Publicité
L'article provient de Bureau d'enquête

Cinq nouveaux experts européens soutenaient la thèse du meurtre dans le dossier Delisle, dit la Couronne

Ces rapports avaient été commandés en vue du second procès de l'ex-juge Delisle

Partager
Photo portrait de Kathryne Lamontagne

Kathryne Lamontagne

2024-03-16T04:00:00Z
Partager

Cinq experts européens ont produit de nouvelles analyses qui appuyaient la thèse du meurtre plaidée par la Couronne en vue du second procès de l’ex-juge Jacques Delisle, qui n'a finalement jamais eu lieu.

• À lire aussi: L’ex-juge Jacques Delisle sort de détention

• À lire aussi: Meurtre ou suicide? Voici la preuve scientifique au cœur du dossier de Jacques Delisle

Notre Bureau d'enquête a obtenu copie de deux rapports, jusqu’ici frappés d’une ordonnance de non-publication, rédigés par des scientifiques suisses. Jacques Delisle ayant plaidé coupable, jeudi, à l’homicide involontaire de son épouse, il nous est maintenant permis d’exposer le contenu de ces documents.

Ces analyses avaient été commandées au printemps 2021 dans la foulée de la décision du ministre de la Justice, David Lametti, d'ordonner un nouveau procès dans cette affaire, et ce, même si un rapport produit quatre ans plus tôt ne faisait nullement mention d’une erreur judiciaire dans le dossier.

Jacques Delisle, 88 ans, qui clame son innocence depuis des années, a reconnu jeudi avoir fourni une arme chargée à son épouse Nicole Rainville, qui souhaitait s’enlever la vie.

  • Vous ne comprenez rien à l'histoire de Jacques Delisle ? Écoutez la journaliste Kathryne Lamontagne vous résumez cette saga de 15 ans via QUB :
Publicité

La Couronne a insisté sur le fait qu’elle était en désaccord avec cette version des faits. Elle reste convaincue que si un deuxième procès s’était tenu, Jacques Delisle pourrait être déclaré coupable à nouveau de meurtre prémédité.

«Les nouvelles expertises qu’on a obtenues confirmaient tout autant notre théorie de meurtre au premier degré que notre théorie que le coup de feu a dû être tiré dans un angle qui ne pouvait mettre que Jacques Delisle derrière l’arme», a commenté vendredi le procureur au dossier, Me Julien Beauchamp-Laliberté.

Capture d'écran J.E
Capture d'écran J.E

Un tir à angle

La Couronne soutenait que Jacques Delisle avait fait feu avec un tir porté à angle et que le projectile s’était retrouvé à l’arrière de la tête de la défunte, à droite.

«Les reproductions du tir [...] ont montré que le tir avec un angle incident à 60° permet de reproduire une position finale du projectile et la présence de fragments similaires à la configuration retrouvée chez la victime», écrivent les experts, dans leur premier rapport de 43 pages.

Les experts européens ont effectué des simulations de trajectoires d'une balle avec différents angles de tir
Les experts européens ont effectué des simulations de trajectoires d'une balle avec différents angles de tir Courtoisie

Selon la position de la Couronne, au moment du tir, Nicole Rainville aurait mis sa seule main valide à sa tempe, dans un geste défensif, ce qui aurait causé le tatouage noir de fumée dans sa paume. Là encore, un tir à 60 degrés permet d’obtenir cette tache, notent les Suisses.

Publicité

Les radiographies du crâne de Nicole Rainville ont aussi été étudiées par les experts suisses.
Les radiographies du crâne de Nicole Rainville ont aussi été étudiées par les experts suisses. Courtoisie

Ces analyses mettent à mal la théorie de la défense, plaide le ministère public. Pour que le suicide soit scientifiquement possible, il aurait fallu «une succession d’événements extraordinaires» dont un tir à 90 degrés, a insisté Me Beauchamp-Laliberté. Il demeure ainsi convaincu qu’il était «hautement improbable» que Nicole Rainville ait pu tirer elle-même.

On voit ici l'état des projectiles utilisés dans les nombreux scénarios évalués par les experts suisses.
On voit ici l'état des projectiles utilisés dans les nombreux scénarios évalués par les experts suisses. Courtoisie

Une mauvaise autopsie

Une théorie balayée du revers de la main par Me Jacques Larochelle, qui représente Jacques Delisle depuis le début de cette affaire.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Les expertises suisses, précise-t-il, expliquent aussi que «l’autopsie a été extrêmement mal faite et que l’absence de photos et la conservation du cerveau les limitent sérieusement dans leurs possibilités de déterminer une vraie trajectoire», expose Me Larochelle.

«Alors on doit se contenter d’une preuve inférieure et de probabilités», déplore-t-il.

En effet, les experts notent dans un autre rapport de 37 pages que la préservation du cerveau, sa fixation et sa dissection auraient été «nécessaires» et que l’absence de photographies et de descriptions détaillées «limitent fortement» leur aptitude à déterminer une trajectoire de projectile par arme à feu.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité

Sur le même sujet