Coincé au Mexique avec sa famille: un père redoute le pire sans ses médicaments

Nicolas St-Pierre
Coincé au Mexique avec sa famille en raison du conflit de travail chez Air Canada, les vacances d’un Lavallois en situation de handicap sont sur le point de tourner au cauchemar alors qu’il pourrait manquer de médicaments essentiels s’il ne revient pas au Québec dimanche, comme prévu.
«Je ne veux pas y penser et je ne veux surtout pas m’imaginer vivre une seule journée sans mes médicaments, parce que la douleur va être atroce. Le stress est déjà insupportable, c’est épouvantable. Il n’y a absolument aucun soutien et je ne sais plus quoi faire», explique, désespéré, Joseph Flaubert Duclair.
Atteint de polyneuropathie héréditaire dégénérative, une maladie neurologique, le voyage de celui qui doit se déplacer en fauteuil roulant avait déjà mal commencé le 4 août dernier alors que sa prise en charge à l'arrivée de son vol, déjà retardé de 5h, n’avait pas été prévue. Il n’y avait d’ailleurs aucune passerelle reliant l'avion à l'aérogare pour le débarquement.
«Les agents mexicains, qui étaient complètement dépassés, ont dû me porter à bout de bras, sur le fauteuil roulant, pour me débarquer de l'avion. Ils m’ont amené dans une navette, non accessible aux personnes handicapées. Donc, ils ont dû aussi me porter à bout de bras pour m'y embarquer.»
«Le lendemain j'avais mal partout. Je me suis tellement senti humilié», a-t-il confié en entrevue avec Le Journal.
«C’est vraiment cruel»
Comme si ce n’était pas suffisant, il a ensuite appris que son vol de retour serait annulé en raison du lockout visant des agents de bord d’Air Canada, sans toutefois obtenir une quelconque forme de soutien de la part du transporteur.
«J’ai beaucoup d’empathie et je suis de tout cœur avec eux, mais de laisser tomber des gens qui ont des besoins comme ça, c’est quelque chose. Autant de la part du syndicat que d’Air Canada, c’est vraiment cruel. Je suis couché depuis vendredi parce que j’ai mal partout et je me sens tout engourdi en raison du stress.»
«Ils devraient au moins mettre en place des mesures d’urgence pour prendre en charge les personnes qui sont malades ou vulnérables. Je suis certain que je ne suis pas la seule personne dans cette situation», a-t-il poursuivi.
Celui qui déplore le piètre service à la clientèle d’Air Canada dit même s’être fait raccrocher au nez alors qu’il tentait d’expliquer qu’il ne pouvait se permettre d’attendre jusqu’au 20 août pour revenir au Québec.
Fragilisé à vie
Cloué au lit depuis vendredi en raison d’engourdissements provoqués par le stress que lui inflige cette impasse, le père de famille explique que sa situation pourrait empirer dans les jours à venir.
En effet, s’il n’a pas ses médicaments à temps, des symptômes tels que des crampes, des spasmes et des douleurs chroniques pourraient commencer à se manifester, ce qu’il redoute au plus haut point.
«La maladie apporte déjà une charge mentale importante et maintenant on se retrouve en voyage, dans un autre pays, sans aucune aide. Ça laisse des traces et c’est vraiment angoissant. Je n’aurai plus envie de partir et ça aura certainement un impact sur ma famille également», a-t-il conclu ébranlé par la situation.