Comment Isabel Richer a contribué à l'amour de la cuisine de Christian Bégin
«Flambant nue» sera présentée à partir du 14 août.
Alicia Bélanger-Bolduc
Notre équipe a eu le privilège d’assister à la répétition de la dernière création du groupe Les Éternels Pigistes, Flambant nue. Fondée il y a maintenant 28 ans, la formation continue de briller grâce à l’engagement et à la complicité indéniables de ses membres. Parmi ceux-ci, on retrouve Christian Bégin, qui est aussi à la barre des émissions Curieux Bégin et Y’a du monde à messe, deux incontournables du paysage télévisuel québécois.
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Christian, parle-moi du plaisir de renouer avec tes amis sur scène.
J’en suis très heureux, car ça faisait presque neuf ans qu’on n’avait pas joué ensemble. On plonge également dans une formule qui ressemble à nos débuts avec un texte à sketchs écrit par Pierre-Michel Tremblay. C’est drôle, parce que je ne connais pas la suite, mais j’embrasse ce spectacle comme si c’était le dernier des Éternels pigistes. Je veux le savourer pleinement, car j’ai l’impression que ça sera peut-être nos ultimes retrouvailles. Ça me donne aussi un élan et une motivation dans mon jeu.
De quoi parle cette pièce?
On ratisse vraiment large, en abordant notre place dans l’univers sous forme de tableaux. On célèbre cette diversité du possible. On tangue entre l’excitation que procure le fait de faire ses propres choix et l’angoisse que ça peut provoquer.
On ne veut rien dévoiler, mais l’un des scénarios fait un lien avec tes ennuis de santé... Qu’est-ce que ça te fait de te replonger dans cet état?
L’auteur, Pierre-Michel, a beaucoup puisé dans nos préoccupations personnelles pour construire des tableaux des plus véridiques. Il a donc créé un univers où je suis sur une table d’opération, en ne sachant pas si je vais me réveiller. On s’interroge à savoir si mon heure a finalement sonné, et je me souviens très bien de m’être posé ce genre de question lorsque j’ai eu ma tumeur au cerveau. C’est assez puissant de recréer un moment de ma vie aussi fort que celui-là...



Qu’est-ce qui vous lie encore après toutes ces années, tes partenaires et toi?
La compagnie existe depuis 28 ans, mais cette amitié dure depuis encore plus longtemps! J’ai fini l’école en 1986, en même temps que Marie (Marie Charlebois), et j’ai toujours eu du plaisir à jouer avec Pier (Pier Paquette). Dans une autre vie, j’ai été en couple avec Isabelle (Isabelle Vincent). Peu d’amitiés traversent le temps de cette façon. C’est assez unique, aussi, dans le paysage théâtral québécois, une troupe qui travaille ensemble depuis si longtemps. J’aime profondément cette équipe, qui me fait rire et que je trouve très talentueuse. On est très chanceux.
Tu as toi-même écrit des pièces pour cette troupe. As-tu envie de t’y remettre prochainement?
Je pense que mon retour va passer par le théâtre. J’ai composé un show solo qui a eu le succès qu’on lui connaît... Pour conjurer le mauvais sort, je retournerais à l’écriture théâtrale, qui a été plus heureuse pour moi. Essayer, c’est aussi aller au bout de quelque chose et se dire qu’on n’est pas infaillible. Personne n’est à l’abri d’un spectacle qui ne fonctionne pas.
Tes deux émissions sont renouvelées: Curieux Bégin pour une 18e saison, et Y’a du monde à messe pour une 9e. C’est assez exceptionnel!
Dans le contexte télévisuel actuel, je suis dans les grands chanceux qui perdurent. Je ne m’attendais pas à ça du tout! Il y a cette culture, à Télé-Québec, que je dois saluer et qui crée des familles. Sans eux, je ne gagnerais pas ma vie de la même façon. Je suis si choyé d’avoir cette paix d’esprit. Je sais que l’aventure se terminera un jour, mais pour le moment, j’ai une famille télévisuelle qui prend soin de moi et ça me soulage énormément.
Quel élément de cette longévité est le plus satisfaisant pour toi? L’équipe, la création ou la fidélité du public?
