Comment un chasseur ultra-perfectionné a été utilisé contre... un gros ballon blanc

Agence France-Presse
Le pilote du F-22, fine fleur de l'US Air Force, a manié avec dextérité ce chasseur furtif, bijou de sophistication au coût faramineux, pour filer au-dessus de l'océan Atlantique et tirer un missile dernier cri sur... un énorme ballon blanc.
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Cette confrontation on ne peut plus déséquilibrée a eu lieu lorsque les États-Unis ont abattu le 4 février un aérostat chinois accusé d'espionnage par Washington et qui venait de survoler des sites américains protégés.
Le ballon est alors devenu l'improbable première cible aérienne de cet avion de combat ultra-perfectionné, l'un des plus chers au monde.
La prolifération d'objets volants non identifiés dans le ciel américain a fourni, dans les jours suivants, de nouvelles occasions d'utiliser ces appareils.

Des F-22 ont ainsi abattu vendredi et samedi des engins volants à haute altitude au-dessus de l'Alaska, puis du nord-ouest du Canada.
Dimanche, c'est un avion de combat F-16 qui a tiré sur un quatrième objet, volant au-dessus du lac Huron dans le nord des États-Unis.
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Ces opérations se sont déroulées sous l'égide du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) et du Commandement américain du Nord (Northcom), pas franchement habitués à donner des ordres de tir.

«Je crois que c'est la première fois que le NORAD ou le Northcom ont entrepris une action cinétique contre un objet aérien dans le ciel américain», a reconnu lundi le général Glen VanHerck, à la tête du NORAD, recourant à un euphémisme en vogue dans l'armée pour désigner les frappes aériennes.
Suivi du père Noël
Son commandement a été créé en pleine guerre froide par les États-Unis et le Canada pour surveiller l'espace aérien de leurs deux pays. Il est surtout connu du grand public pour son site de suivi du père Noël lors de sa tournée de distribution de cadeaux.
Quant au Northcom, il a été mis sur pied après les attentats du 11 septembre 2001 afin de protéger spécifiquement les États-Unis.
Sous leur direction, les chasseurs F-22 avaient surtout servi jusqu'ici à intercepter des avions russes qui s'approchaient un peu trop de l'espace aérien nord-américain.

Le F-22 Raptor, construit par Lockheed Martin et Boeing, est l'un des chasseurs les plus performants au monde, le seul capable – selon ses constructeurs – d'associer agilité, furtivité et vitesse supersonique.
Ces qualités sont censées lui permettre d'abattre des cibles bien plus coriaces qu'un ballon plutôt lent, gros comme trois autobus.
Or, la production du F-22, commencée en 2001, a été stoppée dix ans plus tard, notamment à cause de son prix faramineux (143 millions de dollars par unité, selon l'armée de l'air), si bien qu'il n'en existe qu'environ 200 exemplaires.
Mis en service à partir de 2005, ils n'ont jamais participé à de réels combats aériens.
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Ils ont bien été utilisés lors de la guerre contre le groupe État islamique (EI) à partir de 2014, mais n'ont alors visé que des cibles au sol.
Pour abattre le ballon et les trois objets non identifiés, les chasseurs ont en outre utilisé une autre technologie de pointe: le AIM-9X, nouvelle version du missile Sidewinder, doté d'un système de guidage par infrarouge.
Le général VanHerck a indiqué qu'un missile avec système de guidage radar aurait eu une «moindre probabilité de succès» à cause de la petite taille des objets, et que l'appareil aurait risqué de traverser un champ de débris s'il avait utilisé son canon embarqué.