Voyage en Colombie: une semaine colorée à Carthagène
Marie-Ève Blanchard
Située sur la côte nord de la Colombie, dans une baie protégée face à la mer des Caraïbes, Carthagène des Indes est une ville historique qui mêle charme colonial et ambiance caribéenne. Fondée par les Espagnols, elle a rapidement prospéré grâce à son port stratégique et constitue aujourd’hui un arrêt incontournable pour qui désire approfondir la Colombie.

Trois ou quatre bonnes journées suffisent pour découvrir à pied cette ville patrimoniale de l’UNESCO. Rien de tel qu’un tour guidé pour apprécier son centre historique fortifié de remparts, véritable joyau d’architecture coloniale avec ses belles demeures aux façades multicolores et aux cours intérieures rafraîchissantes, ses balcons en bois et ses splendides portes en bois vernis ceintes de bougainvilliers.
Certes, il y a quelques incontournables, tels que la cathédrale Santa Catalina de Alejandria, la plaza Bolivar, la vue depuis les remparts sur Bocagrande, le parque Centenario, qui fait la jonction entre Getsemani et La Matuna et ses centres commerciaux, ainsi que le musée de l’or, qui n’a rien à voir avec celui de Bogota, mais qui offre tout de même de belles pièces. L’arrêt s’impose aussi dans des recoins moins connus, comme au cloître de La Merced, où les cendres de Gabriel García Márquez reposent dans une stèle supportant un buste de l’écrivain.

Le charme opère en observant les joueurs de dominos attablés au cœur d’une ruelle ou les palenqueras qui irisent la ville de leurs robes aux couleurs vives et de leurs sourires. Originaires de Palenque de San Basilio, un village qui a été fondé par d’anciens esclaves africains, elles maintiennent parfois en équilibre sur leur tête des paniers débordant de fruits tropicaux. Bien plus que des vendeuses de fruits, et au-delà du folklore, ces femmes portent avec elles l’histoire, la tradition et la vitalité d’une communauté. Assurément, elles prendront aussi la pose contre quelques pesos...
Quelques incontournables
Getsemani, quartier artistique

Quartier populaire, Getsemani séduit avec ses bars et cafés, ses maisons colorées tapissées de fresques, ses artistes et son emblématique calle (rue) de la Sierpe. Partout, les murs racontent l’histoire afro-caribéenne. L’idéal est d’y flâner au hasard des rues pavées et des rythmes vibrants de la champeta, une musique combinant des influences afro-caribéennes avec des éléments issus de musique africaine. En soirée, la Plaza de la Trinidad en devient le centre névralgique, où danses et spectacles s’improvisent. C’est là qu’a pris naissance en 1811 le mouvement de rébellion du pays, alors dirigé par Pedro Romero, qui a conduit à la déclaration de son indépendance.

Des étals de fruits aux tables primées

Avec leur charrette à bras remplie de mangues, ananas, avocats, les vendeurs ambulants égayent les rues de la «perle de la Colombie». D’autres proposent de la délicieuse nourriture de rue, patacones avec du fromage salé, ceviche, empanadas, et nombreux sont les restaurant où déguster des plats typiques de la côte tels que le sancocho de pescado, une soupe de poisson et de fruits de mer ou encore le fameux arroz con coco, un plat de riz à base de noix de coco.

Derrière quelques maisons colorées, la cuisine caribéenne colombienne est aussi devenue de la haute voltige. C’est le cas de Celele, cuisine laboratoire figurant dans la prestigieuse liste des 50 meilleurs restaurants du monde, où le chef Jaime Rodríguez Camacho fusionne les saveurs des Caraïbes entre traditions locales et innovation. Fleurs et ingrédients forestiers se marient tout en délicatesse et créativité pour proposer une incroyable expérience gastronomique à prix raisonnable. Plus récent, sur la rue adjacente, Matilde Cocina est aussi un véritable joyau méconnu à découvrir.

Escapade dans l’archipel de San Bernardo

Plutôt que la populaire Playa Blanca de Isla Baru ou les îles de l’archipel du Rosaire, on opte pour le farniente dans l’archipel de San Bernardo, un chapelet d’une dizaine d’îles plus éloignées, mais plus calmes. Bordées d’eaux cristallines, ces îles s’avèrent un véritable paradisa où il est doux dormir au minimum deux nuitées. Relaxation, kayak, planche à pagaie, plongée constituent les principales activités de même que la baignade avec le plancton bioluminescent. La mangrove de Isla Tintipán offre elle aussi tout un spectacle. En plongée en apnée, on y observe une kyrielle de coraux multicolores qui vivent à même les racines sous-marines de la mangrove. Un phénomène aussi rare que fascinant!

Le parc national de Tayrona

Bien que située à cinq heures de Carthagène, cette réserve protégée vaut assurément le déplacement! Constitué de forêts tropicales humides, plages de sable blanc et criques rocheuses, ce parc abrite une faune exceptionnelle composée notamment de singes hurleurs, d’iguanes et même de jaguars. Le peuple indigène kogi y réside dans des huttes. Petits, habillés de blanc contrastant avec leurs longs cheveux noirs, ils n’hésiteront pas à se montrer bienveillants. À leur demande, le parc est fermé trois fois par année, afin qu’ils puissent faire leurs rituels dans ce territoire sacré et que la nature puisse se régénérer.

Des deux entrées principales, privilégiez celle de Calabazo plutôt que celle d’El Zaino. On évite la cohue de touristes et on s’assure une randonnée époustouflante. Idéalement, on dort une ou deux nuits dans une tente sur la plage de Cabo San Juan ou dans un écohébergement rustique non loin.

Infos pratiques

Quand y aller
- La meilleure période est lors de la grande saison sèche, de décembre à avril. Une seconde saison sèche a lieu en juillet et août. Il fait chaud à Carthagène, la température oscille autour des 31 °C ou plus l’après-midi!
Se loger
- Plutôt que Bocagrande avec ses gratte-ciel, ses plages et ses airs de Miami – quartier que l’on surnomme d’ailleurs «Little Miami» –, on opte pour Getsemani ou San Diego, depuis lesquels on peut tout réaliser à pied.

Se déplacer
- Privilégiez le taxi (assurez-vous de demander le prix avant ou de vérifier que le compteur est en fonction) ou encore mieux le Uber. Pour se rendre vers Santa Marta, Marsol offre le transport dans des minibus confortables. L’archipel de San Bernardo se gagne en deux heures en vedette avec l’agence Tranq It Easy.
Se rendre à Carthagène
- Air Transat propose des vols directs entre Montréal et Carthagène, deux à trois fois par semaine, de novembre à la fin avril.
- Copa Airlines propose des vols quotidiens depuis Montréal avec escale à Panama City. Le programme d’escale gratuite (Panama Stopover) permet de séjourner jusqu’à sept jours au Panama avant ou après le vol.

Exigences d’entrée
- Les citoyens canadiens doivent payer à l’arrivée une taxe de 85$ CA pour entrer en Colombie. Tous les voyageurs sont tenus de remplir un formulaire de préenregistrement à l’immigration colombienne, 1 heure à 72 heures avant leur départ.
