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Cinq fois où Donald Trump a tourné le dos au mouvement MAGA

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Photo portrait de Samuel Roberge

Samuel Roberge

2025-07-15T01:59:24Z
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Donald Trump s’est mis en porte-à-faux avec l’aile la plus radicale du camp MAGA à plusieurs reprises depuis son retour à la Maison-Blanche. Voici cinq exemples marquants de cette rupture avec une partie de ses partisans les plus loyaux. 

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Dossier Jeffrey Epstein 

C’était l’une des promesses électorales les plus prisées par le mouvement MAGA: révéler l’entièreté du dossier de Jeffrey Epstein, ce financier multimillionnaire accusé d’avoir dirigé un réseau de trafic sexuel à caractère pédocriminel.

Plusieurs conspirationnistes ont alimenté des théories selon lesquelles des hauts placés à Washington auraient tenté de dissimuler leur implication dans l’affaire en assassinant M. Epstein dans sa cellule à New York, le 10 août 2019.

AFP
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Or, le ministère de la Justice et le FBI (la police fédérale) ont réitéré dans une note conjointe publiée lundi dernier que le riche homme d’affaires était mort par suicide, et qu’aucune «liste» de ses «clients» n’avait été retrouvée.

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Cette déclaration a profondément déçu plusieurs figures influentes du mouvement pro-Trump. L’influenceur d’extrême droite Alex Jones, connu pour les nombreuses théories du complot qu’il relaie sur ses plateformes, a d’ailleurs qualifié ce constat d’«absolument écœurant».

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Francis Gosselin, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

L’ancien présentateur de Fox News, Tucker Carlson, a estimé que cette conclusion constituait une façon d’«insulter la population», tout en accusant le ministère de la Justice de vouloir «étouffer» la vérité.

MEGA/WENN
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Des partisans fervents du mouvement MAGA ont également critiqué la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, dénonçant un manque de transparence. Cette dernière avait pourtant affirmé, dans les mois précédents, avoir mis la main sur une liste incriminante dans l’affaire.

Donald Trump, qui a pris la défense de Mme Bondi dimanche, a aussi été questionné sur ce dossier la semaine dernière lors d’une réunion du Cabinet.

MEGA/WENN
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«Vous parlez encore de Jeffrey Epstein? On parle de lui depuis des années», avait répondu M. Trump à un journaliste. «Je n'arrive pas à croire que vous posiez une question sur Epstein à un moment pareil. Nous vivons une période de grands succès, mais aussi une tragédie avec ce qui s'est passé au Texas. Cela ressemble tout simplement à une profanation.»

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Pour Guillaume Lavoie, membre associé à la Chaire Raoul-Dandurand, ces développements mettent en évidence les «tensions importantes» au sein même du camp pro-Trump.

«Ça n’a pas fait s’effondrer la coalition MAGA immédiatement, a-t-il nuancé. Mais il y a eu un rassemblement important dans le monde MAGA, beaucoup de jeunes, et, clairement, c’est devenu un symbole fort de l’idée qu’il existe une conspiration au sein de l’État.»

Fin de la guerre en Ukraine 

Donald Trump avait martelé qu’il mettrait fin à la guerre en Ukraine en 24 heures s’il était élu en 2024. Cependant, près de six mois après son retour au pouvoir, le 47e président américain n’a toujours pas trouvé d’accord avec Vladimir Poutine.

«M. Trump, qui était un peu naïf au départ, pensait qu'il y avait juste à demander à M. Poutine d'arrêter de faire la guerre, comme si les fondamentaux allaient disparaître», a expliqué Guillaume Lavoie.

Photo d’archives
Photo d’archives

Ce dossier divise profondément le groupe MAGA, qui prône une politique isolationniste sous la bannière du «America First».

Et comme pour jeter de l’huile sur le feu, Donald Trump a annoncé dimanche qu’il enverrait des armes à l’Ukraine – quelques jours seulement après que des figures influentes du mouvement eurent salué la décision du Pentagone de suspendre les livraisons.