C’est le lien que j’ai pu tisser avec les gens. Saint-Exupéry disait: «C’est le temps que tu accordes à ta rose qui la rend importante». Quand on développe des relations pérennes, ces connexions prennent tout leur sens. Je le perçois dans la façon dont le public m’aborde dans la rue, pour me dire que je fais partie de leur maison, de leur rituel du vendredi soir. J’adore les sujets infinis qu’on peut explorer en lien avec la nourriture, mais aussi ceux qu’on aborde avec les artistes et les gens qui viennent à Y’a du monde à messe. On fait appel à des découvertes pour que le public apprenne à les connaître, et on discute de tout plein de sujets qui touchent l’auditoire. J’ai également la chance d’avoir dans mon équipe des personnes qui me suivent depuis le début.
D’où te vient cet amour pour la cuisine?
Je proviens d’un milieu où la nourriture n’était pas très célébrée et où le niveau de la culture culinaire était assez modeste. Quand j’ai cohabité avec Isabel Richer pendant quatre ans, on était en situation d’extrême précarité et on avait beaucoup de difficultés à s’alimenter de façon diversifiée. À un moment, on s’est dit que ce n’était pas parce qu’on était pauvres qu’on n’allait pas se permettre de bien manger. On s’est donné le défi, une fois par mois, de surprendre l’autre avec un plat différent. C’est là que j’ai appris à faire de tout avec rien, et que j’ai compris que j’aimais beaucoup cuisiner. Je suis une bibitte dont le hamster tourne constamment, mais quand je fais à manger, je ne pense à rien d’autre.
Aimes-tu recevoir à la maison?
Ce n’est que du plaisir pour moi! Je suis quand même territorial dans ma cuisine, par contre! (rires) Il ne faut pas entrer dans mon espace quand je fais à manger. Ma blonde me demande souvent si elle peut aider, et j’apprécie l’élan, mais j’ai le goût de profiter de ce moment seul.
Ton projet d’épicerie, Le jardin du bedeau, s’est terminé dernièrement. Pourquoi avoir pris cette décision?
Je n’avais plus le temps, et quand on a une entreprise, il faut s’y consacrer corps et âme. Je l’ai fait pendant trois ans, mais je ne pouvais plus. Ma copropriétaire, Marie-Fleur St-Pierre, a repris le projet. Elle a même déménagé à Kamouraska. Elle est davantage en mesure d’assurer un suivi constant. J’éprouvais toujours une frustration et un deuil de ne pas être assez présent, et je ne voulais plus le faire vivre à l’équipe. On a passé beaucoup de temps, l’année dernière, à redresser l’entreprise, et je suis heureux de léguer à Marie-Fleur un commerce qui se porte très bien. Ça s’appelle maintenant la Supérette chez Marie, et je suis très impressionné par ce qu’elle en fait! C’est à la fois une libération, mais aussi un chagrin, parce que tous mes projets entrepreneuriaux se sont terminés. Je peux dire que celui-ci était mon dernier.
Tu as cependant toujours ta maison à Kamouraska. D’où provient ton attachement à cette région?
C’était un heureux hasard. À l’époque où mon fils Théophile était très jeune, j’étais toujours avec Dominique Leduc, et on se dirigeait vers la Gaspésie. On s’est arrêté à Kamouraska pour casser le voyage en deux, et j’en suis tombé amoureux! La deuxième année de Curieux Bégin, on a fait un spécial dans la région et j’ai rencontré une gang qui fait à présent partie de mon cercle proche. Je leur ai dit de garder l’œil ouvert sur les maisons à vendre. Je n’y croyais pas vraiment et tout le monde me trouvait fou de vouloir faire autant de route, mais j’ai déniché une maison, et en moins de 24 heures, je l’ai achetée. Maintenant, Kamouraska sera un lieu de repos pour moi.
Tu as récemment vendu ton condo pour vivre avec ta conjointe, Marie-Ève Perron. Comment se fait cette transition?
Ça se passe très bien, malgré tout le stress que représente un déménagement. On est très heureux et c’est une belle étape dans notre vie de couple. On est vraiment sous le charme du lieu et de notre nouvelle maison. C’est encore tellement récent qu’on est toujours dans les boîtes!
À part la pièce de théâtre, qu’est-ce qui occupera ton été?
Je veux vraiment prendre le temps de réfléchir à ce que je désire faire dans les prochaines années. Comment est-ce que je veux occuper le temps qu’il me reste? De quoi ai-je envie de le meubler et, surtout, à qui ai-je envie de le consacrer? Ce sera donc un moment de réflexion et d’apprivoisement de mon nouveau nid, auprès de mon amoureuse. On profitera aussi de l’été pour se déposer à Kamouraska.