La SAQ, la SQDC, Investissement Québec, Hydro-Québec et Loto-Québec: cinq sociétés d’État cachent les salaires de leurs cadres

Charles Mathieu
Cinq sociétés d’État du Québec ont décidé de cacher les salaires de leurs cadres, malgré les demandes d’accès à l’information faites par notre Bureau d’enquête.
• À lire aussi: Hydro-Québec refuse de dévoiler les salaires de presque tous ses 2259 cadres
• À lire aussi: Au moins 2350 employés fédéraux à plus de 200 000$... mais Ottawa refuse de détailler ces données
• À lire aussi: François Legault refuse d’avoir une «Sunshine List» comme l’Ontario
La Société des alcools du Québec, la Société québécoise du cannabis, Loto-Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et Investissement Québec ont répondu par la négative comme l’avait fait Hydro-Québec il y a deux semaines.
Elles se sont contentées d’envoyer les salaires de leurs plus hauts dirigeants, dont les salaires sont déjà publiés en majorité dans les rapports annuels des sociétés d’État.
Par exemple, le PDG de la CDPQ, Charles Emond, a empoché 4,4 M$ en 2023 et Jacques Farcy de la SAQ a gagné 528 215$. Les salaires des autres cadres resteront toutefois cachés.
«Ça ne tient pas la route»
Les sociétés d’État ont presque toutes évoqué le fait que selon eux, ces informations sont confidentielles en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.
- Écoutez le segment économique d'Yves Daoust via QUB :
«À mon avis, ça ne tient pas la route, parce qu’on le fait ailleurs. Je n’ai jamais vu de problème créé par la diffusion des salaires. Au contraire, je pense que ce serait un pas de plus vers la transparence et la reddition de compte», soutient la professeure en administration publique de l’Université d’Ottawa Geneviève Tellier.

Par exemple, en Ontario, les salaires de tous les cadres et syndiqués des sociétés d’État sont divulgués dans leur «Sunshine List», un outil mis à jour par le gouvernement depuis 30 ans. Cette dernière contient près de 300 000 noms et salaires.
Au Québec, la seule liste du genre disponible est celle mise en ligne par Le Journal, qui montre les salaires de près de 20 000 employés de la fonction publique.
Questionné à ce sujet, le premier ministre François Legault a fermé la porte à la publication des salaires comme cela se fait dans les autres provinces.
- Écoutez la chronique société et réseaux sociaux avec Dominique Cambron-Goulet via QUB :
Informations confidentielles
Les sociétés d’État indiquent que la publication de telles données permettrait d’identifier des employés de l’État. Pourtant, les noms des employés apparaissent dans les listes publiées dans la majorité des provinces canadiennes.
Mme Tellier croit par ailleurs qu’une modification de la loi sur l’accès à l’information serait pertinente.
«Je n’ai trouvé aucun élément ou argument qui me dirait que cet aspect-là pourrait justifier pourquoi on garderait ça secret. On fait fausse route, selon moi», croit la professeure Tellier.
D’autres millionnaires à la CDPQ
Malgré tout, la CDPQ a accepté de révéler le salaire d’une minime partie de ses cadres en réponse à notre demande d’accès à l’information.
On y retrouve quatre millionnaires. Le mieux payé de ceux-ci est Marc Cormier, premier vice-président et chef du revenu fixe, avec une rémunération de 1,7 M$. Trois autres VP, Maarika Paul, Michel Lalande et David Latour, ont gagné plus d’un million de dollars en 2023. Tous les autres ont empoché un salaire de plus de 700 000$ avec leur rémunération variable.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.