Colère et frustration des passagers dans le monde après la fermeture de l’aéroport londonien d’Heathrow

Muhammad Khalil pensait enfin retrouver sa femme au Pakistan. Talia Fokaides avait prévu de rejoindre sa mère à Athènes avant une opération à cœur ouvert. La fermeture vendredi de l’aéroport londonien d’Heathrow a bouleversé leurs plans, générant stress et frustration. 

• À lire aussi: IMAGES | Trafic aérien mondial perturbé: l'aéroport de Heathrow, le plus grand d’Europe, paralysé après un incendie

• À lire aussi: Heathrow, premier aéroport d’Europe en nombre de passagers

• À lire aussi: Heathrow fermé: plusieurs jours de perturbations, des millions envolés

M. Khalil, 28 ans, qui n’a pas vu sa femme depuis cinq mois, cherche désespérément un vol depuis un autre aéroport londonien. En vain. « J’avais planifié ce voyage il y a trois mois. J’ai dépensé une fortune », dit-il à l’AFP. « Je suis à la gare de Paddington (à Londres) depuis 5 h 30 du matin. Vous n’imaginez pas à quel point c’est stressant pour moi ».

L’aéroport d’Heathrow, l’un des plus fréquentés au monde, a fermé vendredi pour toute la journée, en raison d’une panne d’électricité causée par un incendie dans un poste de transformation électrique, depuis maîtrisé. Des milliers de passagers se sont vu demander de ne pas se rendre à Heathrow, à l’ouest de Londres, pour des raisons de sécurité.

Quelque 1 350 avions devaient y atterrir ou en décoller vendredi, et cette fermeture a entraîné des perturbations en chaîne dans le trafic aérien mondial, avec de nombreux vols supprimés ou reroutés.

Talia Fokaides, 42 ans, qui devait prendre un vol d’Heathrow pour Athènes, s’est précipitée à Gatwick, aéroport au sud de Londres, dès qu’elle a su qu’Heathrow était fermé. Elle a acheté un nouveau billet pour Athènes et espère embarquer à la mi-journée.

« Je me fiche de l’argent, il faut juste que je rentre chez moi avant la fin de la journée », dit-elle, expliquant que sa mère doit subir une opération à cœur ouvert vendredi. « J’ai juste besoin d’être là », répète-t-elle, la voix tremblante d’émotion.

« Impuissant » 

Aux États-Unis, Callum Burton, 21 ans, a vu son vol annulé après avoir embarqué jeudi soir de l’aéroport new-yorkais de Newark pour Heathrow.

« Nous avions enregistré tous nos bagages (...) Nous avons embarqué et étions prêts à décoller (...) quand nous avons malheureusement appris qu’un incendie s’était déclaré dans une centrale électrique voisine d’Heathrow. Nous sommes restés dans l’avion pendant une heure » avant que le vol soit finalement annulé, raconte-t-il à l’AFP, se disant « très fatigué et déçu ».

Mohammed al-Laib, un ressortissant tunisien, devait voler de Londres à Dubaï pour retrouver sa femme. Il ne l’a pas vue depuis des mois. « Je ne sais pas si j’aurai un autre vol. Je n’ai pas d’autre choix que d’attendre. Je me sens impuissant », dit-il.

Quelque 227 000 personnes transitent en moyenne chaque jour à Heathrow.

La fermeture de l’aéroport a été ressentie jusqu’en Asie.

À l’aéroport de Singapour, un couple qui se trouvait déjà dans la zone d’embarquement a dû rebrousser chemin.

« On nous a dit que le vol était annulé à cause d’un incendie à Londres », déclare l’homme à l’AFP, préférant garder l’anonymat en raison de son travail. « On nous a réservé une chambre d’hôtel et on nous a dit que nous serions informés dès que le prochain vol serait disponible ».

Certains passagers reroutés d’Heathrow se sont aussi retrouvés sans correspondance, comme quatre Français venant d’Afrique du Sud qui devaient se rendre à Nice (sud de la France) vendredi. 

Cette destination n’est pas desservie depuis Gatwick, où ils ont atterri, ont-ils dit à l’AFP avant de s’engouffrer dans un bus.