«C'est une très bonne nouvelle pour l'Ukraine aujourd'hui et assez habile pour M. Trump de dire: “Ma base MAGA ne veut pas de ce conflit-là. Ma base MAGA n'aime pas M. Zelensky. Alors je ne vais pas donner d'armes à l'Ukraine. Je vais m'engager à donner des armes aux pays de l'OTAN en Europe, qui vont me payer. [...] Et les pays européens, eux, vont donner leurs armes à l'Ukraine”, a illustré l’expert en politique internationale. Donc c'est une entourloupette qui permet d'arriver au bon résultat. »

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AFP
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Contrairement à son prédécesseur Joe Biden, qui expliquait l’engagement des États-Unis en Ukraine «sur la base d’une position de principe» (un bon contre un méchant), Donald Trump agit dans le seul but, selon M. Lavoie, de mettre fin au conflit.

«C'est là où c’est différent d’avec M. Biden, même s'ils font à peu près la même chose sur les armes», a-t-il conclu.

Bombarder l’Iran 

Le nouveau locataire de la Maison-Blanche a longtemps critiqué les précédentes administrations pour leur implication dans des guerres au Moyen-Orient et en Asie Centrale, qualifiant plusieurs de ces conflits de «guerres sans fin», ou même, en d’autres termes plus crues, de «guerres stupides».

Il a même affirmé que la guerre en Irak était l’une des «pires décisions de l’histoire des États-Unis».

Mais ces critiques ne l’ont pas empêché de soutenir Israël dans son opération militaire contre l’Iran, en autorisant le bombardement des installations nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin dernier.

MEGA/WENN
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«Je ne veux pas combattre ni financer les guerres d'Israël, doté de l'arme nucléaire», avait écrit la représentante Marjorie Taylor Greene, l'une des alliées les plus fidèles de Donald Trump au Congrès, dans un long message publié sur les réseaux sociaux.

Le conflit armé entre l’Iran et Israël n’aura finalement duré que 12 jours.

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Immigration 

Donald Trump s’est engagé à déporter environ un million de migrants sans statut légal lors de sa première année au pouvoir – «la plus grande opération de déportation de l’histoire des États-Unis», selon lui. Cette promesse constitue un enjeu crucial pour le mouvement MAGA.

Mais d’après le Washington Post, le président met désormais de l’avant une nouvelle politique qui épargnerait l’expulsion de nombreux travailleurs migrants.

Cette politique, visant à protéger le statut des migrants employés dans les fermes, les hôtels et d'autres secteurs frappés par une pénurie de main-d'œuvre, a provoqué une levée de boucliers chez plusieurs influenceurs MAGA.

MEGA/WENN
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Donald Trump lui-même a reconnu que cette décision risquait de déplaire à ses partisans les plus fidèles.

«Je me suis mis dans un petit pétrin parce que j'ai dit que je ne voulais pas enlever des gens aux agriculteurs», a-t-il déclaré lors d'un rassemblement en Iowa au début de juillet.

Le président a ajouté que les «membres les plus sérieux de l'extrême droite» de sa base finiraient par comprendre cette initiative, même s’ils «ne seraient peut-être pas aussi satisfaits».

Fin de l’amitié Musk-Trump 

C’était une amitié inattendue, mais dont beaucoup pressentaient une fin spectaculaire: Elon Musk et Donald Trump.

Les deux milliardaires ne cessaient de se complimenter tout au long de la campagne électorale. M. Musk a d’ailleurs été le plus grand donateur individuel à la campagne du candidat républicain. Selon le Washington Post, l’homme le plus riche du monde aurait versé jusqu’à 288 millions de dollars pour soutenir Donald Trump et d’autres candidats républicains.

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C’est sans doute pourquoi les deux hommes ont semblé inséparables pendant plusieurs mois. Donald Trump avait même invité Elon Musk à sa table familiale pour le dîner de Thanksgiving, à sa résidence de Mar-a-Lago. Des images montrant les deux milliardaires dansant sur «YMCA» ont fait le tour des réseaux sociaux.

Mais la lune de miel fut de courte durée. Après son passage à la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), Elon Musk a quitté abruptement le gouvernement. Ses nombreuses critiques à l’égard du «Big, beautiful bill» de l’administration Trump sur son réseau social X n’ont visiblement pas plu au président.

AFP
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La rupture a été brutale. Les deux hommes se sont échangé une pluie d’attaques sur leurs plateformes respectives, qui a culminé avec une publication d’Elon Musk suggérant que le nom de M. Trump figurait dans le dossier Epstein.

Musk s’est ensuite rétracté, admettant avoir été trop loin dans ses déclarations.

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