Comment le père de Félix Auger-Aliassime a changé la trajectoire de Gabriel Diallo: «Il a été dur avec moi»


Kevin Dubé
Le Canada aurait bien pu être privé du talent de Gabriel Diallo si, en 2016, Sam Aliassime ne décidait pas de le prendre sous son aile, convaincu qu’il y avait quelque chose à faire avec ce jeune athlète en pleine croissance.
Diallo avait alors été retranché sur Centre national d’entraînement de Tennis Canada.
«Il ne progressait pas beaucoup, mais c’était un garçon qui grandissait rapidement. Ce n’était pas facile pour la coordination, les blessures», avait expliqué M. Aliassime à la collègue Jessica Lapinski, lors d’une entrevue en 2022.
Diallo s’était entraîné pendant trois ans à l’Académie Aliassime, avant de rejoindre l’Université du Kentucky.
Un passage de trois ans qui aura assurément été marquant pour la suite de sa carrière.
«Si Sam ne prend pas Gabriel sous son aile à 14 ans, sa carrière est terminée. Il l’a hébergé et entraîné», estime même Louis Després, figure connue du tennis à Québec et co-fondateur du tournoi portant son nom, remporté à deux reprises par Diallo, en 2018 et 2019.
«Il a été dur avec moi»
Les yeux de Diallo s’illuminent, d’ailleurs, quand on lui parle du père de Félix Auger-Aliassime.
Certes, le jeune tennisman a tracé son chemin lui-même, à force d’éthique de travail et de persévérance. Mais il reconnaît que ces valeurs, qu’il juge fondamentales à son succès aujourd’hui, lui ont été inculquées par son premier mentor.
«Il m’a vraiment instauré la rigueur et la discipline. Il m’a fait comprendre que tu ne dois jamais laisser quelqu’un être plus exigeant envers toi-même, que toi-même. C’est là que j’ai eu la plus grande marge de progression. Il a été dur avec moi parce qu’il voyait mon potentiel», a reconnu l’athlète de 23 ans en entrevue au Journal.
Dur, oui, mais jamais dans l’abus, tient-il à préciser.
«Chaque joueur a une limite différente et je ne connaissais pas du tout la mienne à ce moment. Il y a eu des fois où il a été dur avec moi et, sur le moment, j’étais frustré mais, avec du recul, je réalise que j’en avais besoin, à ce stade de ma carrière. Et je le pense sincèrement. Sans lui, je ne serais pas le joueur que je suis aujourd’hui.»
L’approche nuancée de Laurendeau
Ce feu, inculqué par Aliassime, a fait en sorte qu’il a trimé au plus dur de ses capacités afin d’atteindre son but. À un certain moment trop, peut-être même, avoue-t-il.
Et c’est à ce moment que la présence de son entraîneur des deux dernières années et demie, Martin Laurendeau, a été précieuse.
«Quand tu es exigeant envers toi-même, tu peux tomber dans l’extrême et ne jamais être satisfait de rien, devenir trop perfectionniste et avoir des objectifs complètement irréalistes. C’est là que l’approche de Martin a fait la différence. Il voyait que j’étais trop dur avec moi et il parvenait à me calmer. Heureusement, il n’a jamais eu à me pousser pour en faire plus et ça, c’est grâce aux enseignements de Sam.»
Avec Richard Boutin