Cominar s’efforce de convaincre
Les actionnaires rechignent à appuyer le projet de vente de l’ensemble des actifs

Martin Jolicoeur
À quinze jours du vote portant sur sa proposition de liquider l’entreprise, la direction du Fonds de placement immobilier Cominar paraît plus incertaine que jamais d’obtenir l’appui nécessaire de ses actionnaires.
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Par voie de communiqué, diffusé avant l’ouverture des marchés hier, Cominar informait ses actionnaires de la publication d’une présentation de 16 pages, par laquelle elle tente une fois de plus de convaincre ses « porteurs de parts » de voter en faveur de sa proposition.
Rappelons que le 24 octobre, Cominar a présenté la conclusion d’une entente en vue de la vente de l’ensemble de ses actifs à un consortium mené par la société immobilière Canderel. Le prix de vente a été établi 11,75 $ l’action, ou 5,7 milliards $.
Trop peu offert
Mais rapidement, de grands actionnaires de Cominar se sont élevés contre la proposition, jugeant l’offre de 11,75 $ l’action dérisoire par rapport à la véritable valeur de l’entreprise.
C’est le cas, entre autres, de Letko Brosseau et Associés, un important gestionnaire institutionnel et de l’investisseur George Armoyan, principal actionnaire en importance de Cominar, avec un peu moins de 10 % des actions de l’entreprise.
En entrevue avec Le Journal, ce dernier a estimé qu’un prix avoisinant les 16 $ l’action aurait mieux reflété les attentes des investisseurs, aujourd’hui déçus par la direction du fonds immobilier (FPI).
Hier, Cominar n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue. Mais par communiqué, l’entreprise se défend en soutenant que l’offre acceptée représente une prime de 16,3 % par rapport au cours moyen pondéré des 20 jours précédant l’annonce de son arrangement.
Qualifiant d’« impérieuses » les raisons appuyant sa vente, Cominar fait état de dettes de « plus d’un milliard de dollars » arrivant à échéance d’ici la fin de 2022 et d’un taux d’endettement apparemment « le plus élevé parmi les FPI canadiens de taille similaire ».
Pas convaincu
Rien de quoi ébranler, en tout cas, l’intention de Letko Brosseau de s’opposer à la vente Cominar au nom de ses clients qui compte pour plus de 3 % des parts de Cominar. « L’endettement de Cominar n’a absolument rien de dramatique. Il est même raisonnable », soutient son vice-président principal, Peter Letko.
Ce dernier rappelle que les cinq plus hauts membres de la direction chez Cominar se partageront près de 10 millions de $ comme prestations de cessation d’emploi avec la vente du fonds immobilier. Son président et chef de la direction, Sylvain Cossette, toucherait à lui seul une indemnité de départ de 5,2 M$.
Pour se conclure, la transaction doit être approuvée par au moins les deux tiers des voix exprimées le 21 décembre prochain. Hier le cours de l’action de Cominar a clôturé à 11,41 $, en baisse de 1,81 % sur un mois.