Cinq questions à Guillaume St-Arnaud, réalisateur-coordonnateur de Sortez-moi d’ici!


Emmanuelle Plante
On peut dire que Guillaume St-Arnaud est un aventurier. Un aventurier des ondes qui s’amuse à placer ses protagonistes dans des situations inconfortables et à nous garder, téléspectateurs que nous sommes, alertes sur nos sièges. Les tournages auxquels il prend part n’ont rien d’ordinaires. Pendant cinq saisons, il a arpenté le Québec grâce à La petite séduction. On lui doit deux saisons de Vol 920. Quand il n’est pas aux quatre coins du monde, il réalise Pour emporter avec France Beaudoin et Espaces avec Sarah-Jeanne Labrosse.
Pour discuter de Sortez-moi d’ici !, nouvelle téléréalité de TVA qu’animent Jean-Philippe Dion et Alexandre Barrette, je l’ai rejoint à l’autre bout de la planète où il prépare Survivor Québec.

Rencontre avec un réalisateur qui n’a pas froid aux yeux et qui jongle autant avec des humains, des caméras que de grosses bibittes!
Qu’est-ce que ça prend comme réalisateur pour plonger dans une telle aventure?
La plus grande facette de mon travail est l’évaluation de la structure. J’ai six caméras, un jib (caméra au bout d’une grue), deux caméras robotisées et au moins quatre ou cinq go pro. Au camp, il y a 22 caméras robots. Je dois réussir à faire du spectaculaire et du grandiose avec les budgets du Québec. La plateforme du format se trouve en Afrique du Sud. Mais on s’est rendu compte que c’était plus cher d’y tourner que d’en bâtir une. J’ai appris à faire beaucoup avec peu. Nous avons tout construit dans un atelier à Montréal et envoyé par container. On est allés quatre fois en repérage au Costa Rica pour trouver le bon camp dans la jungle mais accessible, près d’un plan d’eau, et créer notre propre structure de travail.
Repartir de zéro doit-il exiger une grosse période de tests afin que tout soit sécuritaire?
C’est sûr que ça prend des testeurs. Des gens de l’équipe se sont prêtés au jeu afin de trouver le bon niveau de difficulté pour chaque défi. Il y a une notion de gestion des jeux qui est assez prenante pour atteindre un équilibre. Pour l’épreuve de l’hélicoptère par exemple, des spécialistes ont estimé la hauteur pour bien tomber. Des plongeurs ont scruté le fond de l’eau pour s’assurer qu’il n’y ait pas de roches. Le but c’est d’être sécuritaire, mais assez épeurant. On évaluait qu’à marée montante il était plus facile de nager. Pour un autre défi, on a tourné sur une falaise, il fallait pouvoir positionner les caméras de façon sécuritaire aussi. Il y a beaucoup de détails à évaluer. Des gens sont présents en permanence pour assurer la sécurité des participants. Il y a une ambulance à moins de 100 mètres, un médecin et un psychologue à temps plein. C’est très peu «arrangé avec le gars des vues».
Il y a beaucoup de bibittes dans chaque épisode. Est-ce facile à contrôler?
Le Costa Rica a une loi précise qui encadre la faune et la flore. Nous avions des wrangler pour les serpents, les insectes, les rats. C’est quoi 10 000 coquerelles? Est-ce assez? C’est beaucoup de gestion! Nous avions plein de vivariums. Il fallait les nourrir, s’assurer que chaque espèce cohabite bien avec les autres animaux. On a fait des tests de piqûres avec les scorpions, les araignées. Ça c’est ce qui était contrôlé, mais toute l’équipe devait être en sécurité. Deux locaux s’occupaient à temps plein de soulever les roches pour repérer les serpents qui ont l’air de branches et qui pouvaient représenter un danger.
Où sont les animateurs pendant les épreuves?
Notre régie était formée d’un village de containers. Alexandre et Jean-Philippe avaient des moniteurs dans leurs roulottes et écoutaient tout assidûment. Jean-Philippe a travaillé très fort pour amener les annonces à un autre niveau et Alex n’était pas là que pour puncher. Ils étaient très impliqués.
Ici, il n’y a pas d’élimination par les pairs. Sent-on beaucoup d’entraide?
La beauté du concept n’est pas la game sociale. Jamais une interaction avec les autres ne fait que tu sors. Ce show-là est plus humoristique, ludique, bon enfant. Il y a un aspect positif très rafraîchissant dans le style. Tous sont alliés pour affronter la jungle. Quand tu perds, tu perds contre toi-même. Les candidats vivent beaucoup d’émotions. Ils sont plongés dans quelque chose d’extrême. En plus, ils vivent dans un camp, dor-ment sur des planches de bois, vont aux toilettes dans des bécosses, n’ont jamais d’intimité, ont faim, subissent la chaleur, l’humidité, sont épiés par des caméras. L’usure est là aussi.
► Sortez-moi d’ici ! Dimanche 18 h 30 à TVA