas disponibles, mais les prix de plusieurs denrées de base s’emballent, les tarifs d’électricité et les loyers grimpent et des millions d’Américains vont voir leurs primes d’assurance maladie doubler en janvier grâce aux républicains. Quant à l’impact économique des tarifs douaniers, ça s’annonce mal.
En novembre, la création d’emploi a été faible et le taux de chômage est passé à 4,6%, le plus élevé depuis 2021. Les indices boursiers ont augmenté de 12% à 18% depuis janvier, mais le dollar a fléchi d’environ 10% face aux autres grandes devises.
Un public pessimiste
Les Américains trouvent que l’économie va mal et ils s’attendent à pire.
La cote d’approbation de Trump s’enfonce. Selon la moyenne des sondages, son solde d’approbation (pourcentage qui approuve moins pourcentage qui désapprouve) oscille autour de -15 points. Pour l’emploi et l’économie, il est à -20. Sur l’inflation, il est à -30.
Ces chiffres sont pires que ceux de Biden quand l’inflation atteignait un sommet de 9,1% en 2022. L’indice de confiance des consommateurs est aussi à son plus bas depuis 2022.
En somme, les nuages s’accumulent au-dessus des perspectives de l’économie américaine pour 2026. Pour nous, ce n’est pas une bonne nouvelle. Pour les républicains qui essaieront de vendre les mensonges de Trump à un électorat affligé par ses politiques économiques, ce sera encore pire.