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L'article provient de Le Journal de Montréal

Cinquante nuances d’orange

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Photo portrait de Guillaume St-Pierre

Guillaume St-Pierre

2022-03-23T09:00:00Z
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C’est éminemment habile. À défaut d’être capable d’obtenir une majorité, Justin Trudeau a réussi à se négocier l’appui du NPD jusqu’en 2025. ​

Il aura donc la conscience tranquille pour préparer ses prochaines élections, mais plus probablement sa sortie. 

Pour Justin Trudeau, cette alliance comporte peu de risques. 

Pour les finances publiques et Jagmeet Singh, c’est une autre histoire. 

Si le plan libéral/néodémocrate va de l’avant, on assistera à une expansion du filet social sans précédent. 

Le prix des programmes d’assurance dentaire et médicaments qu’ils comptent mettre en place se calcule en dizaine de milliards. 

Or, la feuille de route qu’a dressée l’alliance est très pauvre en nouveaux revenus et en idées pour créer de la croissance économique. 

Soudé à la hanche

Quoi qu’en dise Justin Trudeau, les Canadiens n’ont pas voté « pour ça ».  

Ils n’ont pas voté pour le programme du NPD, qui lui sert maintenant de rampe de lancement pour ce troisième mandat minoritaire.

Il y a six mois, en campagne électorale, les libéraux n’avaient pas cru bon d’adopter les idées qu’il défend aujourd’hui avec le NPD. 

Un résultat électoral décevant avec à la clé un gouvernement minoritaire change bien des choses, faut-il croire. 

Justin Trudeau et Jagmeet Singh sont donc soudés à la hanche.

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À ce point-ci, le bilan de l’un sera le bilan de l’autre. Il y a fort à parier que Justin Trudeau arrivera à s’attribuer tout le mérite. 

La position la plus inconfortable revient au chef du NPD. 

M. Singh n’a jamais démontré un réel intérêt à prendre le pouvoir.

Son pacte avec les libéraux est encore la preuve qu’il préfère obtenir des gains autrement que par le succès aux urnes. 

C’est honorable et le temps lui donnera peut-être raison. Il faudra voir à l’usage.  

Mais à court terme, c’est-à-dire pour le reste du mandat libéral, M. Singh aura beaucoup de difficulté à se débarrasser de son image de chien de poche.

Le Bloc, grand perdant

Au bout du compte, le Bloc Québécois est le grand perdant de la journée. Il vient pour l’essentiel de perdre son pouvoir de négociation dans ce gouvernement minoritaire. 

Pour le Parti conservateur, tout cela est peut-être une bénédiction.

Peut-être aura-t-il l’occasion de bientôt se poser en sauveur des finances publiques en déroute. 

Sa course à la direction, une des plus sales jamais vues, promet des lendemains difficiles où il sera beaucoup question d’unité. 

Mais bon, beaucoup d’eau coulera sous ce pont, et qui sait combien de temps cette alliance durera. 

Trois ans, en politique, c’est une éternité.

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