Comment transformer votre enfant en lapin
On a des leçons à apprendre du Japon !


Richard Martineau
Comme ceux qui me suivent sur Facebook le savent, je suis actuellement au Japon.
Deuxième fois en un an.
Et je vais certainement y revenir l’an prochain.
Même si on a l’impression d’entrer dans un four dès qu’on sort de l’hôtel.
LA RECETTE JAPONAISE
On est passé devant un parc pour enfants, l’autre jour, à Tokyo.
« Regarde ce parc, et dis-moi ce qui est étrange, m’a lancé ma blonde.
— Euh... C’est propre ?
— Oui, mais pas juste ça.
— La toilette publique est belle ?
— Oui, mais pas juste ça.
— Quoi, alors ?
— Il n’y a aucun adulte dans le parc. Aucun parent, aucun surveillant. Les enfants sont laissés à eux-mêmes. »
C’était vrai.
Alors qu’à Montréal, il y aurait six mamans, chacune avec un baril de Purell, ici, il n’y avait pas un adulte en vue.
C’est comme ça partout au Japon.
Tous les jours, on croise des enfants de six, sept ans, marchant seuls dans la rue.
Prenant le métro.
Ou attendant patiemment le feu rouge pour traverser un boulevard.
Personne ne semble surpris. Personne ne parle à ces enfants pour savoir s’ils sont perdus ou s’ils ont besoin d’aide.
Au Japon, le mot « hélicoptère » désigne un appareil qui vole dans le ciel grâce à une grosse hélice.
Pas un parent.
T’AS FAIT UN JOLI POPO ?
Voici ce qu’on peut lire sur la page Facebook d’une Française qui connaît bien le Japon :
« Au Japon, on apprend dès le plus jeune âge aux enfants à être autonomes, responsables et confiants.
« Les parents japonais ne font pas les devoirs à la place de leurs enfants. Ils ne cherchent pas d’excuses. Ils les accompagnent, mais leur montrent que chaque pas doit être fait par eux.
« Dans beaucoup d’écoles primaires, il n’y a pas de personnel d’entretien. Ce sont les élèves eux-mêmes qui nettoient les salles de classe, balaient les couloirs, lavent les toilettes.
« Pourquoi ? Parce qu’apprendre ne se limite pas à remplir un cahier. C’est aussi forger le caractère, développer le sens du collectif et l’humilité.
« Les enfants ne sont pas placés au centre de tout. Ils apprennent qu’ils sont membres d’une communauté, et que chacun a un rôle à jouer.
« Le “ génie japonais ”, c’est le fruit d’une culture fondée sur des valeurs fortes, transmises dès l’enfance. »
Pendant ce temps, qu’est-ce qu’on fait ici ?
On traite les enfants comme des petites choses fragiles.
Des p’tits lapins.
À l’école, on ne cesse de baisser la barre pour que tous les élèves passent.
On s’arrange pour que tout soit lisse, « bienveillant », facile.
Et pas seulement à la petite école !
Tenez, il y a quelques jours, Pascale Bourgeois, une chargée de cours au département d’Éducation à l’UQÀM qui publie régulièrement des textes d’opinion hyper intéressants dans les journaux, écrivait qu’elle avait reçu une lettre l’invitant à une rencontre de parents parce que son fils entrait... au CÉGEP !
« C’est une étape importante, votre enfant va socialiser », lui disait-on.
Calvaire, son fils (que j’ai rencontré et qui est hyper allumé) a 18 ans !
Mais on lui parle comme s’il en avait cinq.
Le pire c’est qu’on pense aider nos enfants en agissant de la sorte.
Alors qu’on leur nuit...