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L'article provient de TVA Sports
Sports

Combat annulé: la boxeuse transgenre veut continuer de pratiquer son sport

«Ce genre d’action met les athlètes à risque d’être exclus ou de recevoir des attaques personnelles», a notamment regretté Mya Walmsley.

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Jessica Lapinski et Mylène Richard

2023-11-02T12:28:43Z
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La boxeuse transgenre qui n’a pu se battre aux championnats provinciaux des Gants dorés, le week-end dernier, en raison du désistement de son adversaire, ne veut pas que cette histoire l’empêche de poursuivre la pratique de son sport.

Mya Walmsley a été surprise par la sortie publique de sa rivale en début de semaine, mais raconte avoir été inondée par le soutien des membres de son gym montréalais et par la communauté de la boxe.

L’étudiante à la maitrise en philosophie à l’Université Concordia a mentionné dans un échange de courriels avec Le Journal jeudi qu’on l’avait encouragée à «dire [son] histoire et à continuer de boxer».

«Je boxe parce que j'aime le sport. J'aime son intensité et la stratégie. Il enseigne la détermination et le courage. Un gym de boxe, c’est un lieu où les personnes [peu importe leur] façon de vivre peuvent se réunir. J’ai l’intention de continuer à boxer», a confirmé l’Australienne de 27 ans qui réside à Montréal depuis deux ans.

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Un simple texto

Dans un communiqué envoyé aux médias plus tôt en journée, Walmsley a déploré que sa rivale ait «pris la décision de se retirer du tournoi sur la seule base d’un message texte reçu d’un entraîneur» qui annonçait qu’elle mettrait les gants avec une boxeuse transgenre. 

«Plutôt que de se tourner vers moi, mon entraîneur ou la Fédération québécoise de boxe olympique pour avoir plus d'informations, elle a décidé de se tourner directement vers les médias pour me outer», a écrit Walmsley. 

«Ce genre d’action met les athlètes à risque d’être exclus ou de recevoir des attaques personnelles basées sur des ouï-dire.»

«Je sentais qu’il était nécessaire de réagir publiquement parce que j’ai peur que ce type d’accusation puisse éventuellement être utilisée pour délégitimiser des athlètes de la catégorie féminine, et justifier les régulations arbitraires et invasives, a précisé au Journal Walmsley. Il n’y a pas beaucoup d’athlètes de la catégorie féminine, et une culture de soupçon et d’accusation fera en sorte qu'il y en aura encore moins.»

«Faire confiance»

Pour Walmsley, «la meilleure façon de s’assurer d’une compétition juste est de faire confiance aux entraîneurs et aux athlètes».   

«Iels sont les mieux placés pour choisir les catégories de genre les plus appropriées.»

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À Victoriaville, Walmsley devait disputer un premier duel amateur dans la catégorie novice 0-5 combats chez les 75 kg face à Katia Bissonnette. 

Cette dernière avait relaté au Journal, mardi, avoir appris par hasard une heure avant de grimper dans le ring qu’elle devait se frotter à une rivale née dans le corps d’un homme.

«Je suis débutante, je fais ça parce que ça donne un sens à ma vie [...]. Ce n’était pas à moi de trancher, alors j’ai préféré m’abstenir», avait raconté Bissonnette, disant ne pas avoir eu «d’information, par exemple concernant le taux de testostérone». 

«C’était tellement flou», avait ajouté celle qui craignait pour sa sécurité, ne connaissant pas la force de frappe de son opposante. 

C’est d’ailleurs le manque de transparence et d’encadrement de Boxe Québec qu’a dénoncé la psychologue de 36 ans.

Aucune règle

Comme l’a expliqué la présidente de la fédération provinciale, celle-ci relève de Boxe Canada, qui n’a pas de réglementation officielle sur les athlètes transgenres.

«Pour être sûr de bien faire les choses, on s’est référé à Boxe Canada, avait précisé l’ancienne double championne du monde Ariane Fortin. On nous a dit que cette personne pouvait concourir, qu’elle avait réussi les tests médicaux comme tous les autres boxeurs. On nous a aussi recommandé de ne pas en parler, même pas aux officiels, pour éviter la discrimination.»  

Pour sa part, Boxe Canada a confirmé au Journal qu’un comité travaillait déjà sur l’élaboration d’une politique sur cet épineux sujet.

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