Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Colin Powell: ses 13 règles

Colin Powell
Colin Powell Photo d'archives, AFP
Partager
Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2021-10-18T18:44:36Z
Partager

Nous apprenions lundi matin le décès de Colin Powell, général décoré et homme politique influent.

Lorsque je pense à Colin Powell, les souvenirs qui me reviennent sont ceux d’un homme d’origine modeste qui a su se hisser vers les plus hauts sommets. Originaire du Bronx, il n’est pas passé par West Point avant de connaître une carrière militaire qui est depuis entrée dans la légende.

Après avoir servi au Vietnam, il gravira tous les échelons avant de devenir le premier Afro-Américain à être chef d’État-major des armées. Honoré à plusieurs reprises pour sa bravoure, il a conseillé Ronald Reagan sur la sécurité nationale et sera plus tard choisi par George W. Bush pour diriger le secrétariat d’État, devenant, là aussi, le premier Noir à occuper cette fonction.

Si on pointe souvent en direction de sa présentation du dossier irakien à l’ONU en 2003 pour atténuer la portée de la contribution de Powell, on peut légitimement affirmer que c’est sur lui qu'on jette le blâme pour les mensonges de l’administration Bush sur la présence présumée d’armes de destruction ou encore pour la piètre qualité des informations fournies par la CIA et le Pentagone.

Outre cette association à un dossier qui servira de prétexte à la guerre en Irak, le reste de la carrière militaire et politique de Powell lui mérite des éloges, aussi bien de la part des démocrates que de celle des républicains. Amer, il a quitté l’administration Bush en 2005 et voté pour Barack Obama en 2008.

Publicité

Vous avez probablement déjà lu quelques articles qui font un survol de la vie de Powell, et je laisse à d’autres le soin de porter un jugement plus étoffé sur l’ensemble de son œuvre. Je voudrais cependant terminer ce court billet en vous présentant deux autres héritages que Powell laisse à ses concitoyens américains et qui démontrent ses qualités d’homme et de meneur.

Tout d’abord, on lui doit ce qu’on a appelé la doctrine Powell. Il s’agit d’une série de questions auxquelles on doit répondre positivement avant de déployer des troupes américaines dans un conflit. Les voici:  

  1. Des intérêts vitaux sont-ils en jeu?  
  2. Des objectifs atteignables ont-ils été définis?  
  3. Les risques et coûts ont-ils été objectivement analysés?  
  4. Toutes les autres options non violentes ont-elles été épuisées?   
  5. Existe-t-il une stratégie de sortie permettant d'éviter un embourbement?  
  6. Les conséquences d'une intervention ont-elles été évaluées?  
  7. Le peuple américain soutient-il cette action?   
  8. Avons-nous un réel soutien de la communauté internationale?    

Il serait intéressant de revoir l’intervention américaine en Afghanistan à la lumière des réponses que nous pouvons offrir à chaque question. À cette doctrine s'inspirant de l’ancien secrétaire à la défense Caspar Weinberger, j’aimerais ajouter 13 autres règles présentées par Powell. Il les a présentées ou s'y est référé dans plusieurs ouvrages; et elles sont destinées à des gestionnaires, qu’ils soient militaires ou civils.

Si les règles de Powell ne sont pas universelles, il serait souhaitable que plusieurs de nos dirigeants s’en inspirent. On y retrouve une pensée rationnelle, mais aussi une maîtrise des émotions. Les voici donc librement traduites:  

  1. Ça ne va pas aussi mal que vous le pensez. Ça ira mieux demain matin.  
  2. Il est légitime d’être en colère. Exprimez-la et passez à autre chose.  
  3. Évitez de mêler ego et fonction. La perte de votre fonction n’entraînera pas votre ego.  
  4. Vous pouvez le faire!  
  5. Réfléchissez bien à ce que vous souhaitez, vous pourriez l’obtenir.  
  6. Ne laissez pas des opinions contraires vous empêcher de mettre en œuvre une bonne solution.  
  7. Vous ne pouvez pas décider pour les autres, vous ne devriez pas les laisser décider à votre place.  
  8. Portez attention aux détails.  
  9. Partagez la reconnaissance de vos réussites.  
  10. Demeurez calme. Soyez attentionné.  
  11. Développez une vision et soyez exigeant.  
  12. Ne vous laissez pas guider par la peur ou par les défaitistes.  
  13. L’optimisme permanent a un effet multiplicateur.    

En 2008, on a fait grand cas de l’élection du premier président noir de l’histoire des États-Unis. Sans rien enlever au parcours de Barack Obama et sans vouloir atténuer la symbolique de l’événement, le parcours de Colin Powell est admirable et j’espère qu’on saura commémorer son héritage comme il se doit.

Publicité
Publicité