Coincés grâce à la vigilance d'une maman: un homme et une femme reconnus coupables de proxénétisme
Ils avaient incité une adolescente de 17 ans à se prostituer


Valérie Gonthier
Coincés par une mère qui avait retracé sur internet des annonces proposant les services sexuels de son adolescente, un homme et une femme viennent d’être reconnus coupables de proxénétisme.
La victime, alors âgée de 17 ans, n’avait jamais fait de prostitution avant 2018. Mais lorsqu’elle a rencontré Jeffrey Audet et Evlyne Lamer dans un motel lors d’une fugue, ils lui ont rapidement proposé d’avoir des relations sexuelles avec des clients pour faire de l’argent rapide.
Elle avait d'abord refusé, se disant trop gênée, mais avait changé d’idée. Durant plus d’une semaine, la jeune femme croit avoir fait «au moins 15 clients». On ne l’a jamais forcée, elle était volontaire, a-t-elle indiqué au procès.
Mais elle n’avait que 17 ans, les accusés connaissaient son âge. Et il est interdit d’amener une victime mineure à rendre des services sexuels moyennant rétribution, a rappelé le juge Antoine Piché, dans un récent jugement, en les condamnant.

«Le fait que la personne mineure accepte volontairement d’offrir des services sexuels ne change rien à l’affaire. [...] La société ne peut tolérer que la naïveté et l’immaturité de la jeunesse soient instrumentalisées pour inciter les personnes mineures à offrir des services sexuels moyennant rétribution», a écrit le magistrat.
«Plus une novice»
Selon ce dernier, sans l’intervention des accusés, jamais l’adolescente, dont l’identité est protégée, n’aurait été initiée à la prostitution, «du moins pas au moment précis où elle a commencé à le faire»
Evlyne Lamer, qui s’adonnait à la prostitution, ainsi que Jeffrey Audet, son copain de l’époque, lui ont en effet enseigné le bon fonctionnement de la vente de services sexuels. La femme a pris les photos de la jeune à publier sur des sites d’escortes, l’homme lui a trouvé son premier client. Ils géraient aussi les annonces et les demandes de clients.
Après chaque service offert, l’adolescente devait remettre 50% de ses gains à Audet, en échange d’une «protection».
Après quelques jours, les accusés avaient même convenu d’augmenter ses tarifs, «puisqu’elle n'[était] plus une novice».

Ils planifiaient déjà des projets avec elle, lui promettant de l’amener à des événements très payants, comme la Formule1 à Montréal ou le Festival Western de St-Tite.
Retrouvée grâce à un appel
Le 9 juin 2018, la jeune a donné rendez-vous à un Mario. Elle le croyait intéressé à obtenir des faveurs sexuelles. Mais il s’agissait plutôt d’un enquêteur du Service de police de l’agglomération de Longueuil qui venait la chercher.
Elle avait été retrouvée grâce à la vigilance de sa maman.
La jeune l’avait appelée plus tôt à partir du téléphone des accusés. Ne reconnaissant pas le numéro, la mère avait effectué des recherches dans un moteur de recherche. Elle était alors tombée sur des images de son enfant en sous-vêtements, publiées sur des annonces de services sexuels. Elle avait immédiatement appelé la police.
À son procès, Jeffrey Audet avait tout nié, mais le juge ne l’a pas cru. Evlyne Lamer et lui ont ainsi été reconnus coupables d’avoir incité une mineure à offrir des services sexuels et d’avoir fait la publicité de ses services. Audet a aussi été déclaré coupable d’avoir bénéficié d’un avantage pécuniaire.
Ils reviennent la semaine prochaine pour la suite des procédures.
